Entre leurs cornes, ils ont vers le fommet de la
tête une touffe de laine fi épaifle, qu’une balle de
piftolet tiré à bout touchant, ne peut la pénétrer,
comme je l’ai moi-même expérimenté. La chair
de ces boeufs fauvages eft excellente ; ainfi que celle
des vaches & des veaux ».
Il paroît que le boeuf à. boffe ou bifon fauvage
n’a jamais habité en Amérique que la partie fepten-
trionale jufqu’à la Virginie , la Floride, le pays des
Illinois, laLouifiane, ôcc. car quoique Hernandès
l ’ait appellé taureau du Mexique , on v oit, par un
paffage d’Antonio de Solis, que cet animal etoit
étranger au Mexique , ôc qu’il étoit gardé dans la
ménagerie de Montezuma avec d’autres animaux
fauvages qui venoient de la Noiivelle Efpagne.» En
une leconde cour, dit cet Hiftorien, on voyoit
dans de fortes cages de bois toutes les bêtes fauvages
que la Nouvelle Efpagne produit : mais rien
ne lurprenoit tant que la vue du taureau du Mexique
, animal très-rare, tenant du chameau la bofîe
fur les épaules, du lion le flanc fec Ôc retiré, la
queue touffue, Ôc le cou armé de longs crins, en
manière de jubé*, ôc du taureau', les cornes ôc le
pied fendu. «.
On trouve en effet dans les parties feptentrio-
nales, des bifons dont la laine eft beaucoup plus
longue ôc plus touffue que celle des bifons qui habitent
les contrées plus tempérées. Ce bifon du
nord de l’Amérique , eft gros comme un boeuf de
moyenne taille. La laine fous le cou & le ventre
defeend jufqu’à terre, ôc les deux cornes n’ont
qu’une origine commune au fommet de la tete ,
qui eft fort longue ôc fort large. Il fe- nourrit, de
lichen, comme le renne. Tous les bifons d’Amérique
ont une fi forte odeur, qu’ils ont efe appelles
boeufs mufqués par la plupart des Voyageurs : cette
odeur de mufe leur eft commune avec l’aurochs, ce
qui achève de prouver l’identite d efpecè. Le pere
Charlevoix parle ainfi de ces bifons mufqués.
« A quinze lieues de la rivière Danoife > dit-il,
fe trouve la rivièle du Loup marin , toutes deux
voifines de la' baye d’Hudfon * & l’on voit dans
ce pays une efpèce' de boeufs que nous nommons
boeufs mufqués , à càufê qu’ils fentent fi fort le
müfc, que dans certaines faifohs il eft impoffible
d’en manger ; ces animaux ont de très-belle laine ;
elle eft plus longue que celle des moutons de
Barbarie ; je m'en étois fait faire des bas, qui étoient
plus beaux que les bas de ^foie.... Ces boeufs ,
quoique plus petits que les nôtres, ont cependant
les cornes beaucoup plus grofles & plus longues ;
leurs racines fe joignent fur le haut de la tête &
defeendent à côté des yeux, prefqu’auffi bas que
la gueule, enfuite le bout remonte en haut, qui
forme comme un croiffant : il y en a de fi grofles,
que j’en ai v u , étant féparées du crâne s qui pe-
foient „ les deux enfemble , foixante livres : ils ont
les jambes fort courtes , de manière que cette
laine traîne toujours par terre lorfqu’ils marchent ,
ce qui les rend fi difformes, que l’*n a, peine à
diftinguer d’un peu loin de quel côté eft la tête».
Une autre race de bifons , celle des bifons blancs,
eft encore fubfiftante en Ecoffe , dans les parcs de
plufieurs anciens châteaux ; Ces animaux tiennent
de leurs ancêtres la férocité & le naturel fauvage ;
au moindre bruit, ils prennent la fuite & courent
avec une vîteffe étonnante ; ôc , lorfqu’on veut
s’en procurer quelqu’un , on eft obligé de les tuer à
coups de fufil ; mais cette chafle ne fe fait pas toujours
fans danger ; car, fi on ne fait que bleffer
l’animal, bien loin de prendre la fuite, il court
fur les chaffeurs ôc les perceroit de fes cornes
s’ils ne trouvoient pas les moyens de l’éviter ,
foit en montant fur un arbre , foit en fe fauyant
dans quelques maifons.
Quoique ces bifons aiment la folitude , ils
s’approchent cependant des habitations , lorfque
la faim & la difette * en hiver , les forcent à venir
prendre le foin qu’on leur fournit fous des hangards.
