VOYAGE A SrniiVAM.
l iimiinl leva I'ancrc. c\. le fi (Iwcnihiv 1712. il q
iivec ionio sa flotte.
On no peut se défenili-e d'it^ senlimi-nt pénible
ces Faits et en pensant que le teniblo ilroil de la gueiTO aiilovise
(•M l)i-i(ïandii{jps. D'un aulre còl«!, rénoituilé do la somme payée
par !a colonie do Siii'inam donne imo idee stiffisaiilc des projji'&t
qu'elle avnil ftiils depuis l(i89. époque à laquelle elle fcil veiiduo
eij loulo pritpi iélé pour uno .«ommc moindre de moilié.
CiHle malLcurRu.se colonie ne Fut pas plutôt délivrtie de ses cnnemi.
s exlcrieiii's et d»iclaiés, quelle se vil en bulle à de plu*
¡Tiands ilanjjers.
Les Cai-aïbcs el aulres nations indioiuics iivaieut. dans lo.s pvt!-
miors lenijM, inquiété, il c.il vrai, cel clablissemeul: mal.«, conimc
nous l'avon.s <lit, le {jouverneur Van SommeIstlyek, peu de temps
aprò.s son arrivée dans la colonie, avait Fait la paix avec eux. Ces
.saiiviigis l'avaienl iiiaintomic. ol depuis ils avaient vécu avec les
Européens dans la meilleure intelli^onee, ainsi quede bon.s voiain.s :
nous nous empressons de consijjner ee fait aussi hononibU- pour
la Kiléliló des Indieus à tenir leur serment,que pour la safje.ssc du
¡jouvernement néerlandais.
Les e.sclaves nègi'e.s i-évoltés sont le^ oiincmis doni nous avons à
palier maintenant. Pendant (|iiclciue temp.s ils n-pandii'Oilt irne
leixeiir générale dans la colonie et menacèrenl de l'enlever aux
Étais de Hollande.
QueUiiicsnèjjrcs Fugilifsavaient, depuisFoi t longtemps, cherché
uu asile dans les forets de Surinam : mais. jusqu'en i 7-2(> et 17-28.
leur riombi-e étail tro|> peu considérable i>our inspiix'i- des craintes
sérieuses. A colle époque, il .s'accrut de manière à les rendre vraiment
redoutables. Alors ils pillèrent des plantations et se procurà
enl des fusils et dos lances. Ces nouvelles armes, jointe.s à celli-s
doni ils se servaient ordinairement, les arcs el ies flèches, les mirent
en élat de commettre de conliiUH'ls ravajjes sui- les pianUitions
de sucre et de café. Ils y étaient excilés tant pai- o-sprit do
vengeance pour les mauvais trailemonls qu'ils avaienl enilurés de
.. que par le désir du pillage el p
il'enicver de la poudre, des ballos el des hache«. afin d<! |Kiurvoiià
leur défense à l'avenir.
Ces ni-gros s'étaient en général établis sur les bonis de la partirr
supéi-iein-e îles rivières de Cc)]ienam et do Sai-ameca. On lesap|><!la
rebella rfc Sarnmcca, pour les distinguer îles autres Iwndes ()ni
se formèrent pai- la suiti;.
l'Iusieurs délaclicmonts de Iroupes el d'habitants furent envoyés
contre eux, mais ces expéditions n'eurent d'autre nisultat que de
leur ari-aclier des pi'ome,s.ses qu'ils étaient bien disposés à ne jxis
tenir.
En IT.iO, on fil une exécution barbare sur onze malheureux
iicgre.s captifs, afin d"épouvanter Ic-ui-s compagnons et de les engager
à se soumeltre. Un lionmie fut sei.spendu vivant â un gibol
par un cixjc de fer
oiielialni-s à des pie l brûlés , poi
;'s ciUos; deux a
X fon:
'S FUI
ï filles décapitées. Tel fut le eouraj;e de
ilii-ii <l<'s torliiros. qu'ils Ira endurèrent
sans pousser un soupir. Celleatrooilé produisit un effol loul eonli
alre à celui qu'on avait allendu. Les lebelles de Sarameca en
conçtu-eul un tel rossentimenl, que, pendant plusieurs années, ils
menacèrent sérieusement l'exislencc de la colonie. Los colons, ne
{louvanl supporter plus longtemps les dépenses de cette gueniol
les fatigues qu'il fallait essuyer en poursuiviuil leui-s ennemis
dans les bois, rebutés de plus par les pertes énormes que lour
causiiient les fréquentes invasions des nègro.s, et par la terri'iir
cmitinnelle qui en était la suite, se décidèrent enfin à traitor de
la paix avec eus.
