54 VOYAGE A SUIUNAM.
iiictiquemeut Furiii^e ; aussi, il y i-ègne aiu> fumée capable
(i'éloiiffei' ]c plus robuste européen, mais qui ne les incomiuode
en aucune manièi^c; elle sert d'ailleurs à éloigner les cousins, 1«
moiisliques el les auln's insectes qui abondent uecessairEincnl
dans ces climats.
Leurs ustensiles de ménage ne se composent que de poU ou de
cruches indiennes, de petites cuvettes à lessives, de calebasses
et de piigales, pour i-cnfermcr leurs habillements de cerémonic
el de fête.
Leur nowriliire consiste en bananes, en maïs, en patates, en
toutes sortes de léjumes, d'herbages el de fruits, llsaimenl surtout
à sucer la canne à sucro. Ils préfèrent le bakkeljauw au
poisson h-dis ou même à la viande. Leur boisson ordinaire est
l'eau; mais le dram ou rhum eslpour eux un délice souverain.
Enfin, hommes el femmes, ils sont grands amateurs de tabac
en poudre el ù fumer.
Lor.iqii'une négresse est eiiceinle, son venire prend une grosseur
cl un voliunesi éuoi'mes, qu'on s'attendrait presque à la voir
mettre au monde deuï ou trois enfants. Cependant, elle n'en
pi-oduit ordiiiairemenl qu'un, dont elle se débarrasse avec une
étonnante facilité. Cependaul on a étibii à l'aramaribo des maisons
tenues pai' des sages-femmes el où les négresses esclaves
qui sonl enceinles, vont faire leurs couches aux li-ais de leiire
maîtres.
La négresse enceinte continue de ^ aquei- à ses travaux, souvenljusqu'aii
joiu' même de raccotichemeiil, ¡jour lequel elle n'a
besoin que d une Toisineou sage-femme qui reçoille nouveau-né:
ensuite l'accouchée lave elle-même son enfiinl, el le met à terre
dans un pantyez ou morceau de toile de coton, i'uis elle se lave
dans une cuve d'eau tiède. Après s'élra reposée pendant quelques
heures, enveloppée dans une couverture, elle donne le sein à son
enfant- Jamais vous ne verrez une négresse ou une indienne
coucher son enfant siu- le dos. mime quand elle le prend sur
ses genoux. Loi'squ'elle veut lui administrer quelques médicaments.
elle le couche toujours sur le coté ou bien elle le pose assis
et la tête levée.
Quatre ou cinq joins apiès l'accouchement, elle se rend avec
son enfant, si c'est un garçon, chez le maître, si c'est une fille,
cbeï lamaitressc, pour savoir quel nom on donnera au nouveauné.
Celles qui sonl chrétiennes le fout baptiseï^ à l'église, et elles
font des gâteaux qui se distribuent, sur de très-beaux plats, aux
pai enls el aux amis. Cette céi'émonie finie, elle s'en retourne dans
SI petite case. Le moment étant venu de i-eprendi'e ses occupations
journalièi-es, ce qui a lieu ordinairenieul si'pt ou huit jours
apn'a l'accouchement, elle enveloppe son enfant dans un peu d<-
loilesur son das. lui laissant tous ses membres libres et elles'en
va se livrer au travail.
Lus négresses esclaves sonl en général d'excellentes mères. Aussitôt
qu'elles ont commencé à allaiter leur enfant, ce qu'elles
font toutes, elles s'abstiennent, pendant quelque temps, de toute
communication avec leurs maris.
Le lumps que dure l'allaitement est pour elles une admirable
I de faire à leur aise le Mkie-rnkic. Ul Dieu sail si, dans
ces moments, le prochain esl épargné el si les affiiires de ménage
des connaissimces et même des amis restent à l'abri de toute
atteinte et ne sonl pas sacrifiées à riin|)iloyablc indiscrétion dont
elles font toujours preuve en ces circonstances (Fi(;, 88).
A la mortd'tm nègre ou d'une négrcss«!, tous les assistant-s
poussent des cris effroyables, se jetant sur le corps du mort, el
lui adressant pliisietn-s questions auxquelles nécessairement le
mon ne répond pas. Quand ils sesonl bien assurés p r s o n silence
qu'il a réellement cessé de vivre, ils disent :
— Il est morl.
Alors ils le lavenlet le mettent dans un cercueil, Le mémo jour,
ou le dépose en ten-e. On voit souvent assister à ces funérailles
deux à trois cents pei-sonnes, Les bonnncs uiarelienl les pi eniicrs ;
ensuite vieiment les femmes et les etifimU. Celte cérémonie est
toujoui-s suivie d'une collation composé« de piuich cl de gâteaux.
Les pai'enLs portent le deuil, (¡ui se divise en grand et en potil
deuil, pendant un certain temps. Il y a même de vieilles
négresses qui ne le quillent jamais, en mémoire de leurs maîtres
ou de leurs maris, quand elles ont eu le malheur de les perdre.
Les nègres qui ne sont pas chrétiens tiennent beaucoup h leuiculte,
qui consiste en une danse, laquelle n lieu le samedi ii
minuit, au clair de la lune. Celle cérémonie se lient sous l'arbre
appelé kuttenlrie, le plus fort el le plus baul de loule la colonie;
il ressemble, comme nous l'avons dit, au grand noyer il'Europe,
el ils l'adorent comme une divinité, Li danse religieuse,
qu'on appelle vulgairement Mamn, esl connue aussi sous les
noms divers de Wentie, de Waiennama, de iMapokora et
Dans les premières danses, le sacrificateur ou quasi est habillé
comme un chef africain, tenant d'une main un couteau recourbé,
cl de l'autre, une branche qu'ils appellent sang-rafoe. et av,.n
laquelle le quasi fiappe ti
s les assistunU, placés autour île li
et de l'arbre.
Ceux-ci i-épondent ;
— Tata, lata, helpinvv
Toutes ces cérémonies
accompagnées de baltemenU de
tellemenl fortes el si violentes,
qu'on croirait tou.s ces hommes près de tomber en défaillance.
Quand ils célèbrent la fêle Ajainie Wenlie, ou le sacrifice au
tigre, on doit avoir quaraute à cinquante oiseaux. A un signe
donné par le siici'ificateur, dont les habilIemenU sonl blancs cl
tachetés comme une peau de tigre, ces pauvres oiseaux soul
déchirés par les assistants, au milieu de hurlemcnU convulsifs el
de cris eft'royahles. Ils sont ('nsuite apprêtés el servis ptir les mains
du siicri fica leur, ainsi que les boissons el les autres .spiritueux
qui onl été déposés préalablement an pied de l'arbre par les plus
dévots el les plus fanatiqura d'entre eux.
,1'ai as.sisté,unc nuit, à une de ces cérémonies, avec uneix^lu
qui me servait de guide el de protecteur, dans un bois voi.tin de
la ville elappelé l'icorno-basch. Et j'ai pu voir ainsi de mes yriix
lout ce speclaclc aussi pittoresque! que singuli<'i-.
M,