])ar ce moyen on n’inquiétoit pas ces oi-
i'eaitx , qui étoient fort fauvages tj on n’ou-
vroit pas leur cage, fermée avec un cadenas
; elle avoit un double fond à coulilfe ;
on tiroit la planche> fupérieure pour la
nettoyer; elle; avoit toujours^été garnie
de fable.'L’augét pouf l’eau étoit oblojig
&itrop étroit pour que les canards puffent
en coniommer l’eau autrement qu’en la
buvant. Sur feize ou dix-htiit oifeaux, il
n’en périt qu’un dans la traverfée. Il eut
ete au.moins curieux dè multiplier cette
belje ,gfpèce. M.; le Beau- me fit préfent 4 un mâle & id’tme femelle. Le mâle a
V’PC'H. tplufieurs années , fans que j’aie pu
lur prefenter une femelle qui lui ait convenu
à la place de la fienne , qu’on avoit
laiffé .envoler peu de jours après que M. le
Beau me l’eut donnée. J’ignore ce que font
devenues lès autres paires.
L’eider, cette oie qui fe trouve dans lespays
du nord de l’un Si l’autre continent, fournit
un duvet précieux' par fa légèreté 8c fa chaleur.
La rareté du duvet, l’éloignement des
lieux d’ou nous le tirons, le rendent d’un prix
trop cher, pour l’ufage commun. Ce feroit
faire une tentative utile que de tranfporter
cet oifeati, auqtiel notre climat convien-
droit, & que de prendre les précautions convenables
pour le rendre domeltique.
Je termine cet article en engageant les
voyageurs à préférer les jeunes oifeaux ,
& ceux dont, l’efpèce ell déjà domeltique
dans les pays qu’ils pourront parcourir ;
à Te mettre au fait, amant qu’il leur fera
poffible, des habitudes des oifeaux qu’ils
auront deffein de tranfporter ; enfin, à ne
fe pas borner à une couplé ; mais à apporter
autant d’individus que les circonltances le
leur ipermettronf ; & s’il ne leur elt pas
poffible de choifir nn.nombre égal de mâles
8c de femelles, d’apporter plutôt un plus
grand nombre des dernières & moins des
premiers ; il fera même le plus fouvent
avantageux de n’apporter'qu’un mâle pour
deux, ou trois femelles’ , auxquelles il peut
fuffire ; pour beaucoup d’éfpèeés; 8c c’elh.
uri dès articles fur-defquels on pourra fé1
déterminer , d’après'da connoiffance des
moeurs; mais j’irififte fur ce qu’il ne faut •
pas fe borner à un ou deux mâles 8c autant
de femelles , mais tâcher, par le nombre
des individus, de prévenir les pertes qu’on
pourra faire , & arriver à fon terme
encore allez riche pour ne fe pas voir fruP
tré de la récompenfe des foins qu’on aura
pris pendant long-temps. Une précaution
utile , 8c dont je n’ai pas parlé , ell de
couper les allés, & de prévenir par ce
moyen la perte des oifeaux qui pourroient
s’échapper des cages : fi les individus réunis
, les mâles fur-tout, fe battoient, & que
leurs coups mutuels puffent faire craindre
pour leur confervation, comme cela arrive
quelquefois, il faudroit, félon l’importance
des efpèces , multiplier les cages, ou les
divifer en cafés par des cloifons.
On fera éclairci fur ces différens cas 1
qu’il ell impoffible de prévoir, par la con-
noiffance des moeurs 8c par la réunion des
oifeaux dans les cages devinées à leur transport
quelque temps avant le départ.
§. I I I .
Manière de préparer & d'envoyer des oifeaux
morts , pour en former des collections.
Il n’y a pas long-temps que les naturalilles
ont commencé à raffembler de nombreufes
collections d’oifeaux, 8c moins de temps encore
qu’on fçait, par des préparations convenables
, conferver à ces animaux, après
leur mort, leur forme 8c leurs proportions.
On ne gardoit d’oifeaux, il y a un fiècle,
que ceux qu’on mettoit dans les liqueurs
fpintueufes ou ftiptiques. Quelques-uns ,
après les avoir defféchés par le moyen du
four, les plongeoient à phffieurs reprifes
dans un vernis -qui les enveloppoit d’une
pellicule tranfparente ; mais , comme ces
moyens étoient difpendieux, embarraffans,
8c lur-tout que l’effet n’en étoir ni agréable,
ni ne rempliffoit les vues qu’on fe
propofoit, les oifeaux entroient pour très-
peu dans les collections d’hiftoire naturelle.
On imagina de les deffécher, foit après les
avoir fait tremper quelque temps dans une.
liqueur fpiritueufe, foit en les expofant
frais à la chaleur d’un four. De l’une ou
de l’autre manière , ils ne confervoient ni
leur forme ni leurs dimenfions. Ce ne fut
qu’après beaucoup de tentatives qu’on fe
borna à ne ' conferver que la peau des oifeaux
, à la foutenir & à la remplir de
façon que l’oifeau, dont la peau a été bien
préparée, paroît avoir les mêmes proportions
, la même forme 8c la même attitude
qûe lorfqu’il étoit vivant. C’eft fur- tout
à M. de Réaumur que cet art ell dû, fi
c’en ell un. Ce n’ell pas que ce fçavant
l’ait perfectionné ; mais, en mettant fous
les yeux dit public une fuite d’oifeaux qui
confervoient plus ou-moins les apparences
de la vie , il a infpiré le goût des collections
en ce genre, 8c excit:é l’attention à
les former. Elles font compofééè, ou d’oifeaux
qu’on a préparés récemment après
leur mort, ou d’oifeaux apportés des pays
étrangers, 6c auxquels on n’a cherché à
rendre'l’extérieur de la vie qué’longrtemps
après qu’ils l’avoient perdue, Eps uns &
les autres exigent également une première
opération, par la defcription de laquelle je
commencerai : c’elt celle d’enlever la peau.
Placez l’oifeau que vous voulez écorcher
fur une table devant vous, de- façon
que la queue foit tournée de votre côté.,
que la tête foit âToppofé, & que l’oifeau
foit étendu de toute fâ longueur fur le dos.
Ayez; un fcapel, c’efl l’inflrument dont
les anatomiftes fe fervent pour difféquer,
Ou, â fon défaut, faites ufage d’un canif ;
prenez auffi la précaution d’avoir un morceau
de bois de trois à quatre pouces de
long-, applati fur fes deux faces , 8c arrondi
à une de fes extrémités ; du coton
■ ou de l’étoupe , une paire dé cifeaux 8c
une pince , de celles qu’on emploie dans
les amphithéâtres d’anatomie.
: Tous ces objets étant préparés , écartez
de droite êc de gauche les plumes qui couvrent
le deffous- du corps dèi’oifeau; affujet-
tiffez-les de l’indéx & du doigt du milieu de
la main gauche. Faites une incifion longitudinale
à la peau avec le fcapel ou le canif
depuis: le haut jufqu’au bas du bréchet.
L’incifion faite, foulevez, avec la pince, le
bord de la peau d’un des deux côtés de l’inci-
ffon , en commençant par le haut, 8c, avec
l’inffrument tranchant , détachez la peau des
chairs dans toute la longueur de l’incifion.
L’opération frite d’un côté’., à la profondeur
d’une ou plufieltrs lignes ; fuivant
la groffeur de l’oifeàu , opérez de même
fur l’autre côté ; puis, après avoir pofé
la pince, prenez de la main gauche , entre
le pouce 8c l’index, le bord de la peau de
l’un des deux côtés, toujours en commençant
par le haut : foulevez la peau , & introduifez,
entre elle 8c les chairs , ou lé
manche du fcapel, ou l’extrémité applatie
du morceau de bois que vous aurez préparé.
Enfonçant doU,cernent fous la peau,
le plus avant que vous pourrez, û plufieurs
reprifes’, 8c en faifant agir en même-temps
de haut en bas le’ manche du fcapel ou la
partie applatie du morceaii de bois, vous
parviendrez’à détacher la peau jufques fur le
côté, & même en partie à la fouleyer de def-
fus la cüiffe; alors introduifez dans foute là
longueur de l’incifion, fous la peait qui vient
d’être détachée dès chairs, une traînée dè
coton, que vous enfoncerez fort légèrement.
Faites les mêmes chofes de l’autre côte.
Détachez de même la peau de deffus le
cou & la poche , en enfonçant, de la main
gauche , le plus avant qu’il vous fera poffible
, ou le manche du fcapel , Ou le morceau
de bois , -& introduifez du cot.Ori en
finiffant. Tournez la tête de Poifeau dè
votre côté, 8c détachez, de la manière
que j’ai décrite jufqu’â préfent, la peau du
deffus du ventre, des côtés des cuiffés 6c
du croupion. Introduifez du coton, 6c remettez
l’oifeau dans fa première pofition;
Saififfez, ou avec la pince , ou avec le
pouce 6c l’index de la main gauche', félon
la groffeur dé Poifeau , le cou à fon infer-
tion avec le corps, un peu au-deffus , fou-
levez-le, 6c le tirez un peu en arrière ; il
formera un arc , dont la concavité fera
tournée du côté de la table. Ayez foin de
faifir, avec le cou, là trachée-artère &
l’oefophage ou le conduit dès alimens : de
la main droite, féparez, par le moyen du
inanche du fcapel, ou avec le bout applati,
mince 6c tranchant du morceau de bois ,
la peau qui tient en deffous du cou. Lorf-
que vous avez fait une ouverture, 8c qu’il
y a une portion du cou entièrement dé