Le gouverneur fllatiriei-, ijiii i-n l'an IT'iO se trouvait à la téte
de la colonie, envoya un détacbeniont considcirable versloin's élablissements
de Sai-amecii. afin de conclure, s'il était possible,
cette paix si ardemmenl désirée. Cedélach(?nient, a|jrè» «¡uelques
escarmouches avec plusieurs partis do rehelles, arriva à lafindans
leurs quartiers principaux, où il demanda et obtint un pour-
)xu-ler. On y arrtta les préliminaires d'im traité do paix, pai-eil à
celui qui avail été fait en 1730 enlre les Anglais el les nègres do
la Jamaïque. Le chef de ceux de Saraineca était un niulàli-e.
nommi- le capitaine Alloc, qui à celle occasion i-eçut du gouverneur,
en signe d'indépendance, une superbe canne ¡"i pomme d'argeiil
sur laquelle étaient gravées les armes <le Surinam, l'ai- le même
ti-ailé. on lui promit d'autres présenis, parmi lesquels se Irouveraioiil
surtout des armes et des munitions. Ils ne devaioni lui être
envoyés que l'année suivante: après quoi la paix serait définitivement
conchie. Adoo ofliil en i-etour un arc superbe, avec
im carquois rempli de flèches, ouvrage de ses mains, comme
signe que. pendant t-et intervalle, toute hostililé cesserait de son
côté.
En 17ri0, les pré.sents qu'on avait promis au capilaine Adoo
lui hireiil envoyés, mais ceux qui les porljiient fin-ent attaqués
dans leur marche, cl loni le délacheniont resta sur la place.
Cette attaque avait élé dirigée |)ar un clief do nègi-es nommci
Zam-Zam, qui n'avait pas élé consulté sur le traité de paix. Adoe,
de son colé. no voyant pas au terme- fixé arriver l'exéeulion de
la prome.s.sp qu'on lui avait faite, et s'imaginanl (ju'on ne voulait
que l'amuser jusqu'à ce qu'on eùl reçu lie nouveaux renforts
d'Europe, i-epriL 1ns hostilités, qui continuèi-ent jiisqu'on 1701,
avec des chances île ]>lu3 en plus défavorables pour la colonie.
Enfin, à cette époque, un traité fut signé ])ar les eonnnissaii-es
néerlandais d'une pari, el de l'autre par 1(i oajiitaines noii-s el le
chef supérieur dos révolté», Araby. La cérémonie de la signature
eul lieu dans la plantjition Ovca, sur la rivière de Surinam, où
Us iKii'lies contrantjmti-s se i-endirent.
Les nègres dont il vient il'èli-e quoslion sont appelés Onvm. du
nom de la planlalion où le traité do pai\ fut signé,
Quant à ceux de .Saranieea, une nouvelle paix l'ut concluo
avec le chef (pii avail remplacé Adoe el qui se nommait WiUe.
Ce traité de paix, rompu un insUml par la jalousie d'un ohof rival
nammv. MiiziiKiun, lui eniin consolidéi; en 17l>2. Les conditions
en ont été dejniis roligiousement observées.
Les olages .•! les ohofs do ces deux pcnpiaib's. à leur arrivcie à
VOYAiJE A SUHIMA.M.
l'aramaribo, furent admis à la tablo du gouverneur qui, aupai
avant, leur fit parcoui-ir la ville en cérémonie dans son pro])re
carroMc.
Par leur capitulation avec les Hollandais. les nègres Oncnn et
ceux de Saramcca devaient recevoir chaque année une certaine
quantité d'armer el de munitions. De lour côté, ils promirent
de se conduire toujours en fidèles alliés, de lenvoyer lous
les déserteurs moyennant une prime convenable, de ne jamais
paraître armés à Paramaribo, au nombre do plus de cinq ou six
hommes à la fois, et de lenir leui-s élablissements à une distance
convenable de cello ville cl des plantations: les nègres de Sarameea
se fixèrent, sur i>ts bords de la rivière de ce nom, et les
Oueas aux environs île la ,Iocka-Ci-itiue près ilu Maroni: un ou
deux blancs devaient, en qualité d'envoyés, résider au milieu de
chacune de ces trilnis.
