V0VA(;K A SIIIU\AM,
^afre Ù ces imllieui-eux: cl qiip Iwaucoi.p de colons soni portés
|«iii- riiuuianil,!. ],lus ei.c:oio qiic par l'inlé'.H. Ù «ulrelenir chez les
nègres rullacliemenl, la coufiaiice, PI sui'loul riimour d'une honni
He dislr«cl.lon. C'osl lù ce <](ii m i d . pmiv t".!lrdn[;er rt'fl&lii, ccs
iikiiiiouiisi inlùiussanles ù observer. LPS fipuros. les casUiines, le
briiil des insirumeiils. le chiint vcirilablemeiit iiHlional, quoique
africain, tie Kaya-l'iiraniai il.o. lii vnriéU'. le (potesque des pas,
lodl cela forme un speolacle donl on ac peut pis se faire une
i.lw en Ein-ope. el qne i-emlenl bieu imparfaileuienl loules les
<leseriplionsc|u'oo pourrait en faire, J'y ai quelquefois raoi-monie
assisté sans ennui pndini t des lieures entières, absorbé dans mille
nîflexions, <a félieiUint iiitérienreinciU tous ces esclaves de cette
lieiirouse taculté de tout oublier au milieu de leurs plaisirs, et île
se croire les plus heureux des lioiiiines. loi-squils sont livr<Ss à
leiu- Dm,.
Colle
.[uilleni
ilu.ir
duiise est tellement du goiil des danseurs, qu'ils ne la
que lorsque les forees leur mauquent el c^'il leur est iindeconliiiuer.
Quand ils se trouvent forcés de s'arroler.
awueillis par des battements <le mains, des cris, un
•ral el un roidomeol de tous les instrunieots. .Mais, que
tlu tamboin- et le cri Kaya-ParainuTÎbo, se fasse eii-
•t tous les danseurs se remellenl aussitôt en mouvement.
PS de diverti&semenLs sont ordinairement arrosés de
raccompagnent un morceau de kubbeljaauw cl une banane
nitie ou bouillie.
Il n'ari ive jamais de désorcli-es dans ces sortes de réunions, un
baslien. qui porte un fouet à la malti. étant chargé de maintenir
l'onlre. Dans l.-â planlations où il y a un grand nombre de
iiègivs. le spectacle de celle danse ne laLsse pas d'èlre fort pittoresque
el d'attirer puissainineut la curiosité des étrangers.
En général, on s'occupeiin peu trop, dans la colonie, de la
liliation des familles, el on fail une distinction enli-e les eiifanls
nés de blancs, de créoles, de noirs, d'esclaves, ou enBn du
mélange île deux de ces classes. Ces préjugés, qu'il n'est que
Irop commun de voir rt^ner en F.iirojie. prodiiisenl dans les
colonies le malheureux efiel de séprer les différentes classes <les
citoyens, ot d'établii' entre eux des divisions ni des haines qui
s'élcifTnenKmelriucfoisdiHieilcmenl.
Cela me rappelle une anecdote relative au premier gouverneur.
W. Van Sommelsilyck. I.ors de la guerre qu'il eu l à sou ten il'
contre les indiens ou caraïbes, n'ayant ¡ras de forces suffisiuites
pour s'opposer à leurs incursions et aux dégâts (jir'ils commettaient
¡ou rnellement sur les plantations dans le haul du pa\s. il
prit la résolutioti de chei cii<T tous les moyens possibles de faire
la paix avec eux. Ce tie fut cependant qu'à force de (.ersuasion
et de pi'ésenls. que l'on parvint à conclure une trêve. qui ne fut
ratifiAf de la part des chefs indiens qne sous la condition que
le gouverneur de la colonie prendrait en mariage la fille d'un
chef caradie. .. Sans ces liens, disaicnl-iJs, nous ne pounons
nous fier aiu blanes. ..
-Sur cc rapport, M. Van Sommeis<iyek n'hésila pas à prendre
une princes,?e indienne, qui lui fiil amenée par nn prince de sa
tamille, accompagné de plusieurs auli-es chefs de diSërentes
tribus. Celte alliance coutribua beaucoup à cimenter el ù enlr.--
lenir une paix si ardemment désirée.
Cette princesse rivait encore à Surinam du temps du gouverneur
Mauritius; elle avait près de qualrc-viugts ans el jouissait
de tous les honneurs dus à son rang.
La vie que l'on mène à l'arnmariho est assez uniforme.
Généralcmenl on se lève entre cinq et six heures du matin,
quand le coup dir cunoQ s'est fait entendre. Après avoir ))ris
le Ihé ou le café, on fait une promenade el l'on vaque à ses
aflaires. Vers midi, on fait un dcycuner dinatoire, que précède
»luelquefois un verre de bitler-soopje, de (fenièvre ou d'eaude
vie.
