
de l’Europe : les colonies de l’Etat lui
paient un riche tribut ; les principaux employés
du gouvernement du roi dans les
deux Indes s’empressent de le doter richement,
et tout concourt à augmenter sa
splendeur. Cet établissement national
fournit, à son tour, aux besoins des cabinets
d’histoire naturelle destinés à l’instruction
publique, et peut faire servir le
superflu aux progrès de cette science chez
les nations voisines.
Dans ces musées, le vulgaire ne voit le
plus souvent qu’une réunion d’objets curieux
qui plaisent aux yeux; quelques
hommes instruits, accoutumés peut-être
à des résultats plus prompts et plus évi-
dens , pensent que les frais nécessaires
l’emportent sûr le degré d’utilité que ces
établissemens peuvent avoir. On semble
perdre de vue que l’étude de la nature,
abstraction faite de tout ce qu’elle a d’important,
envisagée sous le point de vue
moral et scientifique , influe encore puissamment
sur la civilisation, sur l’indus-
INTRODUCTION. xxxvij
trie dont elle fait mouvoir les ressorts , sur
plusieurs branches des arts et sur la propagation
des lumières dans toutes les classes
de la société; vérité dont ceux qui
paraissent enclins au doute pourraient facilement
se convaincre. Il est certain que
jamais gouvernement n’aura à se repentir
d’avoir consacré des sommes modiques à
ce genre d’investigation, qui tend non-seulement
au bien-être de ses propres sujets,
mais qui porte ses germes bienfaisans dans
toutes les contrées du monde.
Un temps viendra où, sans doute, ces
sortes de musées seront d’un intérêt moins
direct, période bien éloignée encore, lorsque
tous les corps naturels seront connus,
décrits et figurés d’une manière qui rendrait
inutile de revoir les originaux conservés
dans les collections. Afin de marcher
d’un pas mesuré vers cet apogee de
la science, bornons, pour le présent, nos
tentatives à poser modestement pierre sur
pierre, en élevant ainsi un édifice auquel,
il est vrai, il sera réservé à la posté