
O B S Ï R Y A ’T I O H S .
Quelque grands que soient les rapports des p o u lp e s , Soit
avec les calmars, soit avec les sèches , on peut néanmoins les
considérer comme constituant un genre particulier, qui est même
très-distinct des deux autres. En effet, les poulpes n’ont que
huit bras, tous allongés et à peu près ég au x , et n’ont jamais
leur sac garni d’ailes ou de nageoires ; tandis que les sèches et
les calmars ont constamment dix bras, dont deux sont plus
longs que les autres, et ont leur sac toujours ailé sur les côtés
dans toute ou seulement dans une partie de sa longueur. D’ailleurs,
on ne rencontre dans l’intérieur des poulpes ni l’os crétacé
et spongieux des sèches, ni la lame cornée et transpa-y
rente des calmars ; mais on y a découvert a leur place un ou
deux corps allongés, extrêmement petits, et qui avaient jusque
là échappé aux observations des naturalistes, 'i .
Si les poulpes n’ont que huit bras , tandis que les sèches et
les calmars en ont dix , en revadlhe les huit bras des poulpes
sont beaucoup plus allongés que les huit bras courts des sèches
et des calmars. Les bras des animaux du genre dont il est question
sont garnis d’un côté de ventouses sessiles simplement
charnues et dépourvues de cet anneau corné et dentelé qui
constitue les griffes des calmars et des sèches.
"Les poulpes , n’ayant point d’ailes ou nageoires qui bordent
leur sac , ne peuvent nager , ni par conséquent se diriger dans
le sein des eaux; c’est, en effet, ce qui m’a été confirmé par
les observations de feu M. Pérou. Ils se traînent donc dans le
fond des mers , et sur les rochers , près des rivages. Les naturalistes
n’ont encore aucune idée fixe sur le terme de grandeur
où certaines espèces de poulpes peuvent parvenir ; mais on est
maintenant à peu près sûr qu’il y en a qui acquièrent 6 à 8 décimètres
de longueur. Ce sont les plus grands animaux de la
division des sépiaires.
E S P È C E S .
Poulpe commun. Octopus vulgaris.
O. corpore loevi ; cotyledonibus biserialibus distantibus.
Sepia octopus. Lin. Gmel. p. 3i 4g. n". i .
Muller, Zool. Dan. Prodr. 28i 5.
Polypus. Gesner, Aquat. p. 870.
Aldrov. de Mollib. p. i 4. i 5. 16.
Polypus octopus. Rond. Pisc. p. 5i 3.
îonst. Hist. Nat. 2. Exang. 5. t. 1. f. 1.
Ruysch. Theatr. 2. Exang. t. 1. f. a.
Koelreut. Act. Petrop. 7. p. 321. t. 11. f. 2.
Seba, Mus. 3. t. 2. f. 1— 4.
Octopus vulgaris. Lam. Mém. de la Soc. d’Hist. Nat. in-4°. p. 18.
Encyclop. pl. 76. f. 1. 2.
Habite les mers d’Europe, où il est très-commun. Colleet. du Mus.
Cette espece est la plus commune, la plus anciennement conçue,
et en même temps celle qui devient la plus grande, puisqu’elle
acquiert jusqu’à 5 décimètres de longueur et même plus, en y
comprenant celle de ses bras étendus. Son corps est ovoïde, obtus
posterieurement, un peu déprimé en dessus, petit proportionnellement
à la grandeur de la tête et des huit bras qui la couronnent.
Le sac qui le contient a son bord supérieur libre et détaché du
côte du ventre; mais du côté du dos, il est adhérent et confondu
avec la peau de l’animal. Les huit bras sont garnis, dans toute leur
longueur, du côté interne, de deux rangées de ventouses sessiles,
mu tiques, et un peu écartées les unes des autres. Chaque ventouse
présente un mamelon à double cavité et ouvert en soucoupe.
La première cavité ou l ’antérieure offre un limbe concave,
rayonné par des plis en étoile. Au fond de ce limbe, on voit une
cavité intérieure, arrondie, entourée par un rebord annulaire,
saillant et crénelé. C’est à l’aide de ces mamelons creux, faisant
les fonctions de ventouses, que les bras de l’animal s’attachent
fortement aux objets qu’ils embrassent. On prétend que ce mollusque,
par l’application de ses suçoirs sur quelque partie du
corps humain, peut y occasioner de l’inflammation, et par suite,
de grandes douleurs. On dit en outre qu’il répand quelquefois une
lumière vive et phosphorique dans l’obscurité, particulièrement
lorsqu’on l’ouvre.
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