55 O ANIMAUX
ARGONAUTE. (Argonauta.)
Coquille univalve, uniloculaire, involute , subnavicu-
laire, très-mince; à spire bicarinée, tuberculeuse, rentrant
dans l’ouverture.
Testa univalvis, unilocularis, involuta, tenuissima ;
spird bicarinatâ, in aperturam immersâ ; earinis tuber-
çulatis.
O Ï S E R V A T I O N S.
De même que l’animal de l’hélice a dû être distingué de la
limace , de même encore que celui de la spirule n’est ni une
sèche, ni un calmar , de même aussi l ’on ne doit pas confondre
avec les poulpes l’animal de Y argonaute. En effet, quoique
de part et d’autre les animaux cités qui s’avoisinent se ressemblent
beaucoup parleur conformation générale, ils'offrent
cependant entre eux des différences constantes quiles distinguent.
L ’animal de Y argonaute présente , comme les poulpes , un
corps charnu , obtus inférieurement, et en grande partie contenu
dans un sac non ailé , formé par le manteau. Sa tête , mu-*
nie de deux y eu x latéraux , est terminée parla bouche , autour
de laquelle sont rangés, comme des rayons, huit bras allongés,
terminés en pointe, et garnis de ventouses sans griffes. Cependant
deux de ces bras sont singuliers en ce qu’ils offrent,
dans,les deux tiers de leur longueur, une membrane mince,
o v a le , que l’animal étend ou resserre à son gré.
Cet animal diffère donc du poulpe , puisque deux de ses
bras portent chacun une membrane particulière, et qu’il forme
et habite une co qu ille ..
Il paraît n’être pas attaché à cçtte coquille , et l’on prétend,
en effet, qu’il la quitte quand il lui plaît. On assure , en outre,
SANS VERTEBRES. 651
que lorsqu’il veut nager ou voguer à la surface des eaux , il
vuide l’eau contenue dans sa coquille, pour se rendre plus lég
e r ; qu’il étend ensuite ses deux bras munis de membranes
qui lui servent de voiles , et qu’il plonge les autres dans la
mer pour faire l’office de rames. Survient-il du mauvais temps
ou un ennemi ? dans l’instant même tout rentre en dedans ;
l’animal retire ses rames , ses voiles , et fait chavirer son frêle
navire qui se remplit d’eau et s’enfonce dans la mer. Mais , dès
que le danger est passé, il revient à la surface des ondes et
vogue tranquillement.
On a long-temps douté que cet animal soit réellement celui
qui a formé la coquille dans laquelle il habite ; et l’on a pense
que c’était un étranger qui, après en avoir dévoré le véritable pro-
priétaire, s’emparait de son habitation et y v iv a it, comme l’on
voit des pagures, connus sous le nom de Bernard VHermite,
vivre dans des coquilles qu’ils n’ont point fabriquées. Cela paraissait
d’autant plus vraisemblable, que l’animal dont il s’agit
n’a point le corps en spirale et n’adhère pas à la coquille.
Néanmoins plusieurs observations récentes, outre celles des
anciens, attestent que l’argortautier est le véritable auteur de
la coquille qu’il habite; on reconnaît même sur cette coquille
les impressions formées par les bras et les ventouses de ce
mollusque , en raison de la manière dont ces parties sont rangées
lorsqu’elles sont retirées dans l’intérieur avec l’animal.
La coquille de Y argonaute donne l ’idée d’une petite nacelle
construite sur le modèle le plus élégant. Elle ressemble par sa
forme extérieure à celle du nautile ; aussi la nomme-t-on vulgairement
Je nautile papyrace. Mais elle en diffère essentiellement
en ce qu’elle est uniloculaire. D’ailleurs, elle est toujours
très-mince, ridée ou tuberculeuse en dehors^ et muniesur
le dos d’une carène double et tuberculifère. Dans cette même
coquille, qui est involute, c ’est-à-dire dont le dernier tour
enveloppe le s autres , la spire rentre toujours dans l’ouverture.
On trouve des argonautes dans la Méditerranée et dans les
Uiçrs des Indes orientales.