Lespatîras fe renferment dans des trous d'arbres
■ ou dans des creux en terre que les tatous cabajfous
ont creufés, mais ils n’y entrent qu’à reculons &
pas plus profondément qu’il ne faut pour qu’ils
y foient cachés , 8c pour peu qu’on les agace ,
ils fortent aufli - tôt. Pour les prendre à leur
fortie, on fait une enceinte avec du branchage ,
eniuite un des chaffeurs fe porte fur le trou,
une fourche à la main pour les faifir par le cou ,
à mel'ure qu’un autre chaffeur les fait fortir &
les tue avec un fabre. S’il,n’y en a qu’un dans
un trou 6c qu’on n’ait pas le temps de le prendre,
on bouche la fortie St on eft ïur de retrouver
le lendemain fon gibier.
La chair des patiras eft , dit-on , bien fupé-
rieure à celle des autres cochons. On les appri-
voife aifément ; ils fui vent leur maître -8c fe laiffent
manier par ceux qu’ils connoiffent ; mais ils
menacent les inconnus de la tête 8c des dents,
<k ils ne peuvent fouffrir les chiens qu’ils attaquent
par-tout où ils les rencontrent. Ils s’accouplent
& produifent en toute faifon 8c ne font jamais
plus de deux petits à la fois. On trouve ces
animaux fréquemment à la Guiane.
PÉCARI ( le ) o uTA JA CU , eft un animal
particulier aux contrées méridionales de l’Amérique
; il reflemble , au premier coup d’oeil , à
notre fanglier, ou plutôt au cochon de Siam ;
aufli a-t-il été appellé fanglier ou cochon d’Amérique.
Cependant, il diffère du cochon par plufieurs
cara&ères effentiels, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Il eft de moindre corpulence 8c plus bas
fur fes jambes ; il a l’eftomac 8c les inteftins différemment
conformés, 8c n’a point de queue ; fes
loies font encore plus rudes que celles du fanglier ;
néanmoins , il eft plus foible , plus pefant 8c plus
mal armé.; fes défenfes font beaucoup plus courtes;
•enfin, il eft diftingué par un caraftère unique ;
il a fur le dos, près de la croupe , une fente de
•deux ou trois lignes de largeur qui pénètre à plus
d’un pouce de profondeur , par laquelle fuinte
■ une humeur ichoreufe fort abondante 8c d’une
•odeur très-défagréable , fur-tout au fortir du corps
de l’animal.
Quelques Naturaliftes ont avancé que- cet
animal avoit trois eftomacs , mais il eft démontré
qu’il n!en a qu’un feul, & ce qui a pu les induire
en erreur, c’eft que cet eftomac eft partagé par
deux étranglemens qui en font paroître trois ,
mais il n’y a qu’une feule de ces trois poches
qui ait une iffue de fortie ou pylore , 8c par
conféquent on ne doit regarder les deux autres
que comme des appendices ou plutôt des portions
du même eftomac.
Au refte, le pécari eft à-peu-près du même
naturel que le cochon ; comme lu i, il pourroit
devenir animal domeftique ; il fe nourrit des mêmes
alimens; fa chair , quoique plus fèche & moins
chargée de lard que celle du cochon, n’eft pas
^îauvaife à manger & deyiendroit meilleure par
la caftration. Lorfqu’on veut manger de cette
chair , il faut avoir foin d’enlever au mâle , non-
feulement les parties de la génération , comme
l’on fait au fanglier , mais encore toutes les
glandes qui aboutiffent à l’ouverture du dos dans
le mâle & dans la femelle ; il faut même faire
cette opération au moment qu’on met à mort
l’animal, car fi l’on attend feulement une demi-
heure ,fa chair prend une odeur fi forte, qu’elle n’eft
plus mangeable.
