
encore qu’à son premier essai, basé sur le
très-petit nombre d’êtres alors connus :
Linné eût pu sans peine élargir le cadre
de sa classification méthodique. Voilà
précisément ce qu’il convient de faire
lorsque les besoins de la science l’exigent.
Linné se trouva souvent conduit sur la
voie de l’erreur , soit par des réunions
mal vues d’espèces disparates dans un
même groupe, soit par une confiance trop
grande dans les travaux de ses contemporains.
Avant de classer, il aurait dû connaître
j au lieu de compiler, il eût mieux
fait de suivre l’inspiration de son génie ,
qui le portait à consulter la nature. Le
plus grand nombre des disciples de cet
illustre savant ne l’a que trop servilement
suivi dans l’application de ce funeste système
de compilation long-temps employé
dans toutes les publications d’ouvrages
sur l’histoire naturelle, mais qui n’est
plus guère de vogue aujourd’hui.
Cette critique, émise sur le grand modèle
qui nous sert à tous de guide, peut
servir à faire connaître mon opinion en
fait de classification méthodique. J’adhère
sincèrement aux vues nouvelles qui occupent
les naturalistes de tous les pays ,
mais sans perdre de vue qu’il faut user de
beaucoup de défiance en nos premières
idées sur les formes différentielles qui
s’offrent à nos yeux, et sur les affinités
que nous croyons découvrir dans les genres
et dans les espèces ; mettre à profit
tous les moyens que l’étude peut nous
fournir pour établir des comparaisons, et
n’émettre nos idées qu’après leur avoir
fait subir un examen sévère.
S’il fallait des preuves à l’appui pour
servir à réfuter ceux qui me supposent
une trop grande réserve dans l’admission
ou dans la publication de nouvelles
coupes génériques, il serait facile de les
renvoyer à mes Monographies de mam-
malogie, au Recueil de planches coloriées
d’Oiseaux , faisant suite au Buffon , à
l’Histoire des Gallinacés, et même à ce
Manuel.