VOYAGE A SURINAM.
Le jjrocn-lioiii sm l à construire la cliarpenle des nmisons.
Le k.np-boul rcssoDibie au bois tie cèJrc pour la couleur et
la qunlil^, niais il n'a poinl d'odeur. Ou en lire tl.s plauchcs
pour la clôlure des umisans el pour faire des portes, feuolrcs,
volets, cl enfui de petits canots ou chaloupes.
Le kullcu-trichout (Fig. Î58) est un colonnicr snuragc qui
prend UD dé\elopi>cmenl au&si fort que le chêne le plu» élevé-
Son éeorce a au moins six pouces d'épaisseur, el la partie inférieure
du tronc ou les racines à nu sur le sol ont quelquefois
quarante ou soixante pieds de dianièta^e. Ses branches s'étend.ïnt
prodicieusement, et il n'y a pas d'arbi-e aussi gros dans tonte
la colonie. Aussi, plusieui-s castes de nègres ont pour hii une si
g.-ande vénération qu'ils l'adorent comme une divinité: el j'ai
quelquefois trouvé pn\s du tronc, des oeufs, de la viande, du
poisson, et même des liqueurs dans des calebasses, qu'ils lui
avaient apportés en offi'ande. La couleur de cet arbre i-essemble
à Mlle du chêne, maisii n'apasla même consistance. Ses feuilles
sont petites el d'im vert p>\lo. Il donne tous les trois ans une
Heur d'où sort un fniit qui contient une espèce de coton gris,
doni les colombes font leurs nids.
Le noyer est très-i-are à Surinam, et ne porte pas de fruit.
Le mahony-lioul n'est pas très-commun, et ne se trouve que
dans le haut du pays el des forêts. Il ressemble au bois de fer;
mais il est plus noir, plus dur et plus pesant. C'est de ce bois,
ou de sa racine, que les Indiens font en partie leurs massues el
leurs casse-tètes.
Si tous CCS bois, donl j'ai été obligé d'omettre une grande
partie, sont si rares et si chers, quoiqu'ib se trouveni en
abondance dans d'immenses foréb, on doit en chercher la cause
dans les obstacles qu'offi'e leur exlraetion el leur transport. On
trouve difficilement des ouvriers pour les abattre, el les nègres
eux-mêmes onl une grande aversion poui- cc geni-e de travail.
Les planches que l'on en fait doivent cire sciées à !a main. Si on
[wuvail, avi contraire, employer, comme à Saaixlam, des moulins
mus par l'rau, le vent ou la vapeur, on i-endrait uu grand sei'-
vice aux indigènes, et on pourrait faire de cc commerce de
planches tme bi'anche considérable d'exportation.
Un Angbis a établi dans la partie siipérieui-e de Cayenne, un
moulin mù il la vapeur, propre à cet usage. On dil ipie son
entreprise prospère. Cest dans les environs de la Savane des
Juifs, ou sur la montagne, qu'on pourrait former
avec avantage
iiii établissement du même genre.
Comme chaque pays a ses productions, on
ne doil pas
sctonncr de ne pas ti'ouvcr à Sui'inam les mêm<
'S fruits qu'(
Europe, tels que les pommes, les poires, les ceri)rises,
las grociuatorze
sellles, Ira prunes, les pèches, les abricots, ete. Mais on en est
dédommagé par le grand nombre et la variété de ceux dont ce
pays fourmille.
A leur tète il faut placer les ananas, qui .^ui-pas-sent en bonté
tout ce que TEurope peut nous offi'ir. On les divise en trois
classes. Il y en a d une grosseur énorme: et vers 1710 ou 1711,
on en envoya un au l'rincc-Régent d'Angleterre, qui avait
coui'onnes ou rejetons, el pesait qualoi'ze livres et
demie. ÎL le président Lemmeiis, qui a eu la boulé .le m'adnietU
c à voir sa précieuse collection, m'a nionli-é lui dessin de
cet ananas.
Il y a encore un grand nombre d'auli-es fruits doni j'ai parlé
à rarlicle des marchés : ainsi, je passerai aux arbres il fruits,
dont j'ai joint ici quelques dessins fiùts d'api-ès nature.
On ne peut douter que les oranges n'aient été apportées â
Surinam et dans toute l'Amérique, par le» Poitugais ou les
Espagnols. Elles s'y soni tellement multipliées que l'on serait
maintenant tenté de penser qu'elles sont originaires de ce pays.
Par la beauté de son fruit, le jiarfum do ses fleurs, el l'agrémenl
lie sa verdure, l'oranger est un dos arbres les plus agréables que
l'on connaisse (Fig. r>9). Son fruit se divise en trois espèces, en
oranges aigi'es, en oranges douces, en celles connues dans
le i«iys sous le nom de pommes de Cliine.
Il est égaltnnenl probable que le citronnier est un arbre
importé. On eu trouve une grande quantité, et on en divise les
fruits en deux espèces, eu citrons aigres el en citrons doux. Ce
fruit ne souSi c pas le transport sin' mer, et ne peut par conséquent
être exporté en Eiuope. Le cerisier de Sin'ioain l'cssemble
beaucoup ou grenadier. Les cerises, qu'il poile tous les
trois mois, soni à peu pi-ès pareilles à celles tl'Europe. Elles soni
plates comme nos bigai'os, de la mime couleur que les nôtres,
un [jeu aei-es. mais bonnes à manger, surtout quand elle.s sont
confites ou préparées en marmelade.
Il y a aussi un grand uombre d'arbi-cs-palmiei-s qui portent
des fruits. Le principal est celui sur Iwiucl on i-ccueille toute
l'année le fruit qu'on nomme noix de coco. dont les nègres el
les Indiens font tous leurs ustensiles de ménage, et anljos ouvrages,
SCTdptés avec beaucoup d'adresse el pr<>sque sans outils.
Le tamarin est un arbre aussi gros que le noyer, et doni la
cime est fort touffue. Ses branches el ses feuilles, qui sont d'un
vert clair, tombenl à peu près comme celles du saule pleureur.
Il [HDrIo un fruit nommé syîique, qui est très-utile et trèsagi
éable, surtout dans les altérations causées par la fièvre.
La vigne est Simvage dans ce jwys. l-es gi'appes qu'elle produit
resscmlilent à celles d'Europe, mais le goût n'en est pas
aussi agréable. Comme elles ne mûrissent pas à la fois, on a
rarement des grappi« entières complètement mures el pi opres
à être mises au pressoir. J'ai goûté du vin c[ui c:n provenait; il
élait fade el faible.
Le grenadier est trop connu pour que nous en parlions ici.
On en trouve de plusieurs espèces dans la colonie.
L'arbre ealcbas.se est iiidispensid>le dans les plantations par
l'utilité de sou fruit pour lea nègres et les indigènes. Ce fruit
reisembie à la noix de coco, mais il esl [.lus gi«s, car j'en ai vu
qui avaienl. deux pieds de long. Il s'en b^ouve de rond» et de
longs qui ae tenninenl en pointe. Ou en fait toutes sortes de
meubles et d'uslensilia de cuisine, tels que plats, assielte.s et
l'eau.
Le laurier est uii arbre doni a plus rs espèces.