Ces animaux vont ordinairement par troupes
ils font quelquefois deux ou trois cens enfemble ;
| ils ont le même inftinft que le cochon pour fe
: défendre & même pour attaquer ceux îur-tout
qui veulent ravir leurs petits ; ils fe fecourent
mutuellement ; ils enveloppent leurs ennemis 8c
bleffent fouvent les chiens 6c les chaffeurs. Dans
le temps des pluies , ils fe tiennent fur les montagnes
, 8c lorfque ce temps eft paffé , on les
trouve conftamment dans les lieux bas 8c marécageux
; ils habitent les bois oh ils vivent
de fruits fauvages , de racines, de graines ; ils
mangent aufli les ferpens , les crapauds , les
lézards qu’ils écorchent auparavant avec leurs pieds«
Les pécaris produifent dans toutes les laifons
de l’année", 8c ordinairement deux petits ; ils
fuiyent bientôt leur mère 8c ne s’en féparent que
quand ils font adultes. On les privent aifément en
les prenant jeunes ; ils perdent leur férocité na**;
turelle, mais fans fe dépouiller de leur groflièreté ;
car ils ne connoiffent perfonne, ne s'attachent
point à ceux qui les foignent ; feulement ils ne
font point de mal , 8c l’on peut, fans inconvénient
, les laiffer aller 8c venir en liberté ; ils
ne s’éloignent pas beaucoup, reviennent d’eux-
mêmes au gîte & n’ont de querelle qu’auprès de
l’auge ou de la gamelle , lorfqu’on la leur préfent,®
en commun.
Ils ont un grognement de colère plus fort
plus dur que celui du cochon, mais on les entend
très-rarement crier ; ils foufllent aufli comme le
fanglier, lorfqu’on les furprend ou qu’on les épouvante/
brufquement ; leur haleine eft très-forte;
leur poil fe hériffe , lorfqu’ils font irrités ; il eft
fi rude, qu’il reflemble prefque aux piquans du
hériffon.
Cette efpèce très - nombreufe. dans tous les
pays chauds de l’Amérique , craint le froid 8c ne
peut fubfifter fans abri dans les climats tempérés-;
elle s’eft confervée fans altération 8c ne s’eft mêlée
ni avec le cochon d’Europe r ni avec le cochon
de Guinée qu’on a tranfportés en Amérique ; ce
qui prouve que ces trois efpèces , quoique très-
voifines entr’elles , font néanmoins diftinéles 8c
féparées , 8c forment autant d’efpèces différentes«
Il paroît même qu’il y a deux races dans l’efpèce
du pécari ; l’une plus grande 8c à poil noir , &
l’autre plus petite à poil roux.
«fl'Aldovrande ; fus dorfo cyjlifefo , caudâ nullâ 5
|p. Linnée ; le cochon noir , de Barrère ; le fanglier
du Mexique , de Briffon.
PE-CHI-LY, à la Chine , chats à longs poils
avec les oreilles pendantes. Voyez l’article du
C h a t .
PÉKAN, ( le ) On a employé confufément
ce nom pour défigner différens animaux 8c les
mouffettes en général ; comme on a aufli donné
le nom de chat ou renard fauvage au véritable
pékan. Quoi qu’il en foit, le pékan reflemble parfaitement
à la marte ; il a la même forme de
corps, les mêmes proportions, la même longueur
de queue, la même qualité de poil , le même
nombre de dents & d’ongles, le même inftinâ
& les mêmes habitudes naturelles ; ainfi, il n’eft
qu’une variété dans l’efpèce de la marte, ou une
«fpèce fi voifine , qu’elle ne préfente aucune
différence cara&ériftique. Il a , à la vérité, le poil
plus brun , plus luftré 8c plus foyeux que la
marte, mais cette différence lui eft commune
avec le caftor & les autres animaux de l’Amérique
feptentrionale dont la fourrure eft pllis
belle que celle de ces mêmes animaux dans le
nord de l’Europe.
PELAS, à la baie de tous les Saints, pécari.
Voyjez Pé c a r i .
PELON-ICHIATL-OQUITLI, au M e x iq u e ,
eft le lama. Voyez L a m a .
PEREWIAZKA, en Ruflie. V. P e r o u a s c a .
PERILLO-LKSe RO , dans Oviedo, eft l’aï.
Voye^ Aï.
PEROUASCA ou belette à Ceinture , animal
plus petit que le putois , 8c couvert d’un poil '
blanchâtre , rayé tranfverfalement de plufieurs
lignes d’un jaune roux, qui femblent lui faire
autant de ceintures. Il demeure dans les bois 8c
fe creufe un terrier. Sa peau eft recherchée &
fait une jolie fourrure. On le trouve en Pologne
de en Ruflie.
P E S Z I , en langue Ruffe, eft l’if^tis. Voyez
I s a t i s .
