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PLANCHE TRENTE-SIXIEME.
FEMME SCHAMANE
LES nations idolâtres répandues dans le vaste empire de Russie se
divisent en trois sortes très distinctes : les Schamans, les disciples de
Lama, et ceux que gouvernent les Braraiues. La première est infiniment
plus ancienne et plus nombreuse que les deux autres, qui dans le
foit en ont été originairement séparées ainsi qu'une multitude d'autres
sectes moins considérables qui forment autant de branches du Paganisme.
Néanmoins, parmi les nations Russes, le Schamanisme par différentes
causes n'offre plus aujourd'hui qu'un mélange incohérent de contradictions
inexplicables, d'idolâtrie absurde, et de superstitions les plus
grossières. Partout, où le Schamanisme domine, les femmes sont
considérées comme des êtres d'une classe intérieure crées uniquement
pour le plaisir des sens, pour la conservation de l'epèce humaine, et
pour les soins du ménage. D'après cette opinion les hommes les
méprisent, les négligent, et les traitent très sévèrement. Elles sont
cependant admises dans les ordres religieux ; et ceUes qui deviennent
prêtresses sont aussi considérées que les prêtres eux-mêmes, et n'ont pas
moins de pouvoir. opinion du peuple est que la Divinité elle-même
désigne les individus employés aux fonctions religioises, et on regarde
comme plus particulièrement destinés à cet état les enfans nouveaux
nés qui sont attaqués de crampes, de con^^.llsions, ou de quelques
autres maladies. Les prêtres et les prêtresses sont pris dans la classe
du peuple, et n'en sont distingués que par la singularité de leur habillement,
et par mie connoissance plus étendue de leurs préceptes religieux.
Ils ne sont point obligés au célibat ni à aucun genre de vie particulier,
et leur revenu ne suffiroit pas pour leur subsistance, s'ils n'y pourvoyoient
pas pour leur travail comme les autres habitans. Les connoissances
des plus instruits en matiers de religion sont peu étendues,
et souvent obscures, incomplètes, et contradictoires. Les différentes
nations qui professent la Schamanisme ont adopté chacune des cérémonies
religieuses diflérentes. On voit sou^•ent aussi dans la même
natioji les prêtres, ou Schamans, varier sur ce point. La nature de cet
ouvrage ne permet pas d'entrer dans de plus grands détails à cet égard.