VOYAGE A SURINAM. I?
la ville rcpi'Piid son aspcct aussi ck'gaiil que riclie. Les rues soul
lai'RCS. parfailemeiil cli-oites el sabliks clt gravier ou de eoquillagns
à la manièri; liollamlaise ; à I'.ixceplion de cinq ou six, oilt-s
sont, tif^cs ail coixleau. Elles sont bonUk« de chaque c6lù d'allées
de eitroiMiiers, d'oiaiiyei-s cl de tamariniers, loujoui'S eliarçés
de llcursoii di: h-iiils, els'éievanl à une bailleur de 25 à 50 pieds.
Lorsque lous ces ai'iires llpurissenl, ce qui arrive deux fois
par an, ou osl embaumé le malin et le soii' de leur parfum et
(le celui des fleurs dont les jardins sont ¡jarnis. Si ce moment,
où l'air esl iinpréjjtic de cello odeur délicieuse, n quelque chose
(le ravissant qui ne saui'ait s'analyser, ce moment esl aussi bien
coin-l. f.'aurore ne dure que peu de temps. Le soleil s'élève per-
|}cuiliculaircnienl à la voùlo des deux , ni bienlùl sa clinleui'
brûlante fait disparaître, avec l'iiumidilé de la uuit, cet air si
piu' el si a(ji-éable qu'on veiiail de respirer.
Lesplaeespubliquw.éij'aleinenl ombragées par de beaux arbres,
>onl vaslos et iHÎfîulièies, Cbacjuc jour de.s esclavis e(
Mil basliendiigouvernemenl, eutèvenl les boues (-1 le mino udi ces;
enfia on i-eli'0uvc dans celle ville toute la propret«! Iiollantiaise.
Les maisons sont généralemenl consliuiles en bois plus ou moins
précieux, quelques-imes le soni en briques, el deux seulement en
pien-es. Les fenêtres, au lieu de vitres, soni garnies de rideaux <le
{•aze, el d«^ volets parfaitement disposés pour préserver de la
chaleur. Les liabilalions sont en général élégamment ornées de
]K."intures, déglacés, de dorure, de lusires de erislul et de vases
<le porcelaine. Les murs des cliainbiis ne sont jamais enduits de
plàire ni Uipissés de papiers, mais ils sont lambrissés dn bois
On trouve or<linairemeut à chaque maison un jardin assez spacieux
qui renferme des pai'lcri-es de tleur-s, dos touffes d'urbusles
et un potnuer.
Le pari est garni dembai^.dères d'im aboul facile (Fig. G. 7 ).
ville de l'anunaribo renferme im as.sez gi-and nombre <!'é-
.lifices publies. Les principaux sont le palais du (jouverneur, qui a
élé primili,émeut bâti en briques, el ne fut achevé quVn 171(1
sous le ßouvei'i,eii».nt de M. .Jean de Goyer. Cl.aqne gouverneui' a
eu soin il'y ajouter <iui-Ique embellissement: mais, comme la première
eonstruclion a été déf.-clueuse, on aura bien de la ]>oine à
lui dünner laird'un palais. C'est sous Son Excellence le gouverneur
Fr(!derici,quaété exéculéo la fa<.-ade qui se voit maintenant. Cependant,
comme ce palais se Irouve au milieu du Phin ou place
darmos. et qu'il est boi'dé de chaque côté par une belle allée de
tamarins, il offiv ,ui coup d'oeil assez majestueux, surtout quand
"n le regarde du còlè de la riv ière (Fig, 8 cl 9).
Ce fut sous in.e dei allées qui l'entourent, que le ( 7 juillet 1 (iS8
cul lieu l'as&issinal du gouverneur Van Sonunelsdycfc el de
M. \ erboom . dont nous avons déjà raconté les détails.
Ces allées sorvcnl tie pmmenade pubUijuc. Vous y u-nconlrez,
à cei-taines heiuvs du jour, l'homme d'IÌurojse, rindien el le nègre
qui se croisent, la niissie, qui étale à la brise .ses épaules brunes ou
non es, l'liuropéenne, qui aspire avec délices la fi'aiclie.ir de l'air,
monde bariolé qui pressente lecoupdml le plus divers (Fifj. 10).
