après avoir rapporté la mort d’Alexandre , qui arriva l’an du monde 3681 ,
ainsi que le partage de son empire, ne commence l’histoire des Juifs que vers
l’an du monde 3817, à Séleucus Philopator, et continue jusques à l’année du
monde 386g c’est-à-dire, que ce Livre contient l ’histoire d’environ cinquante-
deux ans , jusqu’à la grande sacrificature de Simon, sous le gouvernement de
Judas et de Jean, ses fils et ses successeurs; mais sans observer aucun ordre <Je
chronologie et en omettant bien des circonstances essentielles, qu’il faut supr
pléer par le second L ivre, dont on doit lier les faits avec ceux de celui-ci pour
faire une histoire entière et complète. Car pe second Livre .commence son
Jnstoire en l’an du monde 3816 , et la Çnit soys Déjyétrius, par la défaite et la
mort de Nicanorgénéral d,es troypes de ce prince, l’an du monde 3843, sous
Judas Machabée, e t se sert de l’époque des Grecs. Ainsi ces deux historien^
ne s’accordent pas dans la supputation des temps. Et pour les concilier, il es£
nécessaire de remarquer que l’ère des Grecs ne commence pas précisément ê
Ja mort d’Alexandre , mais onze ans après, l’an du monde. 3692, lorsque
.Séleucus Nicanor eut conquis le pays de Suze et laMédie ; car alors il commença
de jouir paisiblement d,u fruit de ses conquêtes, et c’est cette première
année de son .règne qyi a été appelée l’ère des Séleucides ; elle copimence
l ’an 312 avayt Jésus-Christ, et 4402 de la période Julienne, en laquelle a commencé
la 117 olympiade, selon Scaliger et tous les savans. Cette époque y
reçu trois différens commencemens, et ainsi trois noms différens. La première
se nomme l’époque des Juifs, et c’est celle que l’auteur du premier livre a suivie ?
ainsique Josephe, qui lui donne le nom d’année des Grecs; elle commence
yu mois de Nisan, qui répond en partie à notre mois de Mars. La seconde
s'appelle l’époque d Antioche, ou d Alexandrie, et commence six mois après
la précédente, au mois que les Hébreux appellent T isr i, qui répond en partie
à notre mois <Je Septembre ; et c’est de ce mois que le père Petau , dans le
Livre 10 de la Doctrine ou de l'Instruction dos temps, et Ussérius, dans se$
Annales, prétendent que les Arabes comptçpt aussi les années du Dhilkarnaïm.
c’est-à-dire, de l’ère du Cornu, ou d’Alexandre, qui vouloit qu’on le crût fils
d'Ammon, ou de Jupiter le pornu, et que les Juifs comptent celle qu’ils appellent
des Contrats, peut- être à cause qu’on s’en servoit pour dater les acteç
publics et les contrats ; et en cela ces deux chronologistes sont contraires à
Scaliger, qui prétend que les Juifs commençoient à compter leurs ynnées du
mois de Nisan, et c’est de cette seconde époque dont l’auteur du second
Livre des Machabées s’e.st servi; de sorte que ces années retardent de six mois ?
p^r rapport à celle du premier. Enfin la troisième est celle qui est appelée des
Chaldéens, qui commence au mois de Nisan, qui répond à notre mois de Mars
ae l’année suivante ; ainsi elle est postérieure d’un an tout entier à celle des
Juifs, et de six mois à celle d’Antioche, ou d’Alexandrie ; Ussérius croit qu’on
s’en est servi dans les inscriptions des princes, comme on le peut voir ici au
livre 2 , chap. 11, v. 21, 33 et 38, et dans la Syntaxe de Ptolémée, v. ÿ,cap. 7 ;
lib. 1 1 , cap. 8.
Or, cette observation des trois différens commencemens de cette époque,
gué personne n’a faite avant Scaliger, peut beaucoup servir à accorder la
chronologie de l’histoire de ces deux Livres des Machabées, qui ne composent
au fond qu’une seule et même histoire ; le second ne pouvant être regardé que
comme un recueil de fragmens nécessaires pour rendre cette histoire complète.
et c’est pour les placer dans leur rang qu’on a cru à propos d’en mettre à la fin
de cette préface un extrait selon leur ordre chronologique.
L ’auteur de ce Livre est Hébreu ; mais on ne sait point son nom, ni qui il
étpit; il est évident qu’il vivoit, et qu’il a,écrit ce Livre sous Jean Hircan, le
dernier de la race des Asmonéens , qui pour lors exercoit le ministère de la
grande sacrificature, vers l’an du monde 3871, au rapport de Josephe, lib. i 3 ,
Antiq. cap. 16. Ce qui a fait croire à quelques-uns, que cet Hircan en avoit été
l’auteur. Saint Jerôme, lib. 2 , dial, advers. Pélag. tom. 4, p. 5 i 4 , suppose ,
comme une chose qui lui paroît certaine, que Josephe est l’auteur de l’Histoire
des Machabées. On y perdu le texte hébreu de ce Livre. Saint Jérôme dit en
avoir vu de son temps un exemplaire hébreu ou syro-chaldaïque ; mais il ne se
trouve plus ; il ne nous est resté qu’un exemplaire grec , qui n’a pu être
f ouvrage des Septante, puisque l’auteur de ce Livre est postérieur de plus d’un
siècle à ces traducteurs ; ainsi on ne doit pas être surpris si les auteurs de ces
Livres se sont servis de la version des Septante en rapportant quelques endroits
ries autres Livres de l’Ecriture. La version latine dont on se sert ici n’est point
de saint Jérôme, mais c ’est sans doute l’ancienne qui étoit appelé la Commune,
ou l'Italique. Les Pères de l'Eglise ont regardé ces Livres comme très-nécessaires
pour expliquer les prophéties, et sur-tout pour prouver l’accomplissement
des septante semaines de Daniel, auxquelles la plupart des faits qui y
sont décrits ont rapport ; c’est ainsi que s’en explique Eusèbe, lib. 8 , Démonst.
Evangel.
Ces deux Livres n’ont point été insérés dans le Canon des Juifs, et n’ont pu
y être compris, parce qu’ils n’ont été composés que fort long-temps après ; mais
ils ont été reçus par l ’Eglise, comme faisant partie des Ecritures saintes ; c’est
ce que confirment l.e tr.oisième Concile de Carthage, ann. 397, Can. 47.