58 VOYAGE A SUIUNAM.
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sionoinic iiulii|uc son cai-.ictèrc, (|iii est uiio mik-liniicelc basse,
el line orimiilc; iii&aliable. UD lison allumé siilîil néanmoins pour
1« faii e fuir. C'csl ¡)oiir cela qu'il esl pruiletit d'allumer Ues fi'ux
durjDt les halles ilc !n iiuit, liaus dfs «ndroils ouverls.
Les nègres des plaulalioiis qui mellcnl UQ jraïul inlérèl à sa
deslruclion, pour sousti-aive à sa fureur leurs boslianx, le manqiienl
i-ariOTPal quand ils dccoiivrcnL ses Iraces. Sa peau, qui est
jaune lacholée de uoii-, sert (rorneincnl aus lutUens. Us reçoivent
même une prime du ¡¡ouvei'uement pour chaque peau
de liijrt! qu'ils apporleul. J'ai vu un joiu- quatre de ces animaux
cngujjés dans une luHc terrible el se disputant la tk'ponille d'une
iache qu'ils avaieul surprise pendant la nuit, el trainee vers la
lisière d'une tbi'èl, à la distance de cinq cents pas au uioius. Ce
ne fut qu'au quatrième couj> <le feu qu'ils lâchèrent leur proie
poussant des hurlemeuU efroyables.
Liw tamandra ou fourmiliers sont H'cs-communs dans ces climats.
Les plus petits sont à peu pi-és {jros comme nos iScureuils.
el les plus ip'Os conmie mi chien de boucher. Ils ont la tite
pelile. le mtiscau fort alongi, la queue longue, la jandie coiu-le,
le poil brun ou blanc. Cet animal fouiTC son long museau dans
les fourmilièi-câ, et allonge la langue, i>our t^uo les fourmis s'y
atlachenl. Quand elle en est bien giiriiie, ils la retireut, la secoueiil
lOgèremenl pour que la teiTe tombe, el avalent les
foin'mis.
L'uniiu et Tali sont deux espèces différentes pour la conformation,
mais iU onl les mêmes moeurs, el sont ti'cs-aliondanU
en Amérique. Ces pauvi-es anhnaux auxquels on donne aussi le
nom de paros.«eux. semblent éti'e une ébauche imparfailc, puis-
«juHs ne [¡euvent ni saisir une proie, ni se iioiu'rir de chair, ni
même broulci' l'herbe, i-tkluiLs à viyre des feuilles et des fitiils
d<!S arl>res, sur lesquels il leur faut uu temps infini pour
grimper : il-i le dépouillrnl successivement : et quand cet arbri.'
ne leur offre pins rien ¡jour se nourrir, et que !a faim commenee
à les presser, ils se laissent tomber à (erre, et l'emontenl lenleuiei>
t sur un aube ai bi e.
Les si liges sont, de tons les animaux, ceux qui se rapproclient
le plus de l'homme pai' leur conformation, leurs liubitiides (!l
leur instinct.
qu'ils soienl en général fort laids, enclins à
casser loul cc qu'ils voient. Ils sont adroits,
l au mal qu'on leur fait, éneigiques et dérs
passions: ils savent .soupirei-, gémir, pleui er
On ne {)eut nie
voler, à déchirer,
sensible» HÜ bien
monstratifsdaus I
même comme les enfants, el, suivant les occasions, pousser des
cris d'épouvante, de doulcin-, de colère ou de dérision.
lis sont esieessivement grimaciers, ot eopieni avec uni: grande
intelligence les gestes et les ¡itlitude.-, de l'homme. Ils se balancent,
marchent sui- la coixle tendue, foui belle jambe, courent
en avant cl en arrière, puis ballent des cntrechaLi, ot fonl enfin
dos loin-« de foree, <radrcs.-ie et <l'équilibie aussi bien que les
premiers danseurs; ils sont si plaisants dans ton.s ces exei'cice.s,
que riiomme le plus mélaticoliqup ne peut s'empêcher de s'en
amuser et d'en rii'e. J'en iii vu un grand nombre d'es]jèces dans
les forêts de Sui'inam. Leui- chair est un mets délicat poin' les
Indiens: mais les nègris ne les mangent qu'en cas de besoin et
faute d'autre chose. Les blancs et les créoles n'en veulent pas.