Sur la même place et à une ci-nlaiiie de pas de la maison du
gouvenieui'. se li ouve, sur le boni de la rivière, la foi'toi'csse Zélaudia,
dout nous avons déjà donné la descrijilion. On y ai'i'ive du
C(ité de la place ¡«ir un ]>onl-levis. lille renferme les pi'isons civile
et mililaii-e. Un bataillon de chasseurs et de canonniers en Corme
oi-d ina i rement la garnison (Fig. 28). Il y a encoi'c un balaillon ou
corps de doux cents nègi'cs affranchis, qui a éW foi'mé en 177-2.
et <|ui est d'une grande ulilité pour la colonie, loi-squc celui ([ui
le couiman<le est habile et brave. Ce corps de nègres esl exei'cé
au maniemenldesarmcs, supporte plus facilement que l'Européen,
le climat el la chaleur, cl se contente d'une faible paie. Ce corps
a élé quelquefois employé contre les nouveaux nègiv« niari'ons
qui se .soni établis dans les foivt« voisines des plantalions. el
sin'toul deri'ici-e les rivières de Pai'a, Cottica ca .Saramei-a. Ci>s
expéditions ont presque toujours élé coiu-onuée.s dir succès. Ils
sont ordinairement accompagnés d'un agent de police et de Kisliens.
Ces derniers soni des nègres eselavc.s ciiargés de sui veillei'
les antri« el de los cbàliei- lorsqu'ils en ont retju l'oi dro (l'ig. 20).
Sur la même place, du cdlé opposé, se voit le palais dejusliecr
qui fut bâti en 1774(rig. 27). Il est construit en briques, el devant
la façade on remarque la pierre qu'y posa le célèbre navigateur La
Condaminc, lors de son voyage autour du monde. Cette piei re indique
les quatrepoinls cardinaux. C'est dans ce palais ques'assemble
quatl'C l'ois par année la cour île justice; mais le premier ti ibunal
de police ou ci iminel est obligé de siéger toutes les fois qu'il y a
des cas urgents. Le second tribunal esl celui qui s'occupe des affaires
civiles. La troisième cour est cbaqjt^ des affaires de peu
d'impoi tóncc : c'est là que se terminent toutes le-s discussions d'inléi
èl. Maintenant il n'y a plus que deux cours. Dans la belle rue
dileGrave-Sti-aat se ti-ouve, en venant delà Place d'Armes à droite,
l'église catholique bàlie en bois (l'ig. 11). C'était primitivement
la salle de spectacle. qu'on a supprimer. C'est en 1783 que les
catholiques ublinrenl l'agrémenl. des États-Généraux pour avoir
une église pubi il jue, el c'est le Í ' ' aoùl1787, qiùme grand'messi'
en musique à laquelle assislèrcnl toutes les autorilcs civiles el mililaii
es, fui célébrée dans cette salle, ainsi li-ansformée en église.
lin suivant la rue do Giave-Slraat, et du loèmc côté csl placé
l'Iiiipital civil el militaire, bàli par le gouverneur Crommelin
en 1738 ou 17ÜÜ (Fig. 15). Cet édifice. qui esl en bois, e.sl large
irt spacieux. Il contient des salles fort belles et fort commodes
pour le.s malades. Il esl garni d'une bonne pharmacie et dirigé
par d'babilcs médecins ol chirurgiens. Les malades qui sont conduits
à l'hôpital, soil civils. .soit militaires, sont parlés par des
nègres dans dos espèces île boites téi-méos pai' des loiles.
La chambre des or()l(elins ou wces-kamcr se tiouvc à quelques
rues de là : c'est un beau bàtimi'iit con.siruit eu bois.
L'église des proU'StanLs réformés, qui dominaieiil auli'ofois
dans lo pays, a élé coasumée par l'ineenilie, ainsi que la maisonde
ville, Ces doux bàlimenis étaient situés sur la place ou marché
aux légumes, fruits et volailles. Celle place, qui forme un cani:
long, servait autrefois de cimetière (Fig, 15): mais, depuis un
grand nombre li'années, le gouvernemenl . craignant la coula