VOYAGE A SUHINAM.
iloDnant ta main, des rond*, cloiil li^s fcinaies acriipent Ic milBCii
et ils loui'neul comme UQ lotii-billon aiitom- ilellcs. Cn Hiiniiltc,
qui esl totijoiii's ürcoinpa(jné de cLanIs el de paroles sous suite
ct sans mesure, dure qiieiqtief'ois des nuits el des jours entiei-s.
Souvent il esl. loiil àcotip iulnrruinpu poui'pi-éler l'oi-eille à quelque
nnrrulem' qui l'ucoiite l'hi.sluire du la vie ou des cxploiüi des
ancêtres de la Iribii, ou bien sa pi'oprc liisloiro et des trails lelatifs
à sa famille ou à ses querelles prisoiinelles. Il dit leseràiies
brisés par un casae-titK, les ennemis foulds il ses pieds, les gueiTes
;icharD¿cs livi'ées à ses ennemis. Les drames les jiliis sanglaiiU, les
scènes les plus terribles ontlà leur conteur. Puis viennent les folies
de tout geme. Le conteur prend im air de loustic. Il dit tout
ce qui lui passe par la tête et ce qu'il croit pouToii' conti'ibuer au
plaisir de iafiiteetà l'amusement des assistants,
A tout ce bi'uit vienl se joindre celui de plusieurs insli'timents
qui ressemblent à des flûtes et qui sont fiiiu d'un morceau de
jonc pcrc¿ d'un ou do plusieurs trous, et dans lequel ils soufflent
plus ou moins fort (Fijj. 74); cette musique est accompagnée, ¡wu'
inlervalles, d'un coup de tambour, ct du son aigu d'une espèce
de Irompctte faite d'un jonc long de quati'c ù cinq pieds et ayant
uu bout une corne de ba:uf,
Tout ce mélange de cLiint, de cris et de sons d'instruments
forme tm ensemble qui n'a rien de gai, et qui s'accorde assez
bien avec la figiu'e el l'air dos danseurs,
Assez souvent ils s'aiTÛtenl au milieu de leur danse cl de leurs
bruyantes exclamations pour aller boire du chica qui leur c.sl \ ci'si;
par les femmes. Ceux que l'ivi-esse a abattus, et a pi'esquerendus
incapables de se remuer, ne quittent pas poin' cela lout à fait la
après avoir doi'mi jjar tei're, ct dans le premier enui
se trouve à leui' portee, ils reviennent
partie;
di'oil, propi'i"
occuper leui-s
velie fureur.
C'est dans c
places à la danse e
les disputes se
s que
venger de leins eiineniis.
renouveilenl, el qu'ils cherchent à
Enfin il esl rai-e ((ue ces divertissements
(juerellcs cl de.i luttes sanglantes el moin trières.
La jeunesse des <leux sexes se livre légalement à la danse: mai.-,
ccllc-ci est d'une autre espèce, el beaucoup plus calme. Les danseurs
etlesilanaeuse.s ont aloi-s le corps tatoué de i"ouge, et portent
sur la tôle, ainsi qu'autour du coi-ps. des ornements en plumes
de flamenls etd'auti'cs oiseaux de couleur très-éclatautes ct ti'ès-
« i p r i i o , (Kb. M).
Cette danse s'a|>pelle la rfnjwe oiir oÎ8e(iii.r. Voici comment
les danseui-s procèdent à ce ji'u, qui ne manque ni d'oi'i(]inalilé,
ni d'incidents souvent bizarres. Les hommes vont d'abord se caohei'
<laiis les l>ois ou derrière li« arbres. Ensuite, les femmes
ou les jeunes filles se disposcnl, aeei'oupies les imes <lerrière les
autres, et se miUteiit à contrefaire, avec un talent parfois étonnant
d'imitnlion. les cris el les siftlemculs de difttrenU oi.seaux.
A octap|)el ou à celle provociilioti, les lionuni-s réjiondent aussitôt
pai- d'auties oris, en oontrcfiiisaiit les bétes féroces, le» singes
nu les pcH'c.s- Quelciuc.s inomenl.s ainiS, ils sortent du bois, et
aussitôt que les fcnnnes les aperçoiveut, elles se mettent à sauter
comme des grenouilles en se tenant toujours accroupies. Les
premiers en fonl aulani. et ils se mettent ainsi à courir tous les
uns après les auti-es. Ce manège, vraiment di'ôle, se continue
|)endanl quelque l.cm[>s «vec une vivacité extraordinaire. C'esl
un mouvement, un pélc-mèlc aussi pittoresque que divcrtissanl.
On loiube, ou se relève, on s'évite, on se poursuit. El.
quand cela a duré ainsi pendanl uu certain temps, chacune des
filles finit toujours par se laisser atlrapei' ]iar celui seulement
pour lequel elle a quelque inclination. Souvent cette espèce
de jeu finit par des résultats pareils à ceux que produisent en
Europe les divertissements de ce genre, c'csl-à-<iirc, pjir des
luttes ou des combats acharnés, ou par des immoralités révol-
Si les chases n'en viennent p s à ces déplorables extrémités,
cc tpii est assez rare, la fête, ainsi que tous les autres divertissements,
se termiue par des danses, des cliants, de la musique,
ct enfin par l'ivresse.
Une chose qui esl très-remarquable, c'esl que, dans Ion les
les reunions des Indiens, el au milieu des plus grands excès, il
y a presque toujours un homme de chaque tribu ou même de
chaque famille, qui se maintient dans un état complet de sobi'iélé,
dans la prévision de ce qui pourrait arriver el ]iour
maintenir l'ordre, en c^is que l'un ou l'autre fut disposé à le
troubler. Il sert aux autres de guide ct de mentor, ct veille
surtout il ce qu'il n'arrive ric'ii aux femmes et aux enfants.
A Surinam, comme chez presque tous les peuples sauvages,
les formalités et les cérémonies qui pi écèdeut et accompagnent
les mariages sont d'une simplicité presque primitive. A'oici comment
les choses se passent ordinairement. Lorsqu'un Indien est
duns l'intention de pi'endre une fille pour sa fenime, il commence
par lui apporter le produit de sa chasse ou de sa pCclie, ou bien
il étale à ses yeux ses tropliéesde guerre, s'il a eu l'occasion d'en
conquérir, les dépouilles ou le crime d'un ennemi. Si la jeunefillc
accepte ces cadeaux, c'est une preuve (¡u'clle consent à le (>rendre
pour maître ct mari. A'ers le soir el lorsque le prétendu est <le
retour de la ctiasse, elle lui apporte dans son carbel de l'ouil-pot
ou ragoût de poissons. Puis elle s'en retourne chez elle.
Le lendemain, on fixe le jour de In célébration du mariage;
mais, en attendant, les parents ct les amis cberchentà se procurer
d'abondantes provisions en poissons ct gibier pour le festin
de rigueur. Quand le jour fixé est venu, le jeune homme se
rend chez sa future et lui dit:
— Je v ous ai choisie pour femme.
Ces mots suffisent, et elle le suit à l'instant, l>uis il y a un
festin auquel assistent toute la famille et les amis, mais où les
hommes se rassasient toujours les pi-emiei-s, tandis que les
femmes n'y sont jamais admises qu'après eux. Cet usage est tellemc^
nt rigoureux, <iue la mariée elle-mcme ne mange pas avec
son mari.
L'Indien aime sa femme et en est même fori jaloux; mais il
<•51 le maître eu loules choses, et celle-ci, comme on a pu le
L i r i c i