voir avec leur physionomie, leurs moeurs, leurs habiludes, leur costume. Les voyages ont
ainsi pour tout le monde un intérêt toujours vai-ié, toujours puissant.
Mais l'Europe est vieille. Il y a trois siècles déjà que Yasco de Gama lappelait la vieille
Europe. El, depuis Yasco de Gama, combien de rides de plus lui sont venues au front!
Aussi, possède-t-elle un coiu où l'oeil de tous n'ait pénétre? L'Espagne pourrait-elle citer
une de ses villes, chrétiennes ou moresques, dont nous ne connaissions tous les moindres
détails? Lltalie et la Suisse offrent-elles un site que nous n'ayons vu cinquante fois dans
tous les Keepscakes de Londres? L'Allemagne et l'Ecosse chantent-elles une ballade dont
nous ne sachions par coeur la musique et les paroles? La Hollande possède-t-elle un canal
que nous n'ayons sillonné, la Suède un fiord où nous ne soyons entré? La France a-l-elle
laisse ignorer quelque chose à ses pittoresques sans nombre? L'Angleterre fabriquc-t-elle
une machine que nous ne voyions, le lendemain de son invention, fonctionner dans nos ateliers?
La Russie elle-même n'est-elle pas à nos portes, grâce à nos bateaux à vapeur qui
nous transportent en quinze jours aux quais de Saint-Pétersbourg? Ainsi l'Europe n'a plus
rien à nous apprendre, phis rien à nous montrer, que nous ne sachions au bout du
doigt.
A nous donc les autres parties du monde.
Aussi, avec quelle ardeur nous y avons voyagé depuis quelques années! Rien na pu nous
fatiguer. Avec René Caillé nous avons parcouru les grands déserts de l'Afrique et visité la
mystérieuse Tombouetou. Avec Solvyns, Jacquemont, Poujouhit, Raffies, Yan den Bossche
et dix autres, nous avons fouillé tous les recoins de l'Asie. Nous avons suivi le capitaine
Parry sur les glaces du pôle, et Blosseville dans toutes ses aventureuses expéditions. N<ms
avons grelotté sur les neiges boréales, et sué sous le soleil des tropiques. Hier encore nous
étions en Circassie avec l'intrépide armalevn- du \ixen. Mon Dieu, que n'avon.s-nous pas vu?
Le continent américain n'a pas été oublié. ÎNos pieds ont arpenté le Brésil avec Ferdinand
Denis, les Etats-Unis avec Roux de Rochelle.
Mais il vous reste encore un voyage à faire en Amérique : nous voulons dire dans cette
Guyane que trois pays puissants se disputèrent si longtemps, et dont chacun de ces trois
pays. l'Angleterre, la France et la Néerlande, possède un lambeau sur la cai'te de ses colonies.
Aujourd'hui voici qu'un intrépide voyageur s'offre à vous servir de guide dans une
partie de cette contrée, si peu explorée encore et si peu coniuie encore, dans la Guyane
néerlandaise, à Surinam. 11 a parcouru toute cette terre si vieille et si neuve. Il connaît
tous les méandres de ce fleuve qui porte des vaisseaux à trois ponts, tous les «létours des
criques innombrables qui sillonnent ce sol poiu- aller rejoindre ce fleuve comme les veines
une artère. 11 est entré dans les savanes des nègres-marrons: il a fraternisé avec les habitants
de Paramaribo, comme avec les Indiens demi-sauvages encore des forêts, Il vous
conduira dans ces forêts, dans cette ville, dans ces savanes. Il longera avec vous le fleuve
pour vous dire les noms des forts ([ui le défendent, et les criques pour vous dire le nom
des villages et des plantations qu'elles baignent. Et quand vous aurez vu tout cela, il vous
racontera les moeurs, les habitudes, les coutumes, les industries, toutes les occupations physiques
et intellectuelles, toute la civilisation des hommes de Surinam.
Puis, après vous avoir parlé des hommes, il vous parlera des choses, des produits de ce sol si
riche, si beau, si resplendissant, des animaux qui peuplent cette terre, des arbres et des plantes
que cette terre nourrit. Ce voyage sera plein d'un puissant intérêt, et il sera aussi facile
([u'intéressant. car vous le ferez dans un livre.
Ce livre, le voici.
Amm YAN HASSELT.