une année. Mais fans lui donner cette exten-
fion, qui n’eft peut-être pas affez p rouvée,
il ell certain que les oeufs d’une poule font
féconds quinze & vingt jours après qu’elle
n'a été approchée par aucun coq ; d oh il
fuit que ces oeufs ont été néceffairement fécondés
tandis qu’ils étoient encore contenus
dans l’ovaire ; & une autre fuite néceffaire,
c’eft que le germe du pouffin, que la fe-
mence du male v ivifie , eft contenu dans lé
jaune ou dans les globules renfermés dans
l ’ovaire.
Enfin l’orifice externe de la matrice ou
l ’extrémité de VoviduSus, fe termine intérieurement
au-deffus de l’anus, dans lequel
il s’ouvre près de fes bords qui donnent paf-
fage à la fortie de l’ceuf.
L’anus eft formé par deux lèvres mem-
braneufes couvertes d’un prolongement de
la peau. L’une de ces lèvres, plus ample
que l’autre, & fituée fupérieurement, em-
braffe & contient la lèvre inférieure ; toutes
deux,font rapprochées ou écartées par le
paffage de ce qui ell pouffé hors du canal
intérieur, & par l ’aûionde quelques fibres
mufculaires.
Derrière les lèvres de l’anus, on voit fur
l ’extrémité du canal intellinal plufieurs
trou s, dont deux fervent à la décharge des
uretères; Harvée penfoit que les autres communiquent
avec l’extrémité de la matrice.,
à laquelle il a donné le nom de vagin ; &
que c’étoit par ces trous que pénétroit la
femencedans le moment de l’accouplement;
i l ne lui paroiffoit pas poflible qu’elle trouvât
paffage à travers les rides & les plis af-
faiffés de l’orifice de la matrice.
Fabrice croyoit que ces trous n’étoient
que des cavités, que la femence y demeuroit
en dépôt, & qu’elle fécondoitles oeufs à leur
paffage. Ilauroit pu appuyer fon opinion de
l ’exemple de la femelle du ver à foie,, dans laquelle
les oeufs font fécondés en effet, ainfi
que Malpighi la démontré, de la manière
dont Fabrice fuppofe que la chofe a lieu
dans les oifeaux ; mais eût-il pu penfer que
la femence fe fût confervée dans ces cavités
fans altération, affez parfaitement pendant
un & peut-être plufieurs mois, au point de
rendre féconds à leur paffage les oeufs dépofés
par une poule qui n’auroit pendant ce
temps été approchée par aucun coq ? $ ne
m’appartient pas de prononcer entre ces
deux maîtres ; mais il me femble que
l’exemple de la poule dépofe beaucoup en
faveur du fentiment d’Harvée ; qu’il ne
permet guères de douter que les ouvertures
dont il s’agit ne communiquent avec
l’utérus, & ne donnent paffage à la femence
qui s’introduit immédiatement. Quoi qu’il
en fo i t , la longue fécondité prolifique de
la poule , par l’effet d’un feùl accouplement
, eft un fait particulier à fon efpèce,
& qui ne s'étend pas même à celles qui ont
beaucoup de rapport à la fienne. Un coq
failan fut enfermé au printemps avec deux
femelles qu’il lervoit plufieurs fois par jour;
elles pondirent à elles deux douze oeufs ;
je retirai le m i e , les femelles continuèrent
. leur ponte, & fournirent encore quinze
oeufs. Les douze premiers avoient été mis
à p a rt, âc furent placés fous une poule qui
les couva. Il en lortit dix petits , & deux
fe trouvèrent morts dans la coquille. Des
quinze derniers oeufs qui furent également
couvés, il ne provint que deux pouflïns ,
tous les autres oeufs étoient inféconds.
Quoique l’accouplement des oifeaux ne
foit que momentané, qu’il femble confifter
plutôt dans un fimple contaét que dans une
véritable union , &C que le mâle n’ait point
extérieurement de parties par le moyen def-
quelles il pâroiffe pouvoir fe joindre- à la
femelle , le concours des fexes n’eft pas
moins néceffaire par rapport aux oifeaux ,
qu’aux autres animaux ; la poule , ifolée
& privée de coq , pond, il eft v r a i, Sç
même aufli fréquemment que celle qui vit
en fociété avec le mâle ; plufieurs autres
femelles ,“ captives, & également ifolées ,
pondent aufli dans la faifon oû les couvées
de leur efpèce ont lieu. Mais tous ces oeufs
font ftériles, & ils prouvent feulement que
.la femelle fournit la matière de l’oeuf, &
que le mâle le vivifie. Les parties qui lui
donnent cette faculté, placées à l’intérieur
du corps, font les tefticules & un orgaiîe
qui répond à celui qui , -placé extérieurement
dans les quadrupèdes, fert à leur
union avec les femelles,
Les tefticules font au nombre de deux ;
leur forme approche , dans la plupart des
efpèces, de celle d’une fève. Ils font placés,
un de chaque côté , fous les dernières vertèbres
thorachiques dans la même ligne ,
dont l’ovaire occupe le milieu dans les
femelles ; leur groffeur eft très-inégale dans
les différentes efpèces , &c nullement en
proportion du volume du corps mefuré
dans fon entier. Ainfi les mâles de centaines
efpèces, d’une corporance très-inférieure
à d’autres , ont cependant les tefticules
, abfolument parlant, plus gros que
ne les ont d’autres mâles d’une efpèce plus
grande. Ces organes ne font pas du même
volume toute l’année dans le même individu.
