VOYAGE A Sl"ni>AM.
l,a clinssp ol la ]iiche soiil line dos occiipalions lialiilucllcs des
Indiens. Loi-stju'ils y voiU, Icui-s feminos sont obîigc'cs de les
suivre, cliartjces des provisions niicessftircs, En OIIUE elles soni
cliai'ijées d'aller oUcrclier le gibier que le chasseur a aballu cl de
le |>orter sur leur dos an carliet. .lai TU, un jour, une jeune et
iutéressanle Indienne qui revenait de Ui cbnsse avec son mari:
celui-ci ne portail tout simplcmenl que son arc el ses Sèches,
taudis que la femme marchait derrière lui, courbée sous le
fardeau d'une gi-ossc bolle (ie l>anaiics, d'un enfant (¡u'elle tenail
à la mamelle, dune calebasse remplie de chiea ou boisson, et
elle avail en même temps i\ son bras un panier rempli de poissons
ou de gibier (Fig. 79).
Quand les Indiens vonl à la péelie, ils se senenl de canots ou
pirogues, de neufà dix piedsde longueur, et de quatre pieds de
laryem'. Ces erabarcalions sont faites d'une seide pitrce, el consistent
en uu tronc d'arbix^ creusé. Leui's grandes pii-o(jues se
composent ordinairement de neuf planches joblts fort artistiv
ment avec di-s cordes. Quelques-unes ont de vingt ù trente pieds
de longueur, et sont garnies de voiles eai'i'ées : ils s'en serrent
pour leurs courses en mer, soil à la rame, soit à la voile, ils yentreliennenl
eontinuellemcnt du feu ; ce sont les femmes qui sont
chaqji-es d'y veiller (Fig. 80).
Quand les Indiens soni de rctoin- <le la chasse on de fa pèche,
ils ne cherchent que le repos dont ils font leur premici- délicc,
el se couchcnl, soit dans leui-s hamacs, soit parterre, Undis t]ue
les femmes, qui sont loin d'être aussi paiesscuscsqueleshommcis,
et sui' lesquelles, du reste, tombent tous [es soins de la vie, s'occupent
du ménage.
La principale nourriture de ces peuplades consiste en gibier,
en i>oÌ8sou fi'ais ou fumé, en crabes, en tortues, en patates, en
mais et en cassave, doni ils font du pain el de la boisson. Leur
manière de faire la aiisine est L'ès-simple et très-naturelle. Les
épices, si pernicieuses en Europe, leur soni inconnues. Leurs
viandes, ainsi que le pois.<^on, sont bouillies ou ròlies. Pom-ce
dernier moyen, ils se servent de trois ou quatre morceaux de bois
doni, ils forment uno espèce de gril qu'ils placent sur la braise,
à deus pieds de hauleur environ, ce qui dessèche la viande el lui
donne un goùl de fumée qui ne leurduplaïl, ni les incommode.
Ils se servent rarement de sel : mais, d'un aulre côté, ils font une
grande consommation de piment.
La boisson ordinaire de l'Indien se compose de eliica, qui se
fail de la manière suivante. On mei dans un grand [lol des
oi-anges amèresavee quelques petits pains de cassave et de palali'.
On laisse Fermenter le lout pendant quelques jours avec une cei--
laioc quantité d'eau, et on s'en sert ensuite après l'avoir passé
dans un lamis. Cette boisson suffit pour enivrer l'indien, qui est
en général t4'às-poi'té aux excès de la boisson, el <iui se livre ensuite
à toutes sorU'S de désordres.
Le carbcl il'un Indien n'est Ordinairement meublé que de ce
qui lui wl striclemenl nécessaire. La partie principale de son mobilier
est un hamac de cinti à six pieds de long sur dix à douze
de laige, ilont les deux bouts sont fixés ensemble par plus de
ciuquanle petiti s ficelles. H une longue corde à cliaque bout pour
lu suspendre, soit â deux forts bi\lons ¡vlimtés en terre, soit n
deux des pièces debois(]ui soutiennent le carbcl. soit à quelques
arbres dans la forèL(Fig. 81 el 82).
Ordinairement, cl surtout dans les bois, le.s femmes soul chargéi!
s d'enlrelenir sous le hamac un feu continue! qui a le douille
avantage d'effrayer el d'éloigner les bêles féroces, el de taire disparaître
les moustiques cl autres sortes de moucherons ou d'insectes
cjui pouii-aicnt les incommoder. Leurs ustensiles de cuisine
consisteni en calebasses, en poteries et plais l'abriijués )>ar les
femmes. Elles se servent pour cela de la cendre d'un arbre appelé
dans le pays Kv\'epie. Elles la pulvérisent encore jlavantage dans
un mortier en bois, la passinil au lamis, la façonnent ensuite,
l'exposenl à l'air, la mettent au four, et la vernissent. Elles en foni
qui peuvent contenir jusqu'à cinq ou six gîilons. et l'eau s'y conser\
e aussi fitiiehe que si elle sortait d'une glacière (Fig. 83).
Les femmes font aussi une grande quantité do paniers nu |>agiiles,
pour conserver tous les petiu ustensile,'! de ménagi-. Des
arcs, des flèches, des fusils, de,s haches et des piques sont suspendus
aux pièces de bois qui soutiennent le carbel.
Les instrmnenis de musique des Indiens consistent principalement
en flûtes, enuiiecspceo de trompettes, et en tambourins
faits d'un tronc d'arbre scié, creusé el couvert d'une peau de
tigi-e.
Ils ne connaissent pas l'usage des chaises : quelquefois cependant
ils s'assoient sur un morceau de bois cai-ré pour manger el
pour boire: le ]}lus souvent ils se couchcnl .lîur le ventre el à plal
|)ar terre, en s'appuyaul sur les coudes. Leur calebasse esl placée
devant eux, el ils mangent avec les doi(fts. Il.i prennent leur repas
seuls : quand ils ont fini, ils vonl s'élendre dans leur hamac,
et alors leurs femmes et leurs enfants mangent il leur tour, il n'y
a point d'heure fixe pour les repas, et ils ne mangent jamais que
lorsqu'ils en sentent le bc.soin.
Leur divertissement habituel consiste dans une danse qu'ils
appellent chaoin, el qui offre plutôt le spectacle de l'ivi esse el du
délire que celui d'une dan.se réelle. Il esl impossible de se figurer
quelque chose de plus désordonné el du plus sauvage. Ce sonl les
mouvements les plus brusques el les plus vifs, les contorsions les
plus animées el les plus furieuses qu'on puisse imaginer, ^'ous
diriez que ces corps sont préu à se briser, ces membres prèls à
se disloquer, ces muscles prêts <t se rompre dans les ntliludes violente
« el forcées qu'ils prennent tour à tour. Ucril a presque de la
peine à les suivre et à saisir les poses diverses dans lesquelles ils
se présentent. Cette danse folle a pour eux un aurait .si souverain
qu'ils ne laissent échapjier aucune occasion de s'y livrer. Toute
chose devient pour eux un prétexte au chaoin. El ils commencenl,
el les danseurs se meltent en U'ain, Ils se tiennent deux à
deux, et alternaiivcnienl se courbent et se redressent avec une
rapidité exlrème. Ils tourne ni sur eux-mêmes, .se jettent à droite,
il gauche, se raccourcissent <^1 s'allongent. Souvent vous ne pouvez
compren<lre comment la sti-uchii e analomiquc puisse se prêter
fous. Quelquefois le-s hommes forment, en se
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