La cbuuve-soui'is n'est pas luî (|nadriipède, ses pieds de; devant
sont plulôt des ailes que des picils. On ne peut pas non plus la
classer piumi los oiseaux, car elle n'a point de plumes, eine
pond pas d'oeufs, ses petits vicnuenl vivants et tout formés.
Cet animal est donc un intermédiaii'C eulre le quadrupède et
l'oiseiui.
Il y a ungi-atid nombre d'espèces de chauve-souris à Suriiuim,
On eti li-ouve dans les forêts et même dans 1« maisons : j'en ai
TU qui étaient monstrueuses.
Je uepai'lerai que de celles qu'on nomme Aaropires,et cpii ont
ju-sc^u'à dix-huil et vingt pouces d'euvergnre. Leur corps, gros
il, esl couvert d'un poil rougeàtre ou roux
j r nez ressemble à la poinle d'une lance. Ils
oreilles, el les yeux très-enfoncés dans Ui
ap))elé vampire. parce qu'il est vorace el
foncé. Le boni de le
ont d'assez gi'andes
lète. Cet animal esl
in-lovit parce qu'il suce, pendant leur sonuneil, lo
sang des hommes et de., animaux (Fig. 67).
Le lecleur me permettra de rapporter une anecdoclc assez
cuiieuse dont un vampire fut le héi'os. La voici. Des marins
ayant clé obligés d'aller dans le liant du pays, un d'enlje eux
tomba en lélbargie; el, comme les autres ne connaissaienl ])as
cette maladie, ils le crui'cnl mort el le Iranspoiièrenl dans uu
Ciirbet abandonné, où ils le couchèrent par teri'e, mirent une
couverture sur le corps, et le laissèrenl'ainsi, sous la garde d'un
des leui-s et de quelques nègres de la planl;ilion , dam
de venir le lendemain lui rendre les derniew devoirs : ils s'i
touinèrenl ensuite à boni,
H les nègres q Le n ui étaient de garde al
petite distiincc ilu carbet, un feu autour duquel ils passèrent
ime partie de la nuil; mais, vers quatre à cinq heures du matin,
ils furent tous saisis d'épouvante en voyant venir ti'ès-lentemoni
de letu- côté quelque chose qui avail siu' la lète une couverlurc
blaiiclie. Ils crurent voir tm spectre enveloppé d'un linceul, ot,
plus cette forme mystérieuse approehail, plus leur friiycur augmentait,
surtout celle des nègres, qui sont gémirai e ment trèspoltrons
jiendanl la nuil, poj'ce qu'ils cinigncnl le malin-esprit
ou le diable (Fig. 68). KnPin leur épouvanUr devint -si forte,
qu'ils se mirent tons à fuir vers l'hahilation du maitre et lu
iiégreric, en poussant des cris il'épouvanle et de teri ciu' cjiii ri--
pandiretit l'alarme, c:l mirenl sur pieds tous le.< habiljml.s des
Knfin lo spectre- s'avance davantage, el on leconnait le marin
li avail été laissé pour mort dans le eurbel, p.n approchant do
i, on remarqua plusieurs taches de sang sur ses vèlementsi
, comme il se plaignait d'olre très-faible, el de ressoiitir uno
cuisanle à l'orteil, on y trouva l'cnilroit où s'était al-
I de ccs vampii es, (|ui. en suçant le sajig du niiitelol,
doulei
lâché
l'avait l'ait sortir de sn lélhaqjie. Au jour, il fut reconduit, a
que son camaïade, à bord, où l'on fiil bien surpris d<! le rc:Vi