La colonie jouil alors d'une grande prospéi-ilé, el vit régner
partout l'ordre el la Iranquillité. qui ne fui plus Ironhléeqicepar
quelques révoltes de nègres maixons, dont nous aurons sujet
d'enlretenir plus lard nos lecteurs, et (Kirleconti-e-coup des commotions
politiques qui se firent sentir en Elu'ope.
En 1770. la maison Van Snmmelsdyk vendit sa part de la
colonie à la ville d'Amsterdam, pour la somme 0.3,6ôf) liv. steri.
La société de .Surinam se conjposail donc de la régence d'Amsterdam
pour deux liei-s, el de la compagnie <les Inde.s oecidentales
pour le dernier liei-s.
La charte de celle société, contenant les exemptions accordées
pour l'exploitation do la colonie, fut renouvelée par leurs
Haul es-Puissances les Étals-Généraux de Hollande, moyennant
un prêt de 3 millions de livi-es sterling à G p. d'intéi-ét. L'acte
de renouvellement porte la date de 1701 ; déyà deux fois la compagnie
avait obtenue un semblable i-enouvellemenl.
La Guyane toni entière étail divisée avant la guerre de la
révolulion française, entre la France, les Pi-ovinces-Unies, l'Espajine
ol le Portugal.
Le Portugal occupail l'espace d'environ 25 ou .50 lieues de
còtfts, comprises entre le fleuve dos Amazones et la rivière du
oap du Nord: la France s'élonduil depuis eette dernière rivière
jusqu'à celle do Maroni: la Hollande depuis le Maroni jusqu'au
Pomaron. et l'Espagne depuis ce dernier fleuve jusqu'à l'Orénoque,
l'c-iulant. les guerres de la révolution les Anglais se rendirent
maîtres de lous les établis,,emenIs hollandais. Essequiho ou Essequebo.
Demerary. lierbice et Surinam.
Le traité d'Amiens, conclu le -25 mars 1802 enti-c la France.
l'Espagne et. les provinces Balaves d'un ciUé, et la Gi-andr.-IJretagne
de l'autre, rendit aux Hollandais la possession de toutes les
colonies qu'ils possédaient avanl la guerre aux Indes ocoidentîile-s:
mais en 1808, à la reprise des hostilités, l'Anglnlerrf! s'empara
une seconde fois de-s éUiblissementii de Borhice, F-ssequebo el
Demerary, et les traités do 1814 la confirmèrent dans cette
usurpation.
D'autres changements sont survenus postérieurement dans la
situation politique de quelques aulres parlies de la Guyane,
sans toutefois eu modifier les limites. Ainsi les pos.sossions e.spagnoies
se sont déclarées indépendanlea de la métropole, cl le
liré-sil. qui comprend la Guyane portugaise, e-st devenu un empire
séparé du Portugal, quoique la couronne soit i-estée dans la
maison de Bragance.
Quant à la délimitation de chacune des parties de la Guyane,
on concevra qu'elle n'a pas élé fixée d'une manière positive: et
que partout où la nature n'a pas posé une division naturelle, les
gouvernements C|ui y con.<ei'*ent des établi.ssements se sont peu
occupés d'en arrètei' les frentièi-es: ear, en pi-ésence de la faible
population dis-séminée sur eette vaste étendue de pays, il ne peut
y avoij- de nécessité à se disputer des lorrains immenses couverts
de bois sauvage-s ou d'eaux stagnantes.
Les lecteui-s me pardonneront d'avoir donné quelque étendue
à cet apei-çu liisloric(ue. mais j'ai tenu à rassembler lout ce qui
pouvait établir d'une manière certaine, au prix de quels li'avau\
la colonie néerlandaise ile Surinam a pu atteindre le degi-é de
prospérité dont elle jouit maintenant.
Je ne m'occuperai pas des autres parlies de la Guyane; je
dirai soulemnnt que le climat est partout à peu près le même, et
que les observations que je donnerai plus loin sur la nature de
cette région, sur ses productions dans les trois règnes, peuvent
indiiFérommenl s'appliquer à toutes les fractions de ce grand
tout.
Je pense même que la lecture de cet ouvrage ne sera pas sans
quelque intérêt pour les aulres puissances ctu-opéennes qui possèilcnldes
colonies. Le Libleaude celle situation florissante leur
fera peut-être comprendre la manière dont doivent être administi'ées
les colonies pour devenir pi-oductives.
Maintenant je vais reprendre mon rôle de voyageur, et raconter
ee <pio j'ai vu. ce que j'ai senti depuis mon arrivée dans la
colonie jusqu'à mon départ. C'est un journal que j'offre au public,
dans toute la simplicité d'un journal.