VOYAGE A SimiNAM.
Ln coulem- ficniivalc de leui- leinl esl basuncc, lirnnl sur celle
du cuivi'c rouge. Ccpeudant, ils sont, eu oaksanl, aussi blaucs
<[n'un Européen; mnis celle blancheur disparall au boul de
quelques jours pour faii~e place à la Iciule cuivrée qui esl naliirollo
à leur race. En giimiral, il y a eutre les Indiens des divei-ses
Iribus une grande conformité de Irails. La diffëri-nce qtti se l'cmavquo
dans les nuances, ddpcud souvent du climat, souvent
aussi d'une fix'quenliition plus ou moins inlimc avec les colons
ou ci-éoics. Quant aux neyi-es, ils ne s'allicul poinl avec eux,
Pi ils pvofessenl mùnie pour eux une ji-ande et iuvbeible antipalliie.
Les hommes sonl ¡jénéralemenl d'un caractère bon, el on peut
tout obtenir d'eux avec de la douceur, des cavesscs: siu-tout
des boissons foi tri; niais leur ivresse esl pi-esque aussi reiloulable
que leur colère. Ils sont cruels dans leurs excès, comme
ils le sout dans leur vengeance. Les traits de leur figure sont
assez agréables, et cela se remarque principal en leul chez les
jeunes gens- quoique l'on y trouve lui certain fonds de mélancolie
<iui provient de t'abrutisseiueut et des excès de boissons
fortes auxquels ils se livrent avec une ardeur presque incroyable.
Ils oui le front aplati et enfoncé, les yeux noirs et ordiiiairemenl
petits, les deuts fort belles, qu'ils consei-vent jusqu'à un
ilge fort avancé. Ils ne sont Jamais attaqués de ces maux de
bouche si communs en Ein'ope. Leui-s cheveux. coin'ls et aussi
noirs que du jais, ne devienaenl giis que dans la vieillesse.
lisse talouenl généralement le visage de raies noires el rouges :
les pi emicrcs avec du jus de genippa, et les secondes avec du
i-oucou. Leur couleur favorite, de même que chez tous les
peuples sauvages, est le rouge. Ts s'en frotlenl les cheveuï. la
lète, le cou, les épaules, cl quelquefoisd'autres parties du corps.
On dirail, en les voyunl d'une certaine distance, qu'ils ont re^i
des blcssui'es: plusieurs s'en appliquent aussi jusqu'à la moitié
des jambes, ce qui fail l'eSet de brodequins (Fig, 70).
La ualure leur a donné peu de barbe: mais, aussitôt qu'elle
pousse, ils se servent de pinces foitp.s avec des coquilles, pour se
l'arriicher, ainsi que les poils qui viennent sur les autres parlies
Il y a des femme» qui. pour s'orner la figui'c, se percent la
lèvre inférieure, el y passent une épingle, nu un os, ou même
un moi'ceau de bois auquel elles attachetil quelcptes gi'aius de
verre. D'iiutres se pcreenl les narines, pour y pen<lrc une espèce
(le caracoli qui tombe sur leur bouche. J'ai touché cet ornement
qui m'a paru être do l'argent ou du platine. Les Indiens m'ont
assui'é (juc leur pays contenait une grande quantité de ce métal.
Les hommes í .1 pour 1 ].arer
n les perçanl el en y introduisant peu à peu, et à la longue, des
is de ce métal, longs de deux àlrois pouces, l'ius souvenl.
ic servent de liois ou d'im os d'mi ennemi. Qutrlquefois
ils n'ari-angent ainsi qu'une oi'eille.
Ils onl sur la tôle <k-s rliapeaux faiu de plumes de; rlifféri^nU
oiseaui. Quelquefois ils se conlenteul de quelques plumes de
couleurs variée.s. D'autres mettcnl un bounel; d'autres enfinle
d'ime bande de peau de tigre; mais la plupart
vont lui-tête.
La manière de s'habiller des Indiens est ti ès-simple, et pour
mieux dire, ils ne portent presque aucun vOteineul, Quand on
leur parle de Iciu' nudité, el qu'on a l'aii' de la liair reprocher,
ils répondenl qu'élanl arrivés nus au monde, e'ret une folie de
contrarier la volonté de la nature, et de couvi'ir ce qu'elle a
laissé découvert,
Cela me rappelle la réponse d'un chef indien (]u'nn avail habillé
à l'européenne, elqui fui fail prisonnier par les Espagnols.
Le génénd, qui commandait en dernier lieu, ayaul demandi' qui
il était :
— Fais-moi ôter ces vêtements, dit l'Indien, afin que Je me
Les hoiitmcs ont aulour des reins une corde ou une ceinUire
(le couleur foncée, le plus sonveol i-ougo, qui IcMir sei t à [>orter
un couteau sans gaine, Une baude de toile de coton rouge ou
bleu, large d'une demi-auue el longue de quatre à cinq, passe
entre leurs jandies et seri à cacher leur sexe. Les deux bouts,
qu'ils laissent pendre, l'un par-devant, l'anlre par-ileirièrc, volent
au gré du veni, el quelquefois ils les relèvent le long de la
cuisse ou sur Téjiaule. Il y en a qui portetit une espèce de clalmaliquc
ou manteau long, de deux a ti'ols aunes en cai'ré, qu'ils
meltent autoui' des reins ou sur les épiudcs (Fig, 72).
Rien n'est plus comique à voir qu'cm des cliefs ou capitaines
indiens venir au fori des Européens ou cliez quelque aulorité
de la colonie, avec un habit rouge galonné, sans chemise ni culotte,
un cbapeau rond galonné sur la tète el tonnut à la main
un bâton, pareil à ceux que portent nos Uimboui's-majors. Toute
la ti'ihu marche deiTière lui à une cei-taine distance : les femmes
el les enfants ferment la marcile (Fig. 7.5).
Ce chef esl oi'ditiaii'emenl un v ieillard et loujoui's le plus habile
guerrier de la U'ibu. Il se fait obéir au premier signe, cl ses
moindres paroles soni regai'dées par tous les siens comme des
oracles.
Leurs armes (Fig, 74) sont des arcs qui onl ordinairement
cinq à siv pieds de longueur, et qui soni faits du bois appelé
leller-houl : ils c^^ ont cependant qui sout d'une moindr<! dimension.
Les enfants en ont pour s'exercer et pour leurs jeux;
leur longueiu" esl d'environ dix-huit ponces, el ils soni ordinairement
fails <lc jonc. Les flèches onl Irois piiils à Irois jiieds el
demi de longueur, el soni en jonc ou en bois de palmier. A six
pouces de leur exli^émilé, elles soni oruées de plinnes de perroquet
; les pointes en fer ou falles d'arêtes de poissons, soni trèsarlistement
travaillées. D'aulres flèches letn- servent à tirer le
pois.sou, quand il n'est qu'à deux ou trois pieds de profondeur
sou.i l'eau. Celles dont ils foni usage conlre leurs ennemis, sont
empoisonnéi's parle suc de l'arbre appelé mancenillier.
Lc>» Indiens se servent aussi de lanec-s ou piques qu'ils jeltent
avec une gnmde adresse. Ils foni aussi des sarbacanes avec des
jc)nc.< de neuf à dix pieds de long. La pelite Hèeli" Irès-inlnoe
qu ils y placent, a l'un de ses bouta enveloppé de colon. Ils la