i v i î j î N T R O D
ouvertures apparentes & deftinées pour
F entrée de L’air dans leur corps.
Voilà les motifs qui m’ont déterminé
a diftribuer les produâions du Règne animal
en huit ordres, St à placer fiiccefîi-
vement ces ordres les uns après les autres ,
& relativement à la conformation des
animaux qu’ils contiennent. On voit que
(ces huit ordres font établis & rangés fui-
U C T I O N
vant des caraâères d’affez gfande importance
dans l’économie animale , pour qu’il
me fût- libre de choilir à mon gré les caraâères
qui me paroîtroiént les plus commodes
, pour défigner chaque ordre en
particulier. Avant d’entrer dans le détail
du premier, qui eft celui des quadrupèdes ,
je réferve une place de prééminence pour
le plus parfait de tous les êtres de la Nature, P A R Mi D A
L ’H o m m e furpaffe en dignité tous les
êtres matériels , par le rayon de la D iv inité
qui l’anime 8t qui l’éclaire. Son ame ,
immortelle, lui donne l’empire de la terre,
& la jouiffance de '.toutes fes produâions.
L ’Homme ne peut être confondu parmi
celles d’aucun.des trois Règnes de la Nature
, puifqu’il en eft le Roi. Sapuiffanceeft
fondée, nen-feulement fur la conformation
de fon corps, dont les organes produifent
plus d’effets que ceux des animaux, mais
encore mieux fur fon intelligence, fa raifon
&c fon induftrie, qui mettent une diftance
immenfe entre l’Homme 8t les animaux.
U B E N T O N .
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mufcles dès jambes , qui foutiennent lé
corps, en ligne verticale, au-deffus d’elles.
Le fécond caraâère diftinâif fe trouve dans
l’articulation de la tête avec le co u , par le
milieu de fa bafe.
Comment un Naturalifte célèbre a - 1 - i l
donc pu fe déterminer à mettre l’Homme
au rang des animaux quadrupèdes, & l’affo-
c ie r, dans une même claffe, avec les linges,
les makis & les chauve-fouris ? Affemblage
ridicule par rapport aux chauve-fouris, &
mal fondé relativement aux finges 8C aux
makis.
L’Homme n’eft pas quadrupède : il le
tient debout , 8c jamais il ne marche fur
fes mains : il eft conformé de manière â
pouvoir foute nir , fans contrainte , fon
corps 8t fa tête en ligne verticale, fur fes
jambes. Dans cette attitude majeftueufe , il
peut voir le ciel & la terre ; & changer de
place. ParAme démarche noble St facile , il
maintient l’équilibre de'toutes les parties
de fon corps, & le porte d’un lieu à un
autre, avec différens dégrés de vîteffe.
Examinons les caraâères de conformation
qui diftinguent l’Homme des animaux.
Après les avoir recherchés avec la plus
grande attention , je les ai réduits à deux
principaux, Le premier eft dans la force des
Nous fommes debout ; nous inclinons
notre corp s, Sc nous marchons fans penfer
à la force étonnante qui nous foutient dans
ces différentes fituations. Cette force réfide ,
principalement dans les mufcles jumeaux
& foleaire', qui forment la plus. grande
partie du gras de la jambe. Leur travail fe
fait fêntir ; 8t leur mouvement eft apparent
au-dehors, lorfqu’étant debout nous inclinons
notre corps 8c le redreffons fucceflî-
vement. Cette force n’eft pas moins grande
lorfque l’Homme marche : à chaque pas, il
s’appuie fur le bout de l’un de fes pieds ,
en foulevant le Jalon 8c tout le corps, tandis
qu’il porte l’autre pied en avant. Il faut
que les mufcles de la jambe de l’Homme
foient des agens bien puiflans pour fuffire
à un fi grand effort. Cependant, nous marchons
fans peine fur un plan horifontal ,
encore plus" facilement en defcendant : le
poids du corps eft plus fenfible lorfque nous
montons , parce qu’il faut que le corps
foit foulëvë plus haut à chaque pas ;
mais l’homme fait aifément tous ces mou-
vemens : ils lui font naturels. Au contraire,
les animaux en font incapables , ou ne des
font qu’en partie, avec peine, 8c pour .peu
de temps , lorfqu’ils fe font dreffés fur les-
pieds de derrière.
De tous les animaux que je connois , le
gibbon 8c le jocko , que l’on a aufli nommé
orang - outang, font ceux dont la conformation
diffère le moins de celle de l’Homme ;
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