VOYAf.E A SURINAM.
Aussi s'empressa-l-il de Kùre pai lir so» fils Heui-y. à la [¿le dp irois
vaisseaux, avec oi'cli-e ilemployei' Ions 1rs moyens Je persuasion
auprès lies colons do Sui'inam. poiii- les engajjer à le siiivi-c n
Anli(jOrt et il ÏMoiii-SerraL, avcc leurs esclaves el loin's moulins
à sucre. Douze cents tl'enlro eux parlirenl volonlaii-enienl |xuir
la Ja naif|Ui
Tous ces événemenis amenin'pnl. comme on le pense bie». de
(ji°:m(ls dcsordres parmi les colons, (¡ni ne siivaienl plus (juel était
leur lépilimi! souverain. A la fin, d'après un ordre du i-oi Charles 11.
l'élablisseinenl fut remis aux Hollandais en l(î()9; niais ce ne hit
pas sans tie (jrandes difficultés que loi-d Wllloinjhby réussit ù rinieltrc
la colonic in statu qvo. ciili-e les mains tlfis aiilorités zélandaises,
ainsi qu'il y était, obligé par le traité de Bréda,
l'Iiis tard, le traité de Westminster, qui termina tous les différends
entre l'Anglelerre et les Provinces-Unies, établit eiiie
Surinait) demeurerait, pour jamais, on toute propriété aux Néeilandais.
en échan(jc de la proiiiice de Ne«-"^'ork. contjuise pajles
An(;lais en 1(3(54. et qui sous la domination des états généraux
portail le nom des Nouveaux Paijs-Bun. L'éclian^ fut consommé
en lG74M't, depuis cette époque, la pi-opriélé de Surinam
ne fui plus contestée aux rrovinccs-Unies. En lli78, nous voyons
que le gouvernemenl de la colonic élait confié à uu Hollandais
nommé Heynsius. et »|uele capilaine Lightenlxirgh était commandant
de la [janiison.
Les Hollantlais, pendant les premières années de leur jouissance,
curenl peu de lepos dans lein-s notivelles possessions:
cai'. indépendamment de la perturliation jelée dans l'établissement
|>!ii' le dépail des colons qui avaient voulu suivie la fortune de
l'Angleterre, les invasions joju'nalici'cs des Caraïbes luui- donnaient
à peine le temps de s'occuper de l'administration intérieure
d e la colonie : chaque j o u r , pour ainsi di re, des colons tombaienl
sous les coups des Indiens.
D'un I jlé, la province de Zélande, à qui cet élablissemenl
apisarlenait en propre, élait eontinuellement en contcslation
avec les Provinces-L'nies poui' la souveiainlé de ces ¡)0SSPSsiODS.
lin outre, elle ne pouvait soutenii' les fori es dépenses c|u'il
fallait faiie pour la défiîiise et l'enlretien de celte colonie; en consécjucnce,
la province de Zélande consenlil en U>70 à la vendre
en tolalilé à la compagnie néerlandaise des Indes occidenlules,
qui venait de se formel- sous la protection des étals généraux
des Provinces-l'uies.
Cf'Ite vente eut lieu moyennant la somme de 2.j,G5C livres
sterling, environ 280,047 florins, et comprenait non-.seulemeni
le sol de la colonie, mais les constructions, les provisions de
{pierre cl 1rs munitions, parmi le.stiuclles il y avait liO pièces de
l.a compagnie des Indes occideutales obtint en même temp.s do
leurs liantes piiis.<«inces les étaLs généraux , une exemplion de
loule conlributioii pendant dix ans. Quelques mois après, ce|icndanl,
mal|;ré cet avantage, cette compagnie, trouvanl que les
tlépenses nécessaires à l'entretien de celle colonie montaient trop
haul pour elle .nnile, en céda deiu tiers, l'un à la régence
d'AmsIerdam. l'auti-c à la maison de Somnielsdyek. sur le pied
lin prix qu'elle avait payé, et toutes trois formèrent une société,
qui, sous la sanction de leurs hautes puissances, cul seule l'entière
direclion des affaires <1<! eetlc colonie.
Le marché c ; o n c l u . le seigneur Cornélius >'an Aarsen, chef tilla
maison de Sommelsdyck, el, en celte qualilé. ])ropriétairi'
|K)ur un tiers de la colonie, vint à Surinam avec .'ÏOO hommes de
troupes el quelques malheureux condamnés i» la iléporlalioii. Il
en prit possession le 14 novemln-e 1(>83, comme gouverneur
jp'iiéi-al. au nom des nouveaux prO)>riélaires-
Au moment de l'arrivée de Van Sommel.sdyck, la colonie de
Surinam était dans l'anai-chie: une sa(je adminislralion n'avail
pas encore pu guérir les plaies de deux invasions successives. Le
commerce et la culture étaient anéanlies: tout élait à recom-
Le zèle lie Van Soin niel s<lyck pour rétablir l'ordre fut pris pour
d e la tyrannie, sort trop commun à ceux qui se dévouent à faire
le bien malgré les i-ésistances de l'inlérét indi^iiluel. La création
d'une cliambrc de j)olice. destinée à punir li-s méfaits tiui ti'Oliblaient
journellement la colonic, vint encore ajouter aux plaintes
des colons. On accusait le gouverneur de cacher, sous u n extérieur
religieux, un caractère despotique et cruel. Un j o u r , il fit.
chef Indien,di t -on. trancher la coupable seulemt
quelque inconduile domestique.