Ces bifons fauvages ne fe mêlent jamais avec
l’efpèce de nos boeufs ; ils font blancs fur le corps ,
ôc ont le mufeau ôc les oreilles noires; leur grandeur
eft celle d’un boeuf commun de moyenne taille ;
mais ils ont les jambes plus longues ôc les cornes
plus belles ; les mâles pèfent environ cinq, cens
livres, & les femelles quatre cens. Leur cuir eft
meilleur que celui du boeuf commun ; mais , ce
qu’il y a de fingulier , c’eft que ces bifons ont
perdu , par la durée de leur domefticité , les
longs poils qu’ils portoient autrefois. Boëtius
dit : ( Defcrip. regn. feot. Y G'ignere folet ea
fylva boves candidijjimos in formam leonis jubam
habentes. Or , à préfent, ils n’ont plus cette jubé 3
ou crinière de longs poids , ôç font par-là devenus
différens de tous les bi™ns qui nous font connus.
Ainfi le boeuf fauvage ôc le boeuf domeftique , le
boeuf de l’Europe, de l’Afie , de F Afrique ôc de
l’Amérique, Xaurochs , te bifon ôc le çébu , font
tous des animaux d’une fëulè Sc même efpèce ,
qui , félon les climats , les nourritures & les trai-
temens différens , ont fubi toutes lés variétés que
nous venons d’expofer. L e boeuf, comme l’animal
le plus utile, eft aufli le plus généralement répandu
; car, à l’exception de l’Amérique méridionale,
on l’a trouvé par-tout ; fa nature s’eft également
prêtée à l’ardeur ou à la rigueur des pays du
midi & des pays du Nord. Il paroît ancien dans
tous les climats, domeftique chez les nations ci-
vilifées , fauvage dans les contrées défertes ; il
s’eft maintenu, par fes propres forces , dans l’état
de nature, & n’a jamais perdu les qualités relatives
au fervice de l’homme.
Mais lequel, de Yaurochs ou du bifon , forme
la race primitive de l’efpèce ? De fimples inductions
des faits que nous venons d’expofer, fuffxfent
pour décider la queftion. Si l’on confidère que la
boffe du bifon n’eft qu’un caractère accidentel,
qui a.pour caufe première la compreflïon des fardeaux
que de tout temps on leur a fait porter ,
ôc pour caufe fécondé , la furabondance de la
nourriture ; fi l’on confidère que cette boffe
s’altère , s’efface , foit par la maigreur de l’animal,
foit par le mélangé des deux races, l’on conclura
naturellement que la race de l’aurochs eft la race
dominante de l’efpèce & la fouche de tous les
boeufs.
Pour le refte des détails fur la génération du boeuf9
l’éducation ôc les produits de cette efpèce pré-
cieufe , voye^ l’art.. V a c h é .
Boe uf a b o s s e , Voye^ B i s o n à l’art. B oe u f .
BOEUF-GRIS du Mogol, de plufieurs voyageurs
eft le nil-gaut. Ifoye^ ce mot.
BOEUF-MUSQUÉ. On appelle ainfi en Amérique
une variété du bifon , qui fe trouve dans
les parties feptentrionales de ce nouveau monde.
Voye^ B is o n d’Amérique dans l’article B oe u f .
BOGGO , par les nègres de la côte d’or ,
mandrill, grande efpèce de babouin. Voye% Man- .
PRlLL.
Sois , f. m. en Zoologie , ou dans l’Hiftoire
Naturelle des animaux , le bois eft cette produéfion
en manière de corne , ou plutôt de tige rameufe ,
qui croît ôc s’élève fur la tête des animaux, que nous
appelions proprement animaux fauvages , ôc qui
font le cerf, le daim, le chevreuil, l’élan , le rhenne
ôc les diverfes efpèces ou variétés de ces genres.
Le bois diffère des cornes par fa fubftance , ôc
en diffère encore , autant qu’il femble fe rapprocher
d’un véritable bois végétal , par l’efpèce
d’écorce qui le revêt dans le temps de fon accroif-
fement, par les rameaux qu’il jette de fon tronc ,
ôc par la faculté qu’il a de recroître lorfque naturellement
il eft tombé. Pour le refte, voye^ les art.
C e r f , c h e v r e u i l , é l a n , r h e n n e , ôcc. ■
BON ASUS d’Ariftote, eft le même animal-que
le bifon. Voye%_ l’art. Boe u f .
