CHAPITRE VIII.
Les Bosch-Nègrcs ou Nègres-Marrons. — Leurs Moeurs. — leurs llaliitudes. — Leurs Croyaocesl'our
savoir quelle esl l'origine de celle espèce de Dcyres libics
qu'on appelle Boidi-Nègres, ou nègres-ruarroDS, il faul remonler
à l'époque de la conquête de ce pays par les Européens qui
vinrent s'y fixer, en amenanl avec eux leuis esclaves ou leurs
noii's, originaires des côtes de la Guinée ou d'Angola en Afrique,
lis conservent toujours leseoulumes religieuses el civiles de leur
pays natal, ainsi que leur couleur, loi-squ'ils ne s'allient qu'entre
eu^. Leur taille est foite; ils oui les membres gros et forU, la poitrine
large cl bien développée, le visage et le nez plati, les lèvres
épaisses, les dcnU belles el très-blanches, Leius cliefeux et Itur
barbe cousislenl en une laine cotonneuse, forle, courte et crépue.
Dans lui âge avancé, ils deviennent gris comme les Eui'opéeus
(Fig. 91. o).
Ces boscU-nègres tiennent donc leur origine de quelques esclaves
noirs, que l'on appelle aussi Mni-rom, cl qui, après s'être
sousti'aits à la domination de leurs maîtres, profitèreul des troubles
intérieurs qui régnaient daus la colonie el qui étaienl causés
par les invasions des ennemis, pour échapper à l'esclavage. Ils se
fixèrent le long des rivières, dans des forêts el au milieu de marais
presque inabordables, dans Ies<iuel8 il élail impossible de
pénétrer, el où, sous le commandcmont de quelques ohefe, il.s
s'étjicnt relnuichés iiour se uietti'e ù l'abri des attaques qu'uii
aurait pu diriger contre eux poui' les i-econquérir.
Ainsi leiM' uomlii'e allait s'accroissant, tous les ans, des esclaves
fugitift qui parvenaient à se soustraire ii leurs maitres, et se sentaient
fiitrainés vers celle vie de liberté que menaient les tribus
de letii-s coinpaguons sur les tei'iuins demeures vagues à cei lains
points de la lisière de la colonie.
Vers 1()50 à 1000, ces mandons commencèrent à iuquiéter les
i»Ioii8 anglais |nu' des inciu'sions violentes (ju'ils firent dans les
plantations.
En 1000, ils s'étaient déjà tellement accrus, qu'on estimait leur
nombre à environ cinq ou six mille. Aujouid'liui ils peuvent s'élever
à 2iS ou ôO mille individus.
Les attaques que ces marrons dirigèrent contre la colonie, devinrent
si frequentes, el elles éuienl toujours accompagnées de
tant d'ab'ocitcs, que les issues des plantations étaient devenues
en quelque sorte le théâtre d'une guerre continuelle. Dans le»
années 1750 el suivantes, leur exemple eut pour résultat d'encourager
les esclaves des habitations à se révolter à leur tour, et
les colons ne jwuvaient plus y rester en sùrelé, pressés enlre le
•loid>le danger qui les menaçait au dedans et au dehors. Ou se
détermina donc à oi'ganiser des patrouilles; on envoya contre les
marrons de forts détachemenU bien armés et bien décidés: mais
toutes ces mesures i-estèrent sans succès, quoique l'on parvint
quelcjuefois à les dispei-ser, à ruiner leurs habiti.tions, leurs villages
el leurs retranchements, à détruire leui-s provisions et a
faire des prisonniers. Mais, si rude que fiil la guen^e qu'on ne
cessait de leur faire, cl si gi^ande que fut l'ardeur qu'on mettait à
les poursuivre, les alarmes qu'ils répandaient n'en continuaiunl
pas moins, et eux-memes { it chaque
el croissaient chaque jour en audace.
Dana le premier chapitre de cet ouvrage nous avons dit quelles
luttes les liabitants de la colonie eurent à soutenir, à l'origine,
nou-seulemenl contre les Indiens mêmes du pays el contre les
nibustieis, les Anglais et autres ennemis de ces établissements,
mais aussi conU-e les oègres-marroiis, qui, refoulés au fond des
savanes après s'être échappés des planUÜons, avaient à la fois à
se venger de leurs maib'es el ù chercher de quoi subvenir à leurs
besoins. Ce fut par des attaques réitérées contre les colons qu'ils
siitisKrent à ce premier besoin, et ce fut par des rapines constantes
dans les élablissemcnts qu'ils satisfu-ent au second. Ces