de même forte, & particulières, en leur
genre , qui fe trouvent également fur différentes
parties du corps des oifeaux en
général, mais qui font amplifiées dans les
uns & ne le font pas dans les autres. Ainfi
les trois barbes que le fifilet porte de chaque
côté de la tête , ne font que trois des
plumes étroites q\ii couvrent le méat auditif
extrêmement prolongées; celles qui flottent
fous les ailes, fur les deux flancs de
l’oifeau de paradis, & qui accompagnent fa
queue, font de ces plumes longues, étroites,
qui font placées tranfverfalement au-defîous
de l’aîle, à fon infertion avec le corps ; il
feroit facile de reconnoître de même, dans
tous des oifeaux, le genre des plumes dont
les dimenfions augmentées, & la direction
quelquefois changée , leur fourniffent la
parure furabondante qui les embellit. Elle
eft en général plus riche, & elle brille plus
ordinairement fur les oifeaux qui habitent
les pays chauds ; elle eft plus rare, elle eft
moins- complette dans ceux qui vivent
fous les climats froids. Dans ces derniers,
ainfi que dans ceux qui vivent dans les
régions tempérées , elle n’a guères lieu
que dans les elpèces qui, s’accommodant
'egalement d’alimens de nature différente,
trouvent par-tout, & en tout temps, une
nourriture abondante ; elle eft beaucoup
plus fouvent un apanage du mâle que delà
femelle ; en, général ce luxe du plumage pa-
roît dû à la furabondance du fuc nourricier,
foit que ce foit un effet du climat qui fournit
des alimens plus abondans , plus nutritifs
, foit que c’en foit un de l’indifférence
de certains oifeaux pour leurs alimens, &
que ce luxe foit particulier à ceux qui font
aufli bien nourris par des ftibftances différentes,
dont ils trouvent toujours une
quantité fuffifante, foit des unes, foit des
autres.
Il y auroit encore plulieurs remarques
à faire par rapport aux plumés , telles que
font la différence de leurs couleurs entre
la plupart des mâles & des femelles , entre
l’oîfeau qui porte fes’ premières plumes,
& celui de même efpècequi a mué; le
rapport du plumage du jeune mâle avec
celui que la femelle conferve toute fa vie ;
le changement de couleurs, dans la robe
de certains oifeaux , d’une faifon à une-
autre , &c. mais je préfère de traiter ce»
objets aux mots plume & plumage, pour ne
pascharger cet article déjà1 long , & pourne
pas perdre de vue l’objet préfent,qui eft d’achever
de confidérer le méchanifme des oifeaux,
afin d’en déduire enfuite leurs facultés.
Indépendamment des plumes, dont j’ai
décrit les différentes fortes , les oifeaux
font plus ou moins couverts de duvet. Il y
en a deux efpèces, un léger, qui revêt le
corps du jeune oifeau , dont les plume»
n’ont pas encore pouffé ; un autre, qui
croît fous lès plumes & qui fe développe
en même temps qu’elles, ou peu après. Le
premier duvet ne confifte qu’en quelque»
barbes effilées , fans liaifon ; fon infertion
eft fuperficielle à l’extrémité du tuyau des
plumes qui doivent pouffer ; il les précède,
& il tombe à mefure qu’elles commencent
à croître. Le duvet de la fécondé efpèce
eft une plume courte, à tuyau grêle , à'
barbes longues, égales, défunies, qui adhère
à la peau fuperficiellement. .C’eft un
vêtement chaud & léger , interpôfé entre
le corps & les plumes. C’eft par cette rai-
fon qù’il eft plus fourni fur les oifeaux
qui font expofés à fupporter de grands
froids, foit parce qxt’ils s’élèvent fouvent
dans les hautes régions , comme lés- oifeaux
de proie diurnes ; foit parce qu’ils
ne fortent que la nuit, comme les nocturnes
, ou parce qu’ils vivent fous des
climats plusfeptentrionaux,fur desterreins
plus élevés , ou qu’ils font fouvent fur les
eaux dont la température eft plus froide en
général.
§. X I I.
De l ’aile conjidérét en particulier, & du vol.
Quoique j’aye donné une idée des os qui
forment la bafe de l’aîle & qui fixent fa
forme intérieure, que j’en aye donné une
également des plumes qui y font attachées ,
cette partie, fi importante dans les-oifeaux,
mérite cependant encore un examen particulier.
On divife l’aîle en aile proprement
dite, & elle comprend depuis l’infertion
avec le corps jufqu’à l’extrémité de l’aîle
étendue ; en faujfe aile ou aile bâtarde. C’eft
un appendice fitué au-deffous du.pli, à
l’origine, à-peu-près-, & au côté externe
de la dernière des pennes > laquelle eft
ordinairement la plus courte. Cet appendice
ou l'aile bâtarde, eft formée intérieurement
par cet os oblong, étroit, externe, ,
qui , dans lé fquélete de l’aîle forme,
comme on peut le le rappeller, une forte,
de doigt ; en dehors l'aile bâtarde eft com-
pofée de quatre à cinq plumes roides, taillées
en lame un peu courbée du côté interne
, dont les barbes extérieures font fort
courtes, & les internes font plus longues :
ces plumes, par leur ftruâure , par leur
roideur, ont beaucoup de rapport avec les
pennes , mais elles font beaucoup plus
courtes ; c’eft la même partie que les oife-
leurs & les chaffeurs nomment, dans le
langage de leur art le fouet de l'aile. Mais
quelquefois ils donnent à ce nom plus d’ex-
tenfion , & ils comprennent fous cette
dénomination toute la partie comprife au-
deffous des os qui répondent- à l’aVant-
bras. Les oifeleurs, amputent, â beaucoup
d’oifeaux l’aîle bâtarde & d’autres parties ,
même les oS, qu’ils défignent par le nom
de fouet de l'aile. Les oifeaux qui ont fiübi
cette opération n’en font pas malades long- ’
temps, parce que ces parties ne reçoivent
que des vaiffeaux peu confidérables, qui fe
ferment en peu de temps par le contact de
l’air ; ils n’en paroiffent pas non plus très-
défigurés , à moins qu’on ne les compare
avec d’autres de leur efpèce qui n’ont pas
été traités de même ; car alors on s’ap-
perçoit qu’ils manquent d’une partie des
grandes pennes ; mais ce retranchement les
prive de leur liberté, qu’ils ne recouvreront
jamais ; c’eft le moyen de leur impofer
. les entraves les plus sûres 8c les moins apparentes
; leur vol ne confifte plus qu’en
des fauts courts, pefans, fans qu’ils puiffent
ni s’élever, ni s’éloigner en'planant. Cet
effet n’eft pas dû, je crois , autant à ce que
l’opération que l’oifeau a fubi a diminué
la furface de fon aîle étendue , qu’à ce
que lors que le fouet a été retranché, l’aîle ,
en fe devant , écarte l’air , au lieu de le
fendre , & en s’abaiffant pour y chercher
un point d’appui, frappe de vuide qu’elle
vient de faire elle-même en fe levant, &
déplaçant la couche d’air.
. Wilhugby diftingue une fécondé aile
fauffe ou bâtarde , qu’il appelle, intérieure ;
c’eft cette rangée de plumes tranfverfales',
que j’ai dit fe trouver près de l’infertion
de l’aîle avec le corps, & qui eft.plus ordinaire
dans les oifeaux qui volent très-haut ou
très-long-temps. Comme , en parlant des
plumes, j’ai traité de celles quiappartiennent
à l’aîle, il ne me refteroit plus , pour achever
la defcription des parties qui la com-
pofent, qu’à faire connoître les mufcles qui
fervent à fon mouvement, & les vaiffeaux
qui y portent le fang; mais ces objets font
entièrement du reffort de l’anatomie. Je dois
donc me borner à obferver , par rapport
aux vaiffeauxfanguins-,qu’on fient le bate-
mentdupoul en appuyant les doigts à plat
& tranfverfalement vers le pli de l’aîle, du
côté qui regarde ta corps ; que fi l’on pra-
tiquoit la faignée pour certains oifeaux
utiles , comme on l’a fait quelquefois ,
comme il feroit peut-être avantageux de
le faire , ce feroit des veines qui paffent
au-deffous du pli de l’aîlë, & qui rampent
à la partie fupérieure du fouet de l’aîle, à
celle qui répond à l’avant-bras, qu’il conviendrait
de tirer du fang , parce que les
vaiffeaux font fort apparens en cet endroit.
Cet objet, & le lieu où l’on fent le ba-
tement des artères , eft un double rapport
de plus entre les oifeaux, l’homme üc les
quadrupèdes. Quant aux mufcles , leur volume
, leur nombre , leurs infertions , la
longueur & la direction des tendons de
plulieurs , méritent une grande attention.
Cependant, la plûpart des auteurs n’en ont
fait qu’aux mufcles qui, placés fur le fter-
num , s’insèrent à la face interne de Fos
de l’aîle, qui répond à celui du bras, &
qui, en fe contrariant, fervent à baiffer
l’aîle dont l’air eft frappé. Leur maffe a
fixé les regards & les réflexions ; on n’a
attribué l’avantage que les oifeaux Ont de
voler, relativement aux mufcles ,qu’à ceux-
ci , & l’on a répété, d’après Wilhugby ,
que fi l’homme parvenoit à voler , ce feroit,
Yyij