BONNET CHINOIS, (le ) eft un finge M la
famille des guenons , ôc qui paroît n’êtte qu’une
variété de 1 efpèce du malbrouk. 11 n’en diffère
qu’en ce que fa queue eft plus longue à proportion
du corps , ôc qu’il a le poil du fommet de la
tête difpofé en forme de calotte ou de bonnet
plat, d’ou vient le nom de bonnet chinois , par
lequel nous défignons cette efpèce. Du refte, voye^
M a l b r o u c k
BOOSCHRATTE ou rat des bois, par les
Hollandois, eft le farigue. Voye%_ Sa r ig u e .
BOSBOK. ( le ) Ce ncfm , qui veut dire bouc
des bois , a été donné par les Hollandois du Cap
de Bonne-Efpérance, à une efpèce de gabelle de
moyenne grandeur , ôc dont la longueur eft d’un
peu plus de trois pieds. Le deflus- du corps eft
d’un brun fort obfcur, mais tirant un peu fur le
roux, à la tête ôc au cou ; le ventre eft blanc,
de même^que le dedans des cuifles ôc des jambes;
il y a une tache blanche au bas du cou , Ôc la
croupe eft parfemée de petites taches rondes ôc
blanches ; les cornes font noires ÔC torfes .en
longues fpirales , qui s’étendent au-delà de la
pioitié de \quv hauteur ; ces cornes font courbées
en avant, mais très-légèrement ; cette gabelle
bosbok a fur le front une tache noire, »ôc n’a
point de larmiers ; fes oreilles font longues ÔC
pointues , fa queue a près de fix pouces , ôc elle
eft garnie de longs poils blancs ; il y a quatre
mamelles, ôc à leur côté font deux poches ou
tubes, où l’on peut faire entrer le doigt. La voix
du bosbok reffemble allez à l’aboiement du chien.
La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle n’a
point de cornes , ôc qu’elle eft un peu plusrouffe.
Cette efpèce de gazelle fe tient dans les fqrêts ,
ôc ne fe trouve guères qu’à foixante lieues du
Cap de Bonne - Elpérance , dans l’intérieur des
terres.
BOUC ( le ) eft le mâle de la chèvre ; un feul
peut fufEre à plus de 150 chèvres ; mais cette
ardeur, qui le confume, ne dure, que trois ou
quatre ans , ôc ces animaux font énervés ôc même
vieux dès l’âge de cinq ou fix-ans. Lorfqu’on veut
faire choix d’un bouc pour un troupeau , il faut
le prendre jeune, c’eft-à-dire, âgé de deux ans ,
avec la taille grande , le cou court ôc charnu , la
tête légère , les oreilles pendantes , les cuifles
grofles , les jambes fermes , le poil noir , épais
Ôç doux, la barbe longue ÔC. bien garnie. Il faut
le bien nourrir, pour lui faire réparer fes forces
qu’il épuife. ,On donne au bouc la même chèvre
jufqu’à trois fois , pour s’affurer qu’elle eft pleine : il
pourroit engendrer jufqu’à l’âge de fepf ans , ÔC
peut-être au-delà, fi on le ménageoit davantage;
mais communément il ne fert que jufqu’à l’âge
de cinq ans, Oh le réforme alors pour l’engraif-
fer avec les vieilles chèvres ôc les jeunes chevreaux
mâles , que l’on coupe à l’âge de fix mois,
afin de rendre leur chair plus fucculente ôc plus
tendre.
La chair du bouc eft encore moins bonne que
celle de la chèvre, quoique l’odeur forte de cet
animal ne vienne pas de fa chair , mais de fa peau.
Sa graifle pafîe pour un très-bon émollient, ôc
les peaux de bouc font une partie aflez confidé-
rable du commerce des cuirs. Les maroquiniers,
les chamoifeurs ôc les mégifliers les préparent en
maroquin , en chamois ôc en mégie, ôc les mettent
en état d’être employés à différens ufages. Le fuif
de bouc eft aufli d’un bon ufer. Voye£ C h è v r e .
B o u c d e H o n g r i e , eft le faïga, efpèce
moyenne entre les chèvres ôc les gazelles. Voyeç
S a ïg a .
B o u c d e J u d a , variété dans l’efpèce de la
chèvre. Voye£ l’article C h è v r e .
B o u c - e s t a in , ou B o u c - s t e in , en v ieu x
François. Voye^ B o u q u e t in .
BOVI-CERVUS des Auteurs, eft le bubale.
Voyei B u b a l e .
BOUQUETIN, (le) que nous regardons comme
le bouc fauvage , reffemble entièrement ôc exactement
au bouc domeftique par la conformation,
l’organifation, le naturel ôc les habitudes phyfiques.
Il n’en diffère que par deux légères différences ;