-\près le déjeuner, on va f
alors on prend encore une I
faii'e un tour de pi-omenailc à
pour se livrer à ses affiiire.s.
on se met à table, on sort: l
Lorsi|ue les nouvelles d'Ei
sont assez peu intéres-iantes. 1
trois journaux hollandais, nii
le monde ne saehir déjà. Il n'
re la sieste jusqu'à quati-e heures;
se de Ihé, On s'habille pour aller
lieval. en voilure ou sur l'eau, ou
)n entre chez un ami, on couse,
Il cela sans au<
l i l s n
uis le pays
Il que tout
•-s journaux anglais, arrivant
de Démerary, <pii présentent .quelque intérêt. Mais, faute
de mieux, on s'cntrelient largement de la politique du gouvernement.
de la marche de l'ailmiiiislration. des affiiires, des tribunaux.
de la récolte du café, di
I colmi, el surtout
a colonie de.s pays
des plaisirs. Iticn . à cet égard, :
européens. Penilanl ces enlretie
vins de Madère ou <le Cliaiiipiigne.
Chacun, de jour ou de nuit, jieut se retirer sans dangei' chez
soi. el l'on est sur de n'être ni attaqué ni iusullé. S'il y a quelque
trouble ou tapagi;. ce n'est que parmi le bas peuple el dan.s
les cabai eU qui sont situés le long du port. A peine s'en aperçoiton
ailleurs. Les désoiilres sont ordinairement la suite de l'ivre.sse
qui e.sl commune chez le bas peuple, adonné aux liqueurs l'orles
et surloul au rhum ou dram. Mais ce qui contribue à les remire
moins lï-équenlâ. c'esl le règlement en vertu ihiciuel tout ncgi'e
()ui n'est pas libre, doit rentier à sa négreric â huit heures
La ml•deei^(^ esl esem^e â Surinam à jieu près comme ellir l'est
en Europe, et les médecins n'y manquent pas, non plus que li's
phariiiiieii'ns, dont les boutiques sont arrangées avec hoaueoiip de
luxe el de goiit. Même en admetbnl que les médwins qui se
trouvent dans la colonie |>ossédi-ul tous les talents el rex[>éi'ience
néce.s.saires, l'art de (¡ui^rir y fera peu de progrès, [uirer que Ic.s
meilleurs remèdes cl les o!>servalio
es plus exactes y .levicne
nent inutiles, par riiabiliide qu'on
se S(Tvir également de*
moyens de guérison donné.s par les ..
seiliées quehpiefois [jar di'S nègres el des négresses, et ipii produisent
ordinairement les plus funestes elTels.
-'S drogue
Loi-sipi'un malade (et ce sont principalement h« feu
médecins sorciers) veut se melli-e entre I
VOYAGE A SURINAM, 25
d'un de ces empiriques, donl. le nombre est très-coDsidérahle
dan-s les deux sexes, l'Eseulapc se fait appeler. Mais il ne se pi'c'-
senle jamais que le jour suivant, pour avoir le temps de p.-eudrc
connaissance de ce qui se passe dans la coaison du maladie, et
siivoir s'il y vient un inédeciu blanc. Lorsqu'il esl en présence
du malade, qui est ordinaircuieiit entouré de vieilles négresses,
Il lui demande ce qu'il a, c|uelle est la nature des douleurs <iu'il
rcssimt, à «iiielle partie du corjis 11 soufli'e, s'il a la RCVTC OU UUC
inflammatioD au bas-veutre, etc.
A chaque réponse du malade, l'iîsculape l'ait, des gestes pareils
à ceux des charlatans de tréteaux. Alors tous
— Guérira-t-il?
— My no saby (je
lis).
— Le guéri rez-Tous?
Même i-époQse accompagnée de foi-cc exclamations, lelle.s que :
— Mais.,, je verrai.,, je consulterai... Mais il luc faudixiit
bien quelque chose jiour m'ik^lairer.
Celle demande, qui est prévue, coiile toujours
U malade
un à dix florins suivant ses moyens.
Le lendemain l'empirique i-evicnt cl demande un peu il'eautlo
vie ou de rhum dans un verre. Il y jette du granum paradisi
ou poivre <ln -Malaga pilé. Il boit un peu de ce mélange. en fait
boire également au malade, el jette le reste pai' la fenêtre, en
inarmolaul quelques mots ù voix basse. Il donne ensuite à une
des négresses, qui est ordinairement d'accord arcc lui. quelques
herbes el niciiies, pour les foire cuire el les administrer au malade
; dcpviis ce moment, tout doil passer par les mains de cette
négresse. Si le malade a la fièvre ou s'il a mal à la Iclc, on lui
feit prendre la même dmguc : s'il a des tranchées. on lui en fait
un cataplasme qu'on ajiplique sur le ventre. Enfin, c'est le remède
ui)ivcr.wl, c'esl la panacée destinée à combatti-e toutes les
maladies.
