A R G U M E N T .
L e prophète H ab a e u e n’a rien dit de sa famille , ni du lieu de sa naissance
, ni sous lequel des rois de Juda ou d’Israël il a écrit ; c’est ce silence qui
a partagé les sentimens des SS. Pères et des interprètes. Plusieurs d’entr’eux
prétendent qu’Habacuc a paru sous le règne de Manassés, vers l’an 3397 ; mais
ce sentiment n’est appuyé que sur ce que les Hébreux prétendent que la seule
raison pour laquelle ce prophète n’a point daté sa prophétie du nom de
Manassés, c’est qu’il craignoit de déshonorer sa nation en citant ce prince, qui
alors, par sa captivité honteuse, ne méritoit plus le titre de roi : mais par la
même raison on a pu conclure également que ce prophète avoit écrit sous
Joachim, comme saint Jérôme le suppose ; car ce père soutient qu’Habacuc ,
dont il s’agit ici, est le même que celui qui a vécu sous le règne d’Evilmérodach,
et qui fut transporté par un Ange en Babylone, pour porter à manger au prophète
Daniel, lorsqu’il étoit dans la fosse aux lions, l’an du monde 34441 oU
environ, près de quarante-quatre ans après le temps auquel ceux du premier
sentiment prétendent que notre Habacuc a prophétisé. ( Voyez l’auteur du
Livre de la Vie et de la Mort des Prophètes attribué à saint Epiphane. ) Ainsi
ceux de ce dernier sentiment soutiennent qu’il a prophétisé quelque peu de
temps après Jérémie, c’est-à-dire, sous la fin du règne de Josias, ou au commencement
de celui de Joachim : et en effet, il semble qu’au v. 3 , et 4 de son
premier chapitre, il a voulu dépeindre les déréglemens de ce dernier, et qu’il
parle de la captivité des deux tribus de Juda et de Benjamin, v. 5 ibid. et
chap. 2 , v. 2 et 3 , comme d’une captivité prochaine ; d’où l’on a conclu que
ce prophète a prophétisé vers l ’an du monde 33q6 , ou 3397.
Ce prophète se plaint des déréglemens des Juifs, et prédit les malheurs dont
Dieu les devoit punir par l.es Chaldéens ; le renversement de l’empire des
Chaldéens ; la délivrance des Juifs par Cyrus ; et celle de tout le monde par
Jésus-Christ. Enfin il finit par une excellente prière en forme d’ode et de
cantique, où il décrit les merveilles que Dieu a faites dès-le commencement en
faveur de son peuple, et console les' Juifs fidèles par l’espérance qu’il leur
donne que Dieu les délivrer^.
8. P