16 VOYAGE A SURINAM.
fleuve. De chaque còtó ck cotte monlagne s'éleud une vallée où,
sur un lit lie sable cl do cailloux, scrpenlciil Ics earn <le deux
sources, rivales de fraîcheur et de limpiditt!- Des bois épais formeiil
un rideau de verduit: qui se déroule de la maniere la plus
pittoresque au fond de ce gracieux paysage. Tel esl le lieu que
les juifs ont choisi pour fondei- une pelile ville ou plutôt un
village, qui piil leur fournir une liabilation à lucai't, daus un
temps où le funalisme cl rintoléi-auce les s(-pavaieut encore du
resle des hommes. C'est là qu'ils vinrenl se i-éfuijior pour se soustraire
aux persécutions el aux outrages qui menaçaient chaque
Jour leur exislence. La savanne des Juifs (Jooclen-Savannah),
n'est pas sans im))orlance commerciale; c'est le point intermédiaii'c
entre le Iwul et le bas pays. Le travail et Imthislricuse
activité du SCS habitants ont rapidement acci-u sa prospéiilé. Ils
y ont établi ime synagogue et une école supériein-e.
Paramaribo, la savanne des Juifs et Nikei-y, ce charmant village
noiivellcniont bàli sur les bords du Coirnlin, sei-vent de
séjour à la ciiH|iiiènic parile cn\ iron des individus qui composent
in colonie. Le resle habile les plantations, ou quelques hameaux,
jetés pour ainsi dire à l'écart et à des dislances éloignéojs.
Les nègi-es révoltés ont établi dans rintérieur de la colonie trois
petites républiques, ce soni celles des Anka, des Colliea, des
Sai-ameca, dont l'indépendance, protégée pur des forêts et des
fleuves, a été reconnue par les Hollandais. Considérées en général,
les differente.s l'ivièi'es de la colonie de Surinam offi ent une
grande lai-geur, mais peu de profondeui-. Leuis eaux, qui s'étendent
dans ime largeur d'environ deux à quatre milles, sont
exlrémement basses cl pai-semées de sahh.'s. de petites ¡les et
de rochers qui forment souvent des cascades assez élevées el
assez nombi'euses. Dans toiitcis ces rivières sans exception, l'eau
baisse et monte avec la marée à plus do soixante milles tie l'ciiibouchiirc.
Cependant on renconU'c ¡jénéraíement des courants
d'eau douce, à la distiince de vingl-qiiatre ou trente milles de la
mei-. L'eau de la l'ivièi e de Surinam esl l'egardée comme la meilleure,
et .los matelots en vont chercher jusqu'à la savanne des
Juifs, qui est à plus de quarante milles de J'araniuribo.
L'aspect général de la colonie de Surinam offi'e ((uelque chose
d'ex U-.iord in aire, d'unique même pour ceux qui ont vu la Hollande.
Une vaste plaine, absolument horizontale, couverte de
plantations florissantes, revêtue d'un voi-t tendi'e, aboulil <l"uii
côté à un rideau noirâtre de forêts i m pénétra bles, el esl baignée
de l'aulre etite par les flots azui'es de I Océan. Ce jardin, conquis
sin' la mer et sin' le désert, est divisé en un grand noinbie de cairés
environnés de digues, sépaixîs pai- de larges routes cl par des
canaux navigables. Chaque habitation senible un pelit village à
part, cl le lout ensemble réunit, dans nn élroit espace, les charmes
do la cullui-e la plus soignee aux attraits de la nature la plus
La colonic de Surinam ne possède, à vrai dire, qu'une seule
ville, el celte ville est Paramaribo.
La ville primitive que rejiréseiile aujourd'hui Paramaribo, était
située huit à dis lieui's plus haul qu'elle ne se Irouve mainlcnaiil
el s'appelait Paremboui-g, ou, .suivant d'anciens registi-os, Surinamshurg,
nom qui, lorsqu'elle fui prise par les Zél an do is en
l'amiée I6(!7, Fut changé en celui de Niciiw-Middelburg. Les
difficultés et les obstacles qu'épi-ouiaient les vaisseaux menant
d'Europ«' pour y aborder, les attaques el les guerres eontiiuielles
auxquelles elle se trouvait exposée, les d<!vastalioas qui en étaient
les résultats, déterminèrent les liabitanls à l'abandonner et. venir
se placer sous la protection du fori Zélandia, dans ce même
bourg où se trouve à pi-ésenl ta ville ou eapilale, el qui pouvait
compter tout au plus imc centaine de maisons, Le fond sur lequel
est construite la ville de Paramaribo osl un sable mêlé do coquillages
de plusieurs espèces. A la profoiuleur do 6 ou 8 pieds,
on Irouve des fossiles marins, ce qui fei-ail croire que le terrain
sur lequel est placée la ville, ainsi que les teri-es basses, étaient
iincieimemenl couverts par les eaux de la mer. On voit en effet
chaque année de nouveaux li'i'rains se former apics chaque inondation.
La mer abandonne continuellemonl uu dépol do vase
ou de sable qui. en formant des dîmes en plnsieui-s endroits,
crée lenteuienl la bairièrc (|ui un jour doit arrêter ses envahissements.
L'on rencontre aussi sur ce lorrain quelques tertn-s isolés
qui paraissent avoir élé ancienncmeiil des îles; les alluvions successives
les ont enveloppées el i-éimies au coiiliiienl. Plusiein-s
opinions s'élèvent sur l'origine du nom de la ville de Pai-amaribo.
Les uns souticnnenl qu'il fait allusion àcelni de Lord Willougliby.
qui ajoutait à sou nom le litre de ofPrtrhnnii d'autres, qu'il vient
de la rivièi-e de Para, nue des premières dont les bonis ont été
habités. D'autres prétendent qu'il y a^ail en col endroit une
Iwui'gade indienne, nommée Panai-ibo, don t les Européens aiu aient
pris possession, pai'ce qu'elle se trouvait dans une position plus
élevée el plus commode, et sur laquelle on aui-ail construit une
redoute qui fait partie maintenant de la forteresse Zélandia.
Le nom de Panaribo, qui veut dire eo indien ou galihis. Bourij
de» Amis, sérail devenu par eorruplion celui de Paramaribo.
Ouoi<(ii'il soit presque certain que les Portugais ont été les premiei
s habitants de celle ville, on a vu déjà que les Anglais, qui
en fui-ent possesseurs api'cs les Portugais, y firenl de noLnbies
agrandi.sscinents. A)jrès eux vinrent les Zélandais sous le gouvernement
de Van Sommelsdyk qui, à son arrivée, n'y trouva
que cenl cinquante maisons. Mais elle doit surtout son inipm--
tance elses embellissements au gouverneur, M, Nepveu, par divei
scs concessions qu'il fit aux blancs, aux ci-éolos et aux nègres
affianchis. Elle j>ourrail êtr<? alors i-egaiilée, à i-aison de l'élendne
et de la commodité de son port, comme la ville la plus belle el
la pins avantagcu.semcnt siluée de louli's les posses.sii>ns de l'Ami'-
i-ique méridionale. Elle pouvait avoir de 8 à 000 maisons avant
l'incendie du 21 janvier 18-21. Elle se n-levait à peine de ses
ruines, lorsqu'on un incendie plus violent encore vint la
ravager; jilus de lUOO maisons ont élé la pi-oie dos flammes. On
on voit eneoi-c les ruines, mais cliaquo jour effiiee les ve.sligesde
cc iiiallieureux événement, el on (leut dire que la ville n'aura
bientôt plus à le regretter. Les nouvelles cousIructions font
disparaîti-i: peu ù peu les derniers restes de ee sinistre. et