PLANCHE CmQÜANTIEME.
FEMME DU KAÍ^ITSHATKA,
1 AVEC SON ENFANT.
w H
.D E P U I S la relation de M. Krachennikow sur le Kamtshatka, publiéedans
le Voyage d'Autéroche en Sibérie, et celle qu'en a donné Millier,
il a été fait dans ce pays differens changemens et réglemens, dont
M. Sauer a rendu un " compte abregé mais exact dans sa Relation de
l'Expédition de Billings sur les Cotes Septentrionales de la Russie. Un
Kamtshadde, chef du village de Shopinski, a fourni les détails suivan»
sur leurs anciennes coutumes, et sur leur religion primitive, qui est
abolie depuis que l'église Grecque y a été établie : " Les Kamtshadales
s'appellent entr'eux Itolmatsh (nom des aborigènes du pays), et prétendent
descendre de Newsteach, ou Newchtshatsh ; Newsteachshitsk
étoit leur dieu ; Koutka, son genie intelligent, est tantôt le messager
de vengeance vers les démons qui les tourmentent, tantôt celui de
récompense vers les genies bienfaisans ; il voyage dans un char invisible,
trainé par des animaux ailés aussi prompts que l'éclair, ressemblans à
des rats, et d'une petitesse que l'esprit humain ne sauroit concevoir.
Nos sorciers," ajoute-t-il, " obsen'oient les présages, nous avertissoient
des dangers qm nous menaçoient, et que nous évitions par des sacrifices
aux démons. Nous étions alors riches, contents, et libres. Je crois
que notre ancienne religion étoit une espèce de rêve, que nous voyons
aujourd'hui se réaliser. L'Imperatrice est un Dieu sur la terre, et ses
officiers sont nos démons ; nous sacrifions en vain tous ce qui nous
avons pour appaiser leurs besoins ou leur fureur. Ils ont répandu parmi
nous les desordres qui ont fait périr nos pères et nos mères. Ils ont
, volé nos richesses, détruit notre bonheur, sans nous laisser l'espoir d'un
meilleur sort, car toutes les richesses que nous pourrions amasser dans
l'espace de plusieurs années ne suftiroient pas pour nous assurer d'un
avocat qui prit nos intérêts à coeur et -v oulut faire connoitre nos malheurs
à notre souveraine."—Leur habillement, un langage impur et mélé, et
quelques danses indécentes sont aujom'd'hui les principaux restes de
leurs anciennes coutumes. Les Russes ont vainement essayé de les
engager par leur exemple et par leur succès, à cultiver la terre. La
pêche les occupe pendant l'été ; il font sécher la quantité de poisson
dont ils ont besoin, pendant l'hyver, pour leur nourriture, et pour celle
de leurs chiens. Dans le printems, ils ramassent des oeufs d'oiseau, et
les conservent dans l'huile: dans l'automne, ils coupent les foips, et
font la cueillette des petits fruits, et des prune« douces, que les Russes
achètent pour en faire de l'eau de vie.