Or cette portion des céphalopodes, dont Pexistence nous
est attestée par les coquilles multiloculaires et la plupart
fossiles qué1 nos collections renferment, nest assurément
pas la moins nombreuse en races diverses.
D’aorès ceux qui nous sont connus, nous voyons sans
doute que les céphalopodes sont les plus parfaits des mollusques,
ceux qui ont l’organisation la plus compliquée et la
plus développée, et qui l’emportent à cet égard sur les autres
animaux sans vertèbres-, cependant, ainsi que je viens de
le dire, leur conformation est si particulière, qu’il est difficile
de supposer qu’immédiatement après eux, la nature ait
commencé dans les poissons le plan d’organisation des animaux
vertébrés. Il est probable an contraire qu’après les
céphalopodes, elle a produit d’autres animaux encore sans
vertèbres, dans lesquels elle s’est préparée à l’exécution de
son nouveau plan. Or ces animaux, se trouvant dans une
circonstance de changement qui exige en eux une grande
diminution dans la consistance de leurs parties , doivent
nous paraître par-là moins avancés en perfectionnemens
que les céphalopodes. C’est précisément ce qui a lieu dans
les bétéropodes, qui sont les seuls mollusques en qui l’on
commence à voir une conformation un peu rapprochée de
celle des poissons.
Le corps des céphalopodes .est épais, charnu, et contenu
inférieurement dans un sac musculeux, formé par le manteau
de l’animal. Ce manteau, fermé postérieurement, n’est
ouvert que dans sa partie supérieure, de laquelle sort la
tète ainsi qu’une portion du corps du céphalopode. La tête
est libre, saillante hors du sac, et couronnée par des bras
tentaculaires dont le nombre et la grandeur varient selon
les genres. Elle offre, sur les côtés, deux gros yeux sessiles,
immobiles et sans paupières. Ces yeux sont très-compliqués
dans leurs humeurs, leurs membranes, leurs vaisseaux, etc.
La bouche de ces animaux est terminale, verticale, et
armée de deux fortes mandibules cornées, qui sont crochues
et ressemblent, à un bec de perroquet. Enfin l’organe de
l’ouie, quoique sans conduit externe, comme dans les
poissons, se distingue dans ces mollusques.
Pour la circulation de leurs fluides, les céphalopodes ont
trois coeurs : mais peut-être pourrait-on dire qu’ils n’en ont
qu’un, et qu’en outre ils ont deux oreillettes séparées et
latérales. Effectivement, le principal tronc des veines, qui
rapporte le sang, se divise, comme on le sait, en deux
branches qui portent ce fluide dans les oreillettes latérales ;
celles-ci le chassent dans les branchies, d’où il est rapporté
dans le vrai coeur qui est au milieu, et ce coeur le renvoie
dans tout le corps par les artères.
Les mollusques céphalopodes vivent tous dans la mer,
où les uns nagent vaguement, se fixant aux corps marins
quand il leur plaît, et les autres ne font que se traîner,
à l’aide de leurs bras, dans le fond et sur ses bords. La plupart
de ces derniers se retirent ordinairement dans les
sinuosités des rochers.
Ges mollusques sont tous carnassiers, et se nourrissent de
crabes et des autres animaux marins qu’ils peuvent saisir et
dévorer. La position particulière de leurs bras favorise singulièrement
le besoin qu’ils ont d’amener leur proie jusqu’à
leur bouche, où deux fortes mandibules suffisent pour briser
les corps durs dont ils se sont emparés.
Il y en a parmi eux qui Sont entièrement nus-, d’autres
qui vivent dans une coquille minceuniloculaire, qui les
enveloppe* et qu’ils font flotter à la surface des eaux\ et
d’autres encore qui ont une cqquiïle multiloculaire, sôit
complètement, Jsroijt en partie intérieur^.
Ces derniers céphalopodes paraissent être très-nombreux
ot singulièrement diversifiés. Il semble en effet que l’Océan