PLANCHE CINQUANTE-TROISIÈME.
KORIAKE.
r i-li'
S ..ir
C E T Î - E nation tire probablement son nom du mot kora, qui dans le
langage du pays signifie renne, espèce d'animal dont les Koriakes ont
de nombreux troupeaux. Cette nation est divisée en deux tribus : celle
des Koriakes-rennes ou errans, et celle des Koriakes sédentaires. Les
premiers n'ont pas de demeure fixe, et emmènent leurs troupeaux
dans toutes leurs excursions ; les seconds habitent les bords et les
environs des rivières, comme les Kamtshadales. Le langage de ces
deux tribus ditîere en plusieurs points. L'ancienne histoire de cette
nation est enveloppée ties mêmes ténèbres que cette des Kamtshadales
- ï e s voisins, avec lesquels elle a quelq\ie ressemblance. Ils n'ont aucune
éducation, et ne connoissent point l'usage des lettres. Il existe une
diiférence très remarquable entre les Koriakes des deux tribus, et surtout
dans leur caractère et dans leurs usages. Les Koriakes sédentaires
ont la plus haute opinion des Koriakes errans, qu'ils craignent et
respectent au point de supporter de leur part les affronts et les injures
les plus graves. Il n'est jamais arrivé qu'un Koriake errant ait été tué
par un Koriake sédentaire; ce qui est d'autant plus singulier, que
ceux-ci sont infiniment plus forts et plus robustes que les autres.
M. Kracheninnikow en donne pour raison, le respect constant qu'ont
parmi eux les pauvres pour les riches ; il ajoute que comme ce sont les
Koriakes errans, qui fournissent aux Koriakes sédentaires les étoffes
dont ils s'habillent, ceux-ci craindroient de n'en plus obtenir s'ils les
offensoient, et d'être réduits par là à endurer faute de vêtemens l'extrême
rigueur du froid. Les Koriakes errans sont plus féroces que les autres,
et on peut bien moins s'y fier. Ils se réunissent quelquefois en troupe
pour exercer leurs brigandages sur toutes les personnes qu'ils rencontrent.
Avant que les Russes n'eussent fait la conquête de ce pays, il n'y avoit
ni gouverneur ni lois, et chacun faisoit ce qu'il vouloit.
î ! '
î i • - r
•i
il