VOYAf.E A SURINAM. 3a
Les rals ct ]cs soiivis soul, dans pnys, desrniieinis doiiiesliqiies
commc dans loulle reste du glolw. On cn Iroiivetle plusieurs
espèces el en RrnncI nombre dans la ville, dans les planbilions
el sur lesnaviies. Lci'iileslsi fi)rl, que qunlquefois il liitle avec
avanlngc coiilre le ehal lui-mOmc. O-s animaux se miikiplient
prodifficusenicnl à Surinam , à cause dft la clialeur. Mais, jiar
mom<riils, on les voil loul à coup di'paraili-c eii Ir6.i-{îrandc
partie, parce qii'ils se dévorent Ic-s uns les autres. Aussitôt qu'iine
maison cesse d'itm habitée, ils vont s'y élablir par ccnl.iines. el.
rien ii'dclia|>|)i! à leurs dénis ni à Icnu- incroyable Toracilé.
Une belle maisoa ayant étii abandonnée, parcc que l'on disail.
que l'Ame du défunt y revenait toutes les nuils pour tourmenter
SCS esclaves, on oft'rit à un blanc qui chei'cliait une maison. de
se loger dans celle-ci en attendant qu'il put s'ciUiblir ilans une
autre. Il s'y installa eo effet; mais, vers le milieu de la nuil, il
fut tout à coup réveillé par un bruit épouvantai île, comme si
toute la maison eut été envahie paj- des léjjions de démons et
d'c.iprils. Ce bruit croissait toujours. Dans sa cbambi-c même,
rien ne rcsiail en place: la mousliquière qui couvrait son bainae,
fut secouée et tirée en lout sens. Enan il lui fut impossible de
fermer l'oeil de toute la nuil. Le lendemain, il ne fui questiou
dans loutc la ville que du revenant qui banlait ce logis. Les uns
en rii'eul, les auti'es y crurent, surtout lus nègres.
Le même bruit se fil entendre jjendant la nuit: cl, du grenier
à la cave, tout fut culbute, renversé, bouleversé. Enfin, le lendemain,
on se décida à faire une visite dans toutes les parties de
ce vaste bâtiment, el l'on trouva la dépouille et les coqjs des
combattants, dc.s queues, des leles, des corjis à moitié décbin%.
On vil aloi-s que le revenant n'était auli'c chose qu'une multitude
d<! l'ats qui s'étaient établis dans la maison, et qui s'y livraient
toutes les nuiU des batailles furibondes el acharnées.
L'Européen, ainsi que les iicgres qui liabilaieni ilans le fond de
la cour, crurent cl croieul encore <pie tout ce bruit élait fait
par l'ombre du défunt : el. le pivmier ne mil plus le pied tians
Le chai que l'on a dans la colonie est. je crois, originaire
d'Europo. Ceui qui vieniieiil de la ni^i-o-jjatrie, si vife, si actifs
en arrivant, deviennenl bientôt mous ct paresseux à cause de la
chaleur du climat,
Il y a trois espèces de ciiiens : la première, (pii esl domestique,
se subdivise, comme en Euwpe, eu une foule d'espèces
et de variétés. La seconde csl le chien des bois ou cbieu sauvage ,
<1110 les gens du pays appclieiil Ciribe Dnyoc. La longueur de
son cor]is esl de deux pieds el demi h Irois pieds. Sou poil esl
court, el d'un (p-is elair: sa queue est fort longue.
La troisième esl un chien caniche qui se li<'nl presque toujours
dans l'eau ou sur les bords des rivières ct des criques. H
esl i>etil, el sa U^U- est fort gi'o&se en propoi-lion du reste du
corps. Sa couleur tire sur le noir, el sa qu(Hie esl ti'ès-longue.
On trouve également dans la colonie le renard, le lièvre, le
lupin, l'écureuil, et quelques aulrei espèces ila
voil dans nos clinials,
fournissenl du pois.«nn d'ei
tout le long des côtes, ei
Les ririères el
en abondance :
bien davantage (
Le requin remonte les ririères, cl se li'ouvo quelquefois à ime
ti'ès-gi-ande distance de la mer. Un jour un matelot, qui élail
tombé dans l'eau, dispanit presque sur-le-cliaiup, dévoré par un
de CK animaux. Celui qui serait assez imprudent pour se
baigner snn.s piécaulion, et en s'avançanl un peu trop dans les
rivières, courrait ¡¡l'and risque d'élre dévoré par ces monsties
lî y a plusieurs cspèccsde cabillauds, celui que l'on pèche à
rerre-Neuve. et qu'on a trouvé le moyen de sécher, fonne
une hi-anche très-coiisidéi'able de commerce et de consommation,
Les nègres eu fout beaucoup do cas; ils l'appellent bakkeljau.
La bonite est un poisson do mer, mais j'en ai vu à Surinam
plusieurs dont la cliaii- el le goût ressemblent à ceux du maquereau.
On la découpe en tranches; et, salée ou bouillie, on la
mange au bciu'i'e ou à la vinaignate. Avec sa télé, on fail un
ppper-pot, en y mêlant de peiils pains de farine de cassave <-1
du ])iment, ce qui lui doiuic un goiil relevé, et en fail un mels
Irès-reebeiché des créoles, qui on! l'habilude de le manger avec
lesdoigU.
Le schelviseh ou merlan, le brochet, le saumon, le turbot,
la carpe, la lamproie, la raie, la plie, IP carrolet, la limande, el
bien d'autres espèces se trouvent également à Surinam.
On y péehe aussi des anguilles, tant de mer que de rivière-
Dans le nombre de ces poissons se trouve la torpille, qui a,
comme on sail, la singulière propriété d'engourdir subitement
le br;is de celiù qui la touche [jar une espèce <le (»mmotion électrique.
J'en ai éprouvé l'effet,
Lei écrevisses sont très-abondantes dans les Cl iques et dan» les
l'ivières de Siu'inam. Elles sont plus grosses que les nóti'cs. el la
cliair en est délicieuse.
Les crabes, que l'on trouve cn très-grande abondance dans
loule l'Amérique, sont la véritable manne des Indiens, des nègres.
des ci"éolcs, el même des Européens.
Les buîlres que l'on pèeho dans ces climaLî sonl d'un assez
bou goiil. Il y en a dans le haut du pays qui s'allachent auM
rochers; mais celles que l'on prend dans la leri'e basse ou au
boi-d de l'eau, s'allachent aux racines du uianglier, el, à itiai-ée
basse, on Ic.'s voil souvent suspiinducs à Irois ou qiiaüe picd.s
au-dessus de l'eau, toutes béantes au soleil.
On tjouve aussi des earacols et des moules de mer, qui sont
aussi un des inels favoris des Indiciiis.
La vie entière de plusieurs hommes no sufHrail pas pour
décrire la foule des inseclea de loules espèces, de toutes foi-mes
el de toutes grandeurs, qui se trouvent dans cette partie de
l'Amérique : on peut assurer que nulle part, il ne s'en voit
davantage. Je me bornerai donc i'i nommer les pi ineipaux. qui
sonl les Itakerlae, les guêpes, les moribonds, les scorpions, les
mille-picds, qui sont venimeux, el donl la morsure donne la
lièvre, les moustiques, plus gros que le cousin d'Eiuope. les
y