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PLANCHE QUARANTE-SIXIÈME.
TUNGOOSIEN.
M. SATJER, dans sa Relation de TExpédition du Commodore Billing,
rapporte que les Tiingoosiens, peuple nomade, parcourent dans leurs
"excursions un territoire immense ; il s'étend en etFet depuis la rivière
d'Amour jusqu'au lac de Baikal, aux rivières d'Angara ou Tungooska,
de Lena, d'AJdan, à la côte maritime d'Ochotsk, et à celle de la Mer
Glaciale ; et ils chassent constamment sur toutes les montagnes situées
dans çes diiFérens pays. Satisfaits des productions très bornées de la
nature, dans un climat dont la nature même semble interdire l'approche
à tous les hommes, ils sont doués d'une telle energie, qu'elle entretient
toujours en pleine vigueur toutes les facultés de leur esprit, et lem- fait
surmonter tous les obstacles pour parvenir à leur but ; elle inspire même
à tous ceux qui en sont témoins un désir ardent de partager leurs dangers
et leurs jouissances. Ils paroissent insensibles au froid et au chaud ; leurs
tentes sont couvertes de la seconde écorce du bois de bouleau, qu'ils
rendent aussi souple (jue de la peau, en l'exposant en rouleaux pendant
quelque temps à la vapeur de l'eau bouillante, ou à la fumée. 11 est rare
que les Tungoosiens passent plusieurs jours de suite dans le même lieu.
Ils regarderoient, disent ils, comme le plus grand de tous les supplices,
celui de resider toujours dans le même endroit, comme les Russes ou les
Yakoutiens, dont les habitations pleines d'ordures sont aussi malsanies
que puantes. Ils sont toujours errans sur les montagnes, et on en voit
bien peu dans les plaines pareilles à celles qu'habitent les Yakoutiens,
mais ils vont souvent dans les habitations isolées des Cosaques employés
dans les difFérens postes, parcequ'ils s'y procurent de l'eau de ^'ie
qu'ils aiment beaucoup, du fil, des aiguilles, et d'autres petits articles
dont ils ont besoin pour eux ou pour leurs femmes, qui les suivent
dans toutes leurs excursions. Leur taille est au-dessous de la moyenne,
mais ils sont très actifs, et d'une figure agréable et gracieuse ; leurs yeux
sont très petits, leurs inclinations parfaites, leur caractère plein de gaieté
et de franeliise. Le mensonge, la perfidie, et le vol de quelque espèce
qu'il soit, sont inconnus chez eux ; et ils partagent avec le plus grand
plaisir leur dernier morceau avec l'étranger qu'à-peine ils connoissent.
Ils sont très adroits à la chasse, et encore plus à la pêehe ; et c'est à
coups de flèche qu'ils tuent leur gibier. Leur habillement n'est pas
très différent de celui des Yakoutiens, et celui des deux sexes est
à-peu-près le même. Ils ne font point usage du linge, et se vêtissent
de peaux de rennes délicatement brodées, et qu'ils portent tantôt sans
poil, tantôt avec tout leur poil. Ils portent aussi une pièce de peau,
ornée et brodée en crin, qu'ils attachent autour du cou, et qui descend
en s'élargissaut jusqu'à la cuisse.
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