avoit vu àThemèfvâr, deux frères * l’un
de cent dix ans, l’autre de cent douze ans ,
qui tous deux devinrent pères à cet âge.
La nommée Marie Cocu , morte en 1776
à "Websboroug en Irlande , à l’âge de cent
douze ans.
Le fieur Ifwan - Horwaths, chevalier de
l ’ordre royal & militaire de Saint-Louis,
ancien capitaine de Huffards au fervice de
France, mort à Sar-Alhe en Lorraine, le 4
décembre 1775 , âgé de cent douze ans,
dix mois & vingt-fix jours. Il a joui, jufqu’à
la fin de fa v ie , de la fanté la plus robufte,
que l’ufage peu modéré des liqueurs fortes
n’a pu altérer. Les exercices du corps, &
fur-tout la chaffe , dont il fe délaffoit par
l ’ufage des bains, étoient pour lui des plai—
firs vifs. Quelque temps avant fa m o r t, il
entreprit un voyage très - long, & l e fit à
cheval.
Rofine Jwiwarouska, morte â Minsk en
Lithuanie, âgée de cent treize ans.
Fockjel Johannes, morte dans la paroiffe
de Frife, au village d’Oldebom, âgée de
cent treize ans,feize jours.
La nommée Jenneken Maghbargh, veuve
Fans, morte le 2 février 17 76 , à la maifon
de charité de Zutphen, à l’âge de cent treize
ans & fept mois. Elle avoit toujours joui
de la fanté la plus ferme, & n’avoit perdu
la vue qu’un an avant fa mort.
On lifoit, dans le journal hiftorique &•
olitique,enfeptembre 1773,que le nommé
atrek M’eriton , cordonnier à Dublin,
paroiffoit encore fort robufte, quoiqu’il
fût- alors âgé de cent quatorze ans. Il avoit
été marié onze fois, & la femme qu’il avoit
étoit âgée de foixante-dix-huitans.
Marguerite Bonefant, morte à Wear-
Gifford, au comté de D e von , le 26 mars
17 7 4 , âgée de cent quatorze ans.
M. Eaftemann, procureur, mort à Londres,
le 11 janvier 1776, â l’âge de cent
quinze ans.
Terence Gallabar , mort le 21 février
1776, dans la paroiffe de Killymon, près
de Dungannon en Irlande, âgé de cent feize
ans & quelques mois.
David Biou, mort en Mars 17 76 , à Tifi
merane,dans le comté de Clarck en Irlande,
à l’âge de cent dix-fept ans.
AVilejac en Hongrie, un payfan, nommé
Marsk Jonas ,eft mort le 20 janvier 1775 ,
âgé de cent dix-neuf ans, fans jamais.avoir
été malade.
Eleonore Spicer, morte au mois de juillet
1773 , àAccomak, dans la Virginie , âgée
de cent vingt - un ans. Elle n’avoit jamais
bu aucune liqueur fpiritueufe, &c a con-
fervé l’ufage de fes lens jufqu’au dernier
terme de fa vie.
Deux vieillards, cités dans les Tranfac-
tions Philofophiques, âgés , l’un de cent
quarante ans, & l’autre de cent foixante-
cinq ans.
Hanovius, profeffeur de Dantzick, que
nous avons déjà cité ci-deffus, fait mention,
dans fa Nomenclature, de deux autres vieillards,
dont l’un eft mort à l’âge de cent
quatre - vingt - quatre ans, & l’autre, avoit
été vu encore vivant en Valachie, & âgé,
félon cet Auteur, de cent quatre-vingt-dix
ans (a). - ,
Avant d’alîïgner les caufes les plus ordinaires
d’une longue v ie , il eft à propos
d’examiner quel a été le genre de vie & la
pofition de ceux qui ont joui de cet avantage
; car s’ils ont eu quelque chofe de
commun que les.autres n’ayent point-partagé
avec eux, il fera trèsprobable que
c’eft par l’endroit où ils fe font reffemblés
que l’on doit aufiî les confidérer, pour découvrir
les caufes qui ont prolongé leurs
jours au-delà du terme ordinaire.
En partant de ce principe, on trouve
d’abord que la plupart de ceux q u i . ont
vécu long-temps ont été fobres , & ont
obfervé un régime, exaét. Les longues vies
font communes dans les Ordres Religieux
que leur règle réduit à une nourriture modérée
, & oblige de s’abftenir de vin & de
j viandes. Ces fameux Anachorètes, un faint
Antoine , un faint Paul hermite , dont le
premier eft mort à cent cinq ans, & l’autre
à cent treize , n’ont point connu l’ufage du
v in , ôc ont vécu des racines & des fruits
la) Hifteire Naturelle de l’Homme, par M, le Comte de Buffon,
\ fauvages que leur fourniffoit le défert où
ils s’étoient retirés. 4 .
[ Le philofophe Xenophile, qui a vécu
cent fix ans, étoit de la fefte de Pithagore.
On fçait que ces philofophes qui foutenoient
le dogme de la tranfmigration des âmes,
s’interdifoient l’ufage , des viandes, parce
[qu’ils s’imaginoient que tuer un animal,
ce feroit affaffmer un autre foi-même.
' Un payfan qui avoit mene dans fa jeu-
jneffe une vie peu réglée, fe reforma, &
parvint pareillement à l’âge.de cent fix
[ans. Au contraire, Thomas Parre, que nous
lavons déjà cité , dont la vie jufqu’à cent
cinquante ans avoit été frugale , abrégea
Ifes jours, pour avoir abufe de l’aifance où
[l’avoit mis la bienfaifance de fon Prince.
I 'Parmi beaucoup d’autres, dont nous
pourrions faire mention, il fuffira de citer
le célèbre Cornaro , Vénitièn , qui, né
avec un tempérament trè s - fo ib le , fçut,
[par fa grande fobriété, dérober à la mort
[un oorps déjà caffé à quarante ans , &
[jouit jufqu’à quatre-vingt-dix d’une fanté
inaltérable.
[ On obferve aufli qu’un grand nombre
[de ceux qui ont atteint un âge très-avancé
fe font adonnés à la vie contemplative,
tels que les philofophes & les anachorètes.
[Cependant on a vu aufli des rois , tels que
jMaflîniffa,Hieron, Artaxerce , vieillir au
(milieu des foins pénibles du gouvernement
& dès fatigues de la guerre. Beaucoup de
[militaires & de laboureurs- ont joui du
[même avantage. Mais en généra" les exercices
violens abrègent la vie. On a- re-
imarqué que les fimples foldats vieilliffoient
lavant les officiers.
I La vie champêtre a fourni aufli une mul-
Ititude de vieillards fains & vigoureux.
iCependant Hans-Loane, Duverney, Fon-
Itenelle, & d’autres qui ont vécu dans
les v ille s, font parvenus à une heureufe
fvieilleffe. En général il ne faut pas croire
•que la mortalité foit aufli grande dans les
fvilles qu’elle paroîtroit l’être, d’après les
jregiftres mortuaires : car en comparant ceux
lue la ville avec ceux de la campagne, on
prouve-la proportion des morts aux vi-
.vans fenfiblement moindre dans les derniers.
Mais une des principales raifons de
cette différence , eft qu’il y a beaucoup
d’hommes qui paffent des campagnes dans
les villes,, tels que des artifans & des do-
meftiques. D ’autres vont à la guerre ou
fur la mer, & y trouvent la fin de leürs
jours, dont la date ne peut être confignée
dans les regiftres de la patrie. La ville au
contraire ne fournit point d’habitans aux
campagnes , fi ce n’eft un petit nombre de
miniftres de la religion & d’officiers de
juftice. Cette répartition inégale charge les
regiftres des villes d’un excès qui appartient
réellement à ceux des campagnes.
On a remarqué que les infenfes vivoient
long-temps, ce que M. Haller attribue à ce
qu’ils font exempts de ces vives inquiétudes
, qu’il regarde comme le plus mortel
de tous les poifons. Il en eft de même, jufqu’à
un certain point, des habitans de la
campagne. Libres des foins qu’entraîne l’ambition
de briller par les talens, ou de parvenir
aux dignités, fans regret pour l’ordinaire
fur le paffé, peu inquiets pour l ’avenir
, ils n’éprouvent point ces tourmens de
l’efprit qui minent le corps. Ils joignent â
cette tranquillité d’ame, qui eft une des
plus belles prérogatives de l’enfance, celle
d’être encore long-temps jeunes par lephy-
fique, fur lequel on fçait que le moral a
une influence marquée.
On a vu cependant des philofophes ,
exempts d’ambition, pouffer loin leur carrière.
Bacon met au rang des caufes qui
peuvent contribuer à nous procurer cet
avantage , une vie pieufe , qui, en amortif-
fant l’aûivité de nos defirs par rapport aux
biens préfens, donne entrée dans notre ame
â la douce efpérance des biens à venir.
Les perfonnes foibles & pâles , celles
dont la jeuneffe a été languiffanté, démentent
fou vent , par une longue vie , ces
trilles apparences.
Une fageffe précoce & des talens trop
au-deffus de l’âge font fouvent plus propres
à infpirer de l’étonnement que des
efpérances. Le développement rapide des
facultés morales, en abrégeant la jeuneffe,
femble refferrèr à proportion l’efpace entier
de la vie.