PETIT-GRIS ( le ) : l’efpèce du petit-gris approche
beaucoup de celle de l’écureuil ordinaire ;
elle en diffère néanmoins par plufieurs caraâères qui
ne permettent pas de les confondre l’un avec l’autre.
Le petit-gris eft plu? grand que l’écureuil, il n’a pas
le poil roux , mais d’un gris plus ou moins clair. Ses
oreilles.font dénuées de ces longs poils , qui fur-
montent l’extrémité de celles de l’écureuil ; la fourrure
eft aufli beaucoup plus fine 8c plus douce.
Il diffère encore de l’écureuil par les habitudes
naturelles ; les petits-gris te réunifient
en troupes, voyagent de compagnie, s’approchent
des eaux, 8c fe hafardent. a traverferî les
rivières fur des écorces d’arbres. Ils fe fervent
de leurs queues comme de voiles dans ces fortes
de navigations * oh fouvent un grand nombre
périt par la violence du vent qui renverfe le
pavire. L’efpèce du petit-gris eft commune aux
contrées feptentrionnales des deux continens.
a Les Lapons , dit Regnard, font beaucoup la
guerre aux petits-gris pendant l’hiver , 8c leurs
chiens font fi bien faits à cette chaffe, qu’ils
n’en laiflerent paffer aucuns fans les appercevoir
fur les arbres les plus élevés, 8c avertir par leur
aboyement les Lapons qui étoient avec nous.
Nous en tuâmes quelques-uns à coups de fufil ;
car les Lapons n’avoient pas pour-lors leurs fléchés
rondes , avec lefquelles ils les affomment ; mais
nous eûmes le plaifir de les leur voir écorcher
avec une vîteffe furprenante ».
« Ils commencent à faire la chaffe aux petits-
gris vers la Saint-Michel , ‘8c tous les Lapons
généralement s’occupent à cet emploi, ce qui fait
que les peaux de ces animauxfont àgrandmarché, 8c
qu’on en donne un timbre pour un écu ; le timbre
eft compofé de quarante peaux ; mais il n’y a
point de marchandées oh l’on foit plus trompé
qu’à ces petits-gris 8c aux hermines, parce que
vous achetez la marchandife fans la voir 8c que
la peau eft retournée, enforte que la fourrure
eft en-dedans. Il n’y a point de diftin&ion à
faire , toutes font de même prix, 8c il faut prendre
les méchantes comme les belles, qui ne coûtent
pas plus les unes que les autres ».
« Nous apprîmes avec nos Lapons, continué
Regnard, une particularité furprenante touchant
les petits-gris , & qui nous a été confirmée par.
notre expérience : on ne rencontre pas toujours
de ces animaux dans une même quantité ; ils
changent bien fouvent de pays , 8c l’on n’en
trouvera pas un dans tout un hiver oh l’annee
précédente on en aura trouvé des milliers. One
croit en effet qu’ils voyagent 8c changent de
contrée ; lorfque dans ces voyages il faut paffer
quelque lac ou rivière , ce .qui fe rencontre à
chaque pas dans la Laponie 5 ce,s petits animaux
prennent une écorce de pin ou de bouleau
qu’ils tirent fur le bord de l’eau, fur laquelle ils
fe mettent , 8c s’abandonnent ainfi au gré du
vent , élevant leurs queues en forme de voiles,
jufqu’à ce que le vent fe faifant un peu fort 8c
la vague élevée , elle renverfe en meme - temps
8c le vaiffeau 8c le pilote ».
« Ce naufrage, qui eft bien fouvent de trois
ou quatre mille voiles , enrichit ordinairement
quelques Lapons qui trouvent ces débris fur le
rivage, 8c les font fervir à leur ufage ordinaire ,
pourvu que ces petits animaux n’aient pas été trop
long-temps fur le fable ; il y en a quantité qui font
une navigation heureufe 8c qui arrivent à bon
•port, pourvu que le vent leur ait été favorable,
8c qu’il n’ait- point caufé fur l?eau de tempête,
qui ne doit pas être bien violente pour engloutir
tous ces petits bâtimens. Cette particularité pourvoit
paffer pour un conte fi je ne la favois par
ma propre expérience ».
Fernandez dit que l’écureuil gris■ pu noirâtre
d’Amérique fe tient ordinairement fur les arbres,
E e ij