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leur végétation ; on supprime une partie des feuilles, et surtout
les coulants; on brise légèrement le sol, on y répend une couche
de terreau, puis enfin on recommence les arrosages, qui doivent
être copieux. Sous cette excitation, la végétation reprend avec
vig u eu r; de nouvelles fleurs apparaissent, auxquelles succèdent
bientôt des fruits presque aussi beaux que ceux du printemps.
Le forçag-e au tliermosiphon est pins compliqué et plus perfectionné
que celui qui se fait à l’aide du fumier et des coffres
vitrés. Ici, les plants de fraisiers doivent avoir été préparés
d ’avance. En septembre ou ootobre, on les relève en motte et
on les plante dans des pots de 0” ,15 de diamètre, préalablement
remplis de terre douce passée à la claie. Aussitôt après la plantation,
on les arrose pour faciliter la reprise et on les met dans
des coffres, de m anière à pouvoir les abriler des grandes pluies
et des gelées à l’aide de châssis et de paillassons. Comme toujours,
on supprime les coulants ainsi que les hampes qui pourraient
se présenter.
■Vers la fin de décembre ou dès les premiers j ours de janvier, on
prépare les bâches ou les coffres destinés à recevoir les fraisiers.
Des g'radins ayant été disposés à une faible distance du verre, les
pots de fraisiers y sont placés à côté les uns des autres, suffisamment
espacés pour que les plantes ne puissent pas se gênCr
mutuellement, et de telle manière qu’elles reçoivent le plus de
jo u r possible ; puis on fait circuler l’eau chaude dans les tuyaux
d ’un tliermosiphon établi à ce dessein dans la bâche vitrée. Les
fraisiers, étant originaires de pays tempérés, n ’ont besoin que
d ’une faible ch aleu r; 12 à 15" centigrades suffisent, et il y
au ra it plus d ’inconvénients que d ’avantages à dépasser ce point.
On donne aux plantes les soins nécessaires; on bine la terre des
pots, on enlève les feuilles mortes et les coulants, on arrose suivant
le besoin, et surtout on donne de l’a ir pendant le jo u r et
aussi longtempsque la température extérieure le permet. Quand
l’opération est bien conduite, on récolte des fruits dès les premiers
jours de mors. Ajoutons que bien des ja rd in ie rs se dispensent
d’employer le Ihermosiphon pour le chauffage exprès
des fraisiers, et qu’ils se contentent d’utiliser dans ce but les
serres à ananas et même les serres à v igne s; mais, il faut le
reconnaître, avec un succès médiocre. Dans une serre a vigne,
la lumière, interceptée par le feuillage, est souvent trop faible
pour les fraisiers ; dans la serre à ananas, il y a excès de chaleur
humide. . e. ■ .
Lo n g tem p s on a c ru q u e les fra isie rs forcés en pots é ta ie n t
usés e t bo n s à je te r au fum ie r a p rè s av o ir p ro d u it; on s a it a u -
' jo u r d ’h u i q u e , au s s i b ien q u e c e u x q u i o n t é té forcés en p le in e
te rre ils p eu v e n t d o n n e r june seco n d e ré co lte à la fin de 1 ete.
Il suffit p o u r ce la de le s m e ttre en p le in e te rre e t d e les tr a ite r
comme il a été dit plus haut.
Po u r terminer ce que j ’ai à dire du fraisier, il me reste a
ajouter quelques mots au sujet d ’une espèce peu oultivee aujourd’hui
à Paris, mais qui a néanmoins de l’intérêt pour les
amateurs; je veux pa rle r des caprons ou fraisiers capronniers
-[F. elatior). _
Suivant une expression pittoresque et juste d un celehre nor
tioulteur anglais,. Marc Ewen (1), les caprons sont aux autres
fraisiers ce que les muscats sont aux autres raisins. Ils se distin
g u en t, en effet, par une saveur musquée très-prononcée et
par un pai-lnm exquis ; aussi sont-ils plus propres à aromatiser les
grosses fraises d ’origine américaine qu’à être m angés seuls. T ant
en France qu ’en A ngleterre, le o apronnier a produit des variétés,
la plupart abandonnées aujourd'hui, mais dont quelques-unes
existent encore. H suffit de citer parmi ces dernières le Capron-
Framboise, le Black-Uaulbois, et surtout la fraise BeUe-Bonle-
(1) Cilé d’après M. le comte de Lambertye.