ne respirant que feu et flammes contre les Juifs , il commanda
qu’on précipitât sa marche. Mais lorsque ses chevaux couroient
avec impétuosité, il tomba de son char, et eut tout le corps
froissé, et les membres meurtris de cette chute.
8. Ainsi celui qui s’élevant par son orgueil au-dessus de la condition
dé l’homme, s’étoit flatté de pouvoir même commander
aux flots de la mer, et peser dans une balance les montagnes les
plus hautes, se trouva alors humilié jusqu’en terre, et étoit porté
tout mourant dans une chaise, attestant publiquement la toute-
puissance de Dieu qui éclatoit en sa propre personne.
o. Car il sortoit des vers du corps de cet impie comme d’une
source ; et vivant au milieu de tant de douleurs, toutes les chairs
.lui tomboient par pièces, avec une odeur si effroyable, que toute1
l’armée n’en pouvoit souffrir la puanteur.
10. Celui qui s’imaginoit auparavant qu’il pourroit atteindre
jusques aux étoiles dù c ie l, étoit alors en un tel état, que nul ne
pouvoit plus le porter , à cause de l’infection insupportable qui
sortoit de lui.
§. III. Antiochus p r ie inutilement.
i l. Il commença donc à rabattre de ce grand orgueil dont il étoif
possédé, et à entrer dans la connoissance de lui-même, étant
averti de ce qu’il étoit, par la plaie dont il se Sentoit frappé, et
ses douleurs se redoublant à chaque moment.
12. Ainsi ne pouvant plus lui-même souffrir la puanteur qui
venoit de lu i-, il dit : Il est juste que l’homme soit soumis à Dieu,
et que celui qui est mortel ne s’égale pas au Dieu souverain.
13. Or ce scélérat prioit le Seigneur, de qui il ne devoit!
point recevoir miséricorde.
14. Lui qui se hâtoit auparavant d’aller à Jérusalem pour la
raser jusqu’en terre, et pour n'en faire qu’un sépulcre de corps
morts entassés les uns sur les autres, il souhaite maintenant de la
rendre libre ;
15. Et il promet d’égaler aux Athéniens ces mêmes Juifs qu’il
L E S M A C ïî A B É È §. 3 Ï j
«Voit jugés indignes delà sépulture, et de qui il avoit dit: Qu’il
eXposeroit en proie leurs corps morts aux oiseaux du ciel et
aux bêtes farouches , et qu’il extermineroit jusqu’aux plus petits
en fans.
16.Il s’engage aussi à orner de dons précieux le saint temple
qu’il avoit pillé auparavant; à y augmenter le nombre des vases
sacrés, et à fournir de ses revenus les dépenses nécessaires potfr
lês sacrifices ;
17. Et même' à se faire Juif, et à parcourir toute la terre pour
publier la toute-püissance de Dieu.
ï8. Mais comme il vit que ses douleurs ne cessoient point,
'parce que le juste jugement de Dieu étoit enfin tombé sur lui,
commençant à perdre l’espérance, il écrivit aux Juifs une lettre
On forme de supplication, qui contenôit ce qui suit :
§. IV. Lettre d* Antiochus aux Juifs. S a mort.
19. L e r o i e t prince Antiochus souhaite le salut, la santé et
toute sorte de prospérités aux Juifs, ses bons citoyens.
20. Si vous êtes en santé, vous et vos enfans y et si tout vous
réussit comme vous le souhaitez , nous en rendons de grandes
grâces à Dieu.
21. Etant maintenant dans la langueur ,,et n’ayant pour vous que
des sentimens de‘ bonté dans cette' grande maladie dont je me suis
trouvé surpris, lorsque je revenois de Perse, j’ai cru nécessaire
de prendre le soin des intérêts communs de mon état. |
22. Ce n’est pas que je désespère de ma santé; mais j’ai au contraire
une' grande confiance que je reviendrai de ma .maladie.
£3. Ayant donc considéré que mon père lui-même, lorsqu’il
marchoit avec son armée dans les hautes provinces, déclara celui
qui devoit régner après lui ;
24. Afin que's’il arrivoit quelque malheur , OU si on venoit à
publier quelques fâcheuses nouvelles, eeux qui étoient dans les
provinces de son royaume n’en pussent être troublés, sachant qui
étoit celui qu’il avoit laissé héritier de sa couronne i