Kh bien! maigre l'ignoi-ance el le cliarlalanisme de CCÎÎ jongleurs,
ils sont consultés secrètement comme des oracles: et ce
n'est pas seulement par les indigènes, mais jiar des blancs, cl
surtout par les femmes.
Si le malade meurt, l'Esculiipe ne manque pas de dii-e que c'est
l'effet d'un poison qui lui a élé administré. Aus-si. l'a.yurance et
l'efti'onterie de ces charlatans ont plus cl'uiic fois compromis des
innocents, tandis qu'on ne devait souvenl imputer la mort qu'à
l'ignorance ou .i la maladresse des empiriqur.s.
Voilà généralement eomment les nègivs el les négresses pratirpieiit
la médceine et guérissent letii-s malades. On en trouve
.•e|icndai.t i>iirmi eux qui connaissent les vertus des plantes médicinales
du |xiys. et ipii ont souvenl n'ussi, même dans des cas
graves, à leur graiiil étnnni-meiit, il est vrai: mais ceux-là sont
rari'S. lin de ces Çiw^i a .lomié son nom à un bois donl il avait
rléi'ouvert des propriétés, le quas-sielioul (salsepareille): el il s'est
ivndu fameux par le grand àglM.lUlUl^l il est ¡.arvenu. |>ar les
eures éloiuiantes qu'il a faites, el enfin p r leji prétendus sortilèges
(pi'il cnployail. La pénétration do son esprit, plusieurs
secrels qu'il louait des Indiens, son tou grave cl presque sévère,
Iors(|u'il |>arlail aux iiègics, leur avaient inspiré un grand respect,
et mémo une espèce de vénération pour lui, tcllemenl
(lu'ils le i-ej!ardaienl comme un prophète à qui Dieu avait confié
le secret de la vie humaine. Il avait sur les malaili.-s .lu pays des
connaissances qu'il n'a jama'is voulu commuoiquer, el {(ui ont élé
ensevelies avec lui eu 1787.
Si la médecine a des pi-éjugés à vaincre el des ol«lacles journaliers
à combattre, la chirurgie n'en éprouve pas de moins
grands «le la ])arl de charlalans qui, pour soustraire les nègres
aux travaux des plantations, leur donnent des drogues
leur causer ou à eutretcnir en eux des infirmités ov
qui les rendent incapables de travailler.
Les maladies qui régnent dans la colonie attaquent
il les nègres el les créoles. J'ai remarqué qu'elles
des plaies
rincipaU-
•pargnenl
les Indiens. Les principales sont ;
Le mal rouge, dont les syra]jt(jmes el les effets sont à peu près
ceux de ia syphilis; elle attaque et ronge 1.« os.
L'éléphantiasis, dans laquelle les jambes deviennent rugueuses
et pi'esque aussi grosses que celles d'un éléphant. Celte maladi«'.
qui attaque les hommes et les femmes, esl du nombre de celles
nunique
a lions des parties, qui empêchent
lies espèces, surloul des fièvres hiiphthalmics.
Des hernies et des
de marcher: des Hèvi
lieuses, des hydropisi
niàlres.
Les oiifanU souffrent des ver
veaux-nés du télanos. Malgre
la colonie,
des dyssenl'-ries ojiide
la coqueluche, el les nous
maladies, aucune épidémie
t les exemples de longévité n'y
à l'âge de 155 ans,
105 ans, M. Coedn'cst
à craindre
sont pas rares, Guillaume l'etnis y mourut
Dlanca de ISritlo à 115 ans, Sara de Vries i
man à 93 ans. d'autres encore ont atteint cet âge, même des
blancs. M. Malouel rapporte qu'il i-enconlra en 1776, à Surinam,
un militaire français âgé de 111 ans, el qui avait fiiit la guerre
sous Louis XIV. Il était aveugle el soigné par une vieille négresse.
Depuis longlemi>s, je désirais connaître une de ces femme.s
qu'on appelle sibylles en Europe, que dans le pays, on nomme
iVtwia Snekte, Mère des Serpents, ou Waler Marna, cl que les
nègi-es regardent comme des oracles. Mais on me faisait crain.lre
que. comme iilanc, il ne me fut fort difficile de les voir. Une négresse
que je connaissi.is el à laquelle je fis |>arl du désir que
j'avais, nie promit d'en parler à une de ses connaissances. Au
bout d'un mois, elle m'annonça qu'elle allait consulter la Water
iVamei sur le sort ile son enfant, qui était malade. Lui ayani
renouvelé la promesse d'une récompense cl de ma discrétion, elle
me donuii rendez-vous sur le Pialle Briig pour le lendemain à
r ; cl nous n'eiimcs garde d sept heures 'y manquer ui l'un
ni l'autre.
l'elle me vil, elle quitta ses compagnes, en sachce
haut de la Sarameea-Straat, el je la suivis. Au
B, elle prit quelques peliU chemins détournés, tiae,
el se dirigea vei-s un bosquet fori loiiBii. Après