DiH'érenles plaintes furent envoyées en Europe contre lui: mais
elles ne furenl ]>iis éeout(-es. En (^ffel, ses eff'orts n'avaient pas été
sans résulUil pour l'avenir de la colonie; il avait i a i l une paix favorable
avec les Cara'ilics, les indiens Warowa et Ari'a^vakfca .
aussi bien qu'avec quelques nègres marrons qui s'étaient établis
sur la Copcname, après tiiie les Anglais eurent quitté la colonie.
Un crime vint arnUer les es)>éranees (|ue donnait son administration
, qui ii'élail (jue ferme el (¡ii'on accusait d'être cruelle et
bru laie,
Eii 1f.88, il fut massacré par les soldiits cpii se plaignaient
d'èire employés comme des nègi es à creuseï' des canaux, cl de ne
Ce fut un jour de parade que ces réclamations lui furent adressées.
Le gouverneur, vif cl emporté, tira son épée: mais il fut à
l'instant frappé de plusieurs balles, et expira sur la place.
M. Vcrbooni. qui l'accompagnait, ne reçul qu'une blessure,
mais elle élail mortelle, el il en mourut neuf jom-s après. Ce
crime consommé, les assassins se rendirent niaitres du fori
Zélandia, et s'emparèrent des munitions de guerre cl de bouche.
La garni.'ton s'étant jointe à eux, ils se choisirent un conimaildanl
eu chef el <liR'érents oHiciers: ils jurèrent de leur être fidèles
el de ne jamais, ni les uns ni les autres, trahir ou quillcr leur
propre cause. Ce ([ni fui très-remarquable <lans celle circonsUnce,
c'est que le nouveau chef onlonna, le jour même de sa
nomination, d'inhumer dans le fort Zélandia, avec les honneurs
militaires el avec décence, le corps du gouverneur massacré.
Les magistrat-s et les habil.nni.s de Surinam se virenl alors dans
une fàcheu.se position, et forcés d 'enhr r en négoeiation avi-e les
B
VOYAGE A SU lì INA M.
insurges. Les principaux arliclesde la capilulation arrêtée avec ces
derniers furent : (pi'ils évacueraient le fort moyennant une assez
faible somme d'argent: qu'on leur peiniettrail de s'embarquer,
de quilter la colonie sans être inquiétés, et de se rendre dans la
IKirlie du monde qu'il leur plairait de choisir. En conséquence, on
en envoya plus de cent à bord: mais ils ne se préparèrent pas
plutôt à lever l'ancre pour partir, que leur navire fut entouré de
petits bAliments armés et disposés en secret pour ce dessein. Les
i-ebellcs, contraints de se rendre à discrétion, furenl bienlôl
api-è» mis en jugement pour meurtre el rébellion. Onze des chefs
furenl exécutés; les auti-es obtinrent leur grace. Mais, comme
on ne pouvait plus se fier à eux. ils furent renvoyés du service
de la colonie, quand on cul li-ouvé des soldats pour les remplacer.
L'année suivante, la veuve de Van Somnielsdyek offrit, mais
-sans succès, de transféiei' sa part de propriélé dans la colonie de
Surinam au roi Guillaume If, qui venait d e mouler sur le trône de
la Grande-Bretagne. Celle mémo annc«. M. Van Scherpenhuysen
fut envoyé d'Amsterdam à Surinam avec des li'oupcs et des munilions,
pour succédera M- Van Sommelsdyck. en qualilé de gouverneur
de la colonie. A son ari'ivée il trouva tout dans la plus
grande confusion. Voulant appliquer le plus prompt remède au
désoixlrc, il établit une cour de justice qui différait de celle créée
l>arsonpr(klécesseur.en ce qu'elle se divisait en deux parties: la
première fut investie de tout ce qui coneemait les affaires criminelles
el militaires: la juridiction de la dernière s'étendait sur les
procè'i civils et toutes les matières d'inlérct.
M, Van Sclierpenhuyseu s'empressa aussi défai r e de bonnes lois
el des règlements, sans négliger aucun des moyens propres à
mctti-c la colonie sur un pied respectable de défense contre ses
ennemis intérieiu's el extérieui-s. La sagesse de ces pi éi>aratifs ne
larda piis à produire un bon effrl. lorsque la glieire éclata enQ-e
la France el les Provinces-Unies. L'amiral Ducasse, qui comiTiandail
une escadre fi-aneaisc dans la mer des Antilles, attaqua
pi-csque à l'improvisle la colonie de Surinam, en mai 1089, avec
neuf vaisseaux de guerre el un gi'and nombre d'autres bâtiments
plus légers. Mais M. de Chalillon, fils de Van Sommelsdyck,
avait si bieu )ji'is ses ilisposilions. «pi'il mit l'escadre ennemie eu
déroute au moment où elle scdisposail à canoiuier le fort Zélantlia.
et que. le 11 mai. elle profita de l'obscurité de la nuit pour
prendre le large précipilamuienl.
l'as,sé celle époque, la colonie Jouil du calme de la paix extérieure,
iM il fui possible de .s'occuper avec sécurité d'organiser
l'ad m in is Irai ion inlérieure el la culture des plantiilions depuis
trop longlenips abandonn.:e.
Un s fit trêve au calme dont jouis.s:iil la
colonie, et. nous le passer! IS sous .sileuce s'il ne témoignait tl'uiie
insistanc^e as.sez rare en fail de procè.s.
EnlB5)2.un Anglais, nammè JérmncCUnhrl.hxl condamné à
êire pendu pour avoir, selon l'accusation, insulu' un magislrat
qui l arrêlail ]ioiu- déliés, La peine de mort fut commuée en une
détention de sept nnnée.s. ((u'il devail subir dans le fort de .Sommelsdyck.
La cour de la Grande-Bretagne .s'élant intéressée à
cette affaire, il fut , en 109Î5, mis en liberté, d'après le va-u du
roi d'Angleterre. Alora, il forma conti'e la colonie une demande
en dommage.s-intérôts de 20,000 guinées, comme ayant subi un
emprisonnement injusle. Cette demande, dont le moindre tort
était l'exagération, fut repoussée par l'administralioii de la colonie.
Après sa mort ses liéritiers continuèrent sa réclamation, depuis
l'an 1700 jusqu'en 1762, sans obtenir plus de succès, el il esl
permis de penser, que si aujouril'hui encore la colonie n'est plus
assiéjjéc de celte demande, c'est grâce i\ l'exlinclion de celle famille
de Clifibrd.
!.ors(|u'en 1712 la guerre éclata de nouveau entre la Eranceel
les Provinces-Unies, l'amiral français Jacques Cassard fit une
nouvelle expédition contre Surinam: animé du désir de venger
l'honneur du pavillon fnmçais et de détruire un des plus beaux
établissemenls des >iéerlandais dans les Inrles occidentales, D'aboi-d.
il ne fui pas plusheiu'cux tjue l'amiral Ducasse, et ftl. de Gooyer,
alors gouverneur de Surinam, le força de renoncer à son projet.
Encore celte fois le foi't Zélandia protégea la ville d e Paramaribo.
L'amiral français ne se laissa pas décourager par cet insuccès.
Quatre mois plus lard, le 10 octobre, il entra une seconde fois
dans la rivière de Surinam avcc six ou huil vaisseaux de guerre,
ut un certain nombre de moindres bâtiments, qui tous ensembli»
portaient 3000 hommes et près de 500 pièces de canon.
Le lendemain de son arrivée, l'amiral Cassard fil monter un do
ses officiei-s dans une ehalou|>e, el l'envoya en jiarlementaire pour
traiter de la contribution avcc les habitants, les menaçant de
bombarder la ville <le Paramaribo, s'ils refiisiiieiil do payer : eepondanl.
la chaloupe Fut forcée de .s'en retourner sans une réponsisatisfaisante.
La rivière de Surinam ayanl, précisément devanl
fort Zélandia. plus d'un mille de largeur, un bâtiment français
armé de 36 canons et plusieurs petits bateaux plats, chargés tie
troupes, trouvèrent, àia faveur tic la nuit, le moyen de s'avancer
au delà de Paramaribo, sans élre aperçus des Hollandiiis, tlans
l'intention de saccager les plantations tie sucre el de café situées
au-dessus de cette ville, el se mirent ii lout dévaster |>ar le fer et
par le feu. L'amiral Cassarti lui-même, s'étanl approché tie la ville
de Pai-amaribo, y jeta plus de trente bombes, el la canonna de
même que le fort Zélandia. jus(|u'au 20 octobre, où il envoya un
secontl message aux Hollandais poin' leur demander s'ils voulaient
enfin capituler et payer une eon tri but ion: il les menaçait,
s'ils osaient encore refuser ses propositions, de détruire et de
brûler loule la colonie.
Les Néerlandais, voyant leur porte inévitable s'ils ¡»rsistaienl
dans leur première l'ésolution, tlemandèretil un armistice d^^ liois
jours pour délibérer, ce qui leur fut accordé: cl, à la fin, ils acci
plèrent les propositions du l'amiral Cassard, En conséquence,
le 24 octobre, on signa de part et d'autre un traité de S i articles.
La cnntribuliontle;>0,lH8 livres sterling, environ 800,000 florins,
exigée par les français, leur l'ut payée principalement en sucre,
en nègres esclaves et marchandises, >u epril n'y avait t(ue peu
d'or et d'argent dans la colonie. Aussitôt le jwiement efïèeluc^