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ville fort mécontens des conditions de 1 alliance quil avoit faite
avec les Juifs, en témoignèrent leur indignation, dans la crainte
qu’ils avoient, que ce ne fût un sujet de rompre l’accord qu’ils
■ avoient eux-mêmes fait avec le roi.
26. Mais Lysias étant monté sur le tribunal, exposa les raisons
de cette alliance, et appaisa le peuple; et il retourna après a
Antioche. Ce fut ainsi que le roi entra en Judée, et qu’il s’en
retourna ensuite,
C H A P I T R E XI Y.
§. jü A lcim e prévient Démétrius contre Judas.
1 M ais trois ans après, Judas et ceux qui étoient avec lu i, ap.
prirent que Démétrius , fils de Séleucus, étoit venu avec une
puissante armée et quantité de vaisseaux, qu’ayant pris terre au
port deTripoli, il s’étoit saisi des postes les plus avantageux,
2. Et rendu maître d’un grand pays, malgré Antiochus, et
Lysias , général de son armée.
3. Or un certain homme nommé Alcime, qui avoit été grandi
prêtre, et qui s’étoit volontairement souillé dans le temps du
mélange dés Juifs arec les païens, considérant qu’il n’y avoit plus
aucune ressource pour lu i, et que l’entrée de l’autel lui étoit
fermée pour jamais,
4. Vint trouver le roi Démétrius en la cent cinquantième annee ;
il lui présenta une couronne et une palme d’or, avec des rameaux
qui sembloient être du temple; et il ne lui dit rien pour ce
joui>là.
5. Mais ayant trouvé une occasion favorable pour executer son
dessein plein de folie, lorsque Démétrius le fit venir au conseil,
et lui demanda sur quels fondemens et sur quels conseils les Juifs
s’appuyoient principalement ;
6. Il’répondit: Ceux d’entre les Juifs , qu’on nomme Assidéens,
dont Judas Machabée est le chef, entretiennent la guerre, excitent
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des séditions, et ne peuvent souffrir que le royaume demeure en
paix.
7. Car j’ai moi-même été dépouillé de la gloire que j’ai reçue de
mes pères, c’est-à-dire, du souverain sacerdoce ; et c’est ce qui
m’a obligé de venir ici :
8. Premièrement pour garder la fidélité que je dois au roi en ce
qui regarde ses intérêts , et pour procurer aussi l’avantage de mes
concitoyens. Car toute notre nation est affligée de grands maux
par la méchanceté de ces personnes.
9. Ainsi je vous prie, ô roi, que connoissant tous ces désordres,
vous vouliez bien prendre soin des intérêts de notre pays et de
notre nation, selon votre bonté, qui est connue de tout le monde.
10. Car tant que Judas vivra, il est impossible qu’il y ait aucune
paix dans l’état.
§. II. N ican or est envoyé contre les J u ifs avec une puissante
11. Après qu’il eut parlé de la sorte, tous ses amis animèrent
encore Démétrius contre Judas dont ils étoient les ennemis
déclarés.
12. C’est pourquoi il ordonna aussitôt à Nicanor, qui comman-
doit les éléphans, d’aller en Judée, en qualité de général ;
13. De prendre Judas en vie, de dissiper tous ceux qui seroient
avec lu i, et d’établir Alcime souverain prêtre du grand temple.
14. Alors les païens que Judas avoit fait fuir de Judée, vinrent
en foule se joindre à Nicanor, regardant les misères et les pertes
des Juifs, comme leur prospérité propre, et le rétablissement de
leurs affaires.
15. Les Juifs ayant appris l'arrivée dé Nicanor, et que cette
multitude de nations s’étoit unie contreeux,se couvrirent la tête
de terre, et offrirent leurs prières à celui qui s’étoit choisi un
peuple pour le conserver éternellement, et qui s’étoit déclaré par
tant démarqués éclatantes le protecteur de ce peuple qu’il avoit
pris pour son partage.