VOYAGE A SURINAM.
Mais ce qiii éloDue plus encore, c'est que, à travers des destinées
si orayeiiscs et ¡i travers lant de périls, ce« colonies aient
pu se mainlenii'. Ennemis du dedans, ennemis du dehors, il a
fallu tout combattre. Les voisins jnloiix, il a fallu les paralyser.
Les r«Toltcs des esclaves, il a fallu les comprimer. Tout cela n'a
pu se Inire qu'au prix des plus jjraDds sacrifices et (juc piii' des
siècles de courage et de persévéï-ance. On conçoit que ces luttes
ont dû entraver plus d'une fois <l»ns sa marche le développement
de ces établissements, et que, chacune d'elles terminée, il y avait
des désastres à réparer et des plaie.s à {¡uérir. Mais, en dépit de
tous ces obstacles et de ces difficultés, ils ont survécu et ont
justifié celte vieille devise de la Hollande ; Luctnr et emerijo.
On sait à quel degré de spiendeni' la colonie de Java rst parvenue.
Celle de Surinam est loin encore, il faut le dii-e, d'avoir
atteint la même |jrospérité. Aussi celle-ci a été soumise plus
d'épreuves que celle-là.
Surinam cependant est appelé à des destinées meilleures. Sotis
l'adminislralion sage et habile sous laquelle cet élablissement est
placé, il n'y a pas de doute qu'il ne soit bientôt en position de
fournir, comme celui des Indes orientales, une source abondante
de richesse à la mère-potrie, et de compenser pnr son produit
les sacrifices énormes et continuels qu'elle n'a cessé de faire
pour la maintenir et l'améliorer pendant une période si langue
et sous le poids de circonsLinces s
ri. - Banque. _ Picl.(;gru. -
Comme nous le disions en commençant ce livre, nous
n'avons pas pix-lendu écrire sur la colonie de Surinam un ouvrage
lie science et de spécialité. Nous n'avons voulu indiquer
que ce qui nous a frappé en visitant cette partie si intéressante
de l'Araéiique, nous, simple voyageur, qui l'avons parcourue en
observateur et en artiste , moins qu'en savaut. Toujoui's le
crayon à la main , nous nous sommes appliqué à reproduire
tout ce qu'il y a de pittoresque et d'inconnu dans ce pays si vierge
encore et si digne pourtant do ratlenlion de ceux qui, voyant
se niveler chaque jour davantage les moeurs et les natioDalités
européennes, mettent de l'inlérêl à l'étude de maul's plus primitives,
de nationalités plus intactes. ÎSous avons ainsi introduit
le lecteur dans la partie de cette belle colonie à laquelle le nom
de la Hollande est resté attaché. Nous lui avons déroulé en
quelques pages l'histoire des vicissiludes que celle portion de la
Guyane a subies, Nous lui avons déci'it tout cc que celte nature
opulente produit de choses, les végéLitions qui y croissent, les
animaux qui sont là sui' leur sol, lis races humaines qui s'y
agitent. Nous n'avons pas oublié de lui parler de l'activité industrielle
qui s'y révèle, ni des usages qui y régnent, ni des
pi'atiqiies bizai-res qui s'y perpétuent piirnii les nègres colons et
parmi ceux qu'on appelle iiègres-niai'rons, population nomade
(les savanes. Nous l'avons introduit dans la maison du plauUnir,
dans la hutte de l'esclave, dans le couibé des missies. Nous
avoivs piiiiélré avec lui dans les forèls des bosch-nègi'es et .sous
li;s huiles des Indiens. Toute cette nature, toute cette activité,
toute celle vie, toules les moeurs si piquantes, tous les costumes
si variés de ces hommes, nous avons essayé de les Iraduire aux
yeux du lecteur avec toute lo conseicnce dont nous avons été capable.
A coup siir, la bonne volonté ne nous a pas manqué pour
cela, le courage non plus: car du courage il en a fulki pour courir
les périls de nos excursions dans les inhospitalières et dangereuses
solitudes, dont les Marrons et les Jaguars sont à peu près
les hôtes uniques. Nous serions bcurcux si nous avions réussi à
donner, dans le cadre étroit que nous nous sommes tracé, une
idée générale de la partie des Indes occidenlales qui est demeurée
à la Hollande, Au moins, nous pensons qu'ici se trouve pour la
première fois réunie une galerie complète de vues, de costumes,
descènes, d'ustensiles et de cui'iosités naturelles de cette belle
Toute que u s dit, n us lavons vu par nos yeux et
ns aucun parti pris d'avance,
Tout ce qui nous a frappé, l'avons fait connaître à nos
lecteurs.
Beaucoup de voyageurs se sont occupés, avant nous, de la
Guyane hollandaise, et ont fourni des ouvrages où l'on pourrait
trouver plus de science. Itlais, à coup sur, aucun de ces hvres
n'est plus consciencieux que le noire.
Presque tous ces ouvrages sont ou singulièremenl incomplets,
ou singulièrement faux, parce que la plupart des voyageurs s'y
sont transportés avec des impressions toutes faites ou avec des
pi'éjiigés qui ne leur permettaient pas de voir les choses dans
leur véritable jour. Nous, nous n'avons apporté aucune sorte
d'impressions dans notre voj-age ; nous avons été les y recevoir.
Ainsi Stedman raconte que, de son temps, les plaines de Paramaribo
étaient l'enfer des populations nègres, et il produit
des détails de barbarie qui sont cntièiement en dehors de la
nature humaine. Nous, nous avons vu ces populations traitées
vee la plus ¡p-ande douceur. D'ailleurs , et c'est u
e peut refuser aux Hollandais, peu de nation;
? justice qu'on
ml su établir