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16 LE FltAISIEIl.
plus souvent avec de la litière ou fumier p ailleus, qui intercepte
tout contact entre le sol et les fruits du fraisier. On lui donne
de 0",03 à 0“,0o d'épaisseur, un peu plus si l’on se trouve dans
un climat seo et chaud, comme le midi de la France. Il a d ’ailleurs
un autre avantage, et qui’ est considérable : c’est d’abriter
le sol lui-inême contre la séclieresse et d’y maintenir en tout
temps une humidité très-favorable aux plantes. Cette considération
a fait abandonner les autres procédés, tels que l’emploi
de tuiles ou celui de briques creuses à travers lesquelles on
faisait passer les hampes avant leur floraison.
Le fraisier des Quatre-Saisons ne produit avantng'eusement que
pendant deux ans; la récolte de la troisième année serait trop
faible pour payer les frais de culture; aussi rejette-t-on les
pieds qui ont donné leurs deux récoltes, pour les remplacer par
de plus jeunes. C'est en automne que cette dcstruclion a heu,
dès que la récolte est considérée comme terminée. On peut commencer
une nouvelle plantation su r un autre .terrain, mais on
peut aussi renouveler les planches par moitié, en supprimant
dès après la première récolte, qui est d ’ailleurs la meilleure, une
moitié des pieds qui ont p roduit et q u ’on remplace par du plant
neuf. L’année suivante on retranche l’au tre moitié, celle qui a
produit deux récoltes, et ainsi de suite alternativement pendant
plusieurs années. Il vient cependant un moment où la
plantation de fraisiers, ayant trop appauvri le sol, doit être
transférée ailleurs.
Les procédés que je viens de décrire s’appliquent principalement
au fraisier des Quatre-Saisons; cependant il y a peu à y
ch an g e r pour les rendre applicables à tous les autres, et, à vrai
dire, les ja rdinie rs parisiens ne suivent guère qu ’une même
méthode pour tous, quoiqu’elle soit sujette à varier pour quelques
détails d ’un établissement à l’autre. Il y a cependant des
particularités propres aux fraisiers américains et dont il faut
tenir compte dans la culture. Pour eux, la multiplication ré g u lière
se fait par les coulants qui reproduisent toujours la variété
à laquelle ils appartiennent, ce que ne feraient pas les graines,
du moins avec la même sûreté à cause du caractère hybride de
ces variétés. S’ils ne produisent chaque année qu ’une seule fois,
et pendant un temps assez court, en revanche ils durent plus
longtemps que le fraisier des Quatre-Saisons. L’habitude est de
les conserver trois ans; quelques-uns même donneraient encore
une récolle passable la quatrième année. Enfin, plusieurs d ’entre
eux sont moins rustiques que le fraisier des Quatre-Saisons et,
pour ce fait, exigent des soins particuliers dans le nord de la
France.
A moins de chercher à obtenir des variétés nouvelles, c’est
par les coulants qu’on multiplie les fraisiers américains. La
plupart des ja rdinie rs les prennent sur des plantes destinées à
porter fru it; mais, ainsi que je l’ai dit plus h au t pour le fraisier
des Quatre-Saisons, on obtient de meilleur plant au moyen de
pieds chargés exclusivement de le produire et auxquels on
supprime sévèrement toutes les hampes florifères. Du 1" au
15 ju in , plus tôt ou plus tard suivant les' lieux, ou enlève les
rosetles plus ou moins enracinées qui sont sorties des coulants,
et on les repique, deux à deiux, à 0“",12 en tous sens, soit directement
en pépinière si le climat du lieu est chaud, soit su r une
vieille couche si la température est encore trop basse à cette
époque de l’année, et on couvre de châssis, dont on ombre les
vitres en proportion de l’a rdeur du soleil. En trois semaines ou
un mois, ordinairement, le plant a pris assez de vig u eu r pour
être transplanté en seconde pépinière.
On procède à cette transplantation dans les premiers jours de
juillet. Une planche de terrain ayant été préalablement ameublie
et amendée de terreau, on y plante les jeunes fraisiers en
mottes, à 0",2b de distance, et on arrose à la pomme au fur et à