Affaiffés en automne & au commencement
de l’hiver , difficiles à découvrir
dans certains oifeaux, ils font, au contraire,
très-amples au printems & paroiffent comme
tuméfiés. Dans le coq , au contraire, qui
ne ceffe pas d’avoir de l’ardeur, comme
fa femelle ne ceffe pas de pondre , les
tefticules , qui font d’un grand volume ,
en conferve.un toujours égal ; cependant
on peut l’en priver ; on peut les lui enlever
par une opération'qui fe pratique
tous les ans fur un grand nombre de jeunes
individus, fans un rifque que très-foible
pour fa vie ; mais fa conftitution en reçoit
de grandes altérations , & la même opération
çntraîne un grand danger pour
d’autres. efpèces fur lefquelles on la pratique
quelquefois, comme le dindon , le
paon, dont il n’écbappe que très-peu d’individus
, fur un nombre affez grand, qu’on
a fournis à l ’opération. Le coq qui la fubit
& qui eft bien guéri, perd fa voix , o u , fi
il en conferve encore, elle n’eft plus que
rauque , baffe & étouffée, au lieu d’être
haute , fonore & perçante ; de courageux
& hardi qu’il é to it, il devient lâche &
poltron : il ne gagne que du côté de la
maffe & de l ’embonpoint qui le furcharge.
Ainfi, la caftration paroît plus dangereufe
pour les oifeaux en général, fi l’on excepte
le coq , que pour les'quadrupèdes ; & elle
change de même en eux la voix ; elle éteint
le courage, & elle difpofe le corps à un
embonpoint qui le furcharge.
La liqueur prolifique qui a été féparée
& filtrée par des tefticules, conduite vers
un organe placé au-deffus de l’anus , près
de fon ouverture fupérieure, eft tranfmife,
par fon moyen , à la femelle qu’il féconde.
Cet organe, qui a été reconnu déjà dans
beaucoup, d’oifeaux , n’a pas encore été
découvert généralement dans tous ; mais
fon utilité,. l’analogie, font préfumer qu’il
ne manque dans aucun , & on peut le
fuppofer jufqu’à ce qu’un méchanifme différent
ait prouvé le contraire. Harvée, &c
beaucoup d’autres après lu i, ont reconnu
cet organe dans le coq , dans lequel il eft:
double. Il a été reconnu dans l’autruche.
On l’obferve aifément dans la plûpart des
oifeaux de la famille des oies, dans lefquels
cet organe devient proéminent au moment
de l’accouplement , & procure entre le
mâlè & la femelle une union intime à la
manière des quadrupèdes. C’eft ce que j’ai
eu occafion d’obferver fouyent par rapport
à l’oie de Barbarie ou canne mufquee, &
- par rapport â une tardone mâle que j’ai
nourrie long - temps , & que j’ai vu fe
joindre fouvent à une canne domeftique
femelle, accouplement dont il eft provenu
des métis.
§• X.
Des fins.
L’homme doit à la conformation de fa
main un ta£l exquis , & la fupériorité à
cet égard fur tous les animaux. La trompe
de l’eléphant, douée d’une extrême fen-
fibilité , indépendamment de fes autres
ufages , eft fpécialement, dans cet animal,
l ’organe du toucher. Ce fens a aufli un
fiége particulier dans la bouche du cheval ;
funefte prérogative pour lu i , à la faveur
de laquelle l’homme s’en eft emparé en lui
mettant un mords. Le refte dés animaux
n’a point d’organe fpéciahment deftiné à
recevoir & tranfmettre les impreflîons du
toucher : elles font également perçues à
la furface du corps dans tous fes points.
Ce n’eft, en quelque for te, en eux qu’un
fens paftif ; tandis que dans l’homme &
dans l’éléphant il eft agiffant; en effet, les