trine & le ventre ; ces animaux ont les yeux noirs
& des mouftaches comme nos lapins, mais ils n ont
point de queue. Le tapeù reflemble encore au lièvr e
par fa manière de vivre , par fa fécondité & par la
qualité de fa chair, qui eft très-bonne a manger ,
il demeure aùffi , comme lui, dans les champs
ou dans les bois, & ne fe crèufe point de terrier
comme le lapin.
TAPIHIRE, J y T a p i R.