
feuillage toute la surface du terrain. Beaucoup de jardiniers
sont dans l'usage, après la plantation à demeure, de répandre
sur la planche, entre les touffes de fraisiers, une légère couche
de terreau à demi consommé.
Il y a des ja rd in ie rs qui n ’élèvent que de graines le fraisier
des Qmtre-saisom; la plupart cependant préfèrent y employer
les coulants, et ils ont soin de les prendre sur du p la n td ’un au,
parce que ceux qui proviennent de plants plus âgés produisent
beaucoup moins. Pour obtenir ces coulants, au lieu de supprimer
au printemps tous ceux qui sont émis p a rle s plantes, on en laisse
subsister de un à trois, ordinairement deux par pieds, choisis
parmi les plus beaux, et on les enlève avec leurs racines dans le
courant de juille t pour les mettre en pépinière. Ce qui est mieux,
c’est de cultiver à p a rt des pieds porte-coulants, dont on supprime
toutes les hampes dès leur apparition, afin que la séve se porte
exclusivement su r les coulants. On les espace à 0".60 l’un
de l’autre, ou même davantage, et on laisse tous les coulants
s'enraciner su r le sol. Si on voulait en obtenir du plant à
forcer, on ab rég erait l’opération des empotages successifs en
enfonçant dans la planclie, sous les rosettes des coulants, des
godets remplis de te rre , dans lesquels les rosettes enverraient
leurs racines; par là le premier empotage se serait fait en
quelque sorte tout seul, et le rempotage suivant en serait facilité.
Pour la culture ordinaire, on se borne à enlever, dans la
seconde quinzaine de ju in ou aux premiers jo u rs de juillet, les
rosettes enracinées dont on a besoin, et on les repique en pépinière.
Ceci fait, on supprime tous les coulants qui restent su r les
pieds qui les ont fournis, afin qu ’ils ne s’épuisent pas en pure
perte et qu ’on puisse leur faire produire de nouveaux coulants
l’année suivante. Après cette seconde période, les pieds sont
considérés comme impropres à fournir des coulants vigoureux.
Ajoutons, enfin, que le plant obtenu par le moyen que je viens
de décrire se traite absolument comme celui qui est venu de
o-raine, c’est-à-dire qu ’il subit deux repiquages en pépinière
avant sa mise en place, qui se fait dans les mêmes oondilions et
avec les mêmes soins que nous avons indiqués plus haut.
Sous le climat de Paris, c’est eu moyenne vers le 1" ju in que
commence la'réoolte des fraises; dans le midi, suivant les lieux,
elle commence un mois ou six semaines plus tôt. S’il s’a g it de
la fraise des Quatre-Saisons, cette récolte doit se continuer sans
interruption ju sq u ’aux gelées; mais à p a rtir de la mi-juillet,
un peu plus tôt ou un peu plus tard, la production subit un
ralentissement sensible, puis elle se relève dans la seconde quinzaine
d’août et se soutient ju sq u ’à la fin de septembre, après
quoi elle se colore moins, diminue en quantité et en qualité a
mesure que la température s’abaisse et que les nuits deviennent
plus longues; elle s’arrête enfin totalement lorsque les gelees
commencent à se faire sentir.
La cueillette des fraises, toute simple qu ’elle paraisse, de-
mande plus de soin qu’on ne lui en donne communément. Elle
devrait toujours être faite le matin, jamais plus tard que huit
ou neuf heures. Les fraises cueillies dans le milieu du jo u r et
par le g ran d soleil perdent une partie de leur arôme et s’altèrent
promptement. 11 faut d'ailleurs les choisir à point, o’est-à-dire
toujours parfaitement mûres et bien colorées ; on les enlève avec
leur pédoncule, que l’on coupe avec l’ongle du pouce ou au tre ment,
sans ébranler la hampe ni m eu rtrir les autres fraises
qu ’elle peut porter. On ne les débarrasse de leurs pédoncules et
de leurs calices que lorsqu’on s’apprête à les servir à table.
Il est très-important que les fraises soient propres, c’est-a-
dire n ’aient pas été souillées par la te r r e , ainsi qu ’il arrKm
presque inévitablement pendant les fortes pluies, quand on n ’a
pas pris la précaution de pailler le terrain autour des plantes.
Ce paillis se fait, suivant les cas, avec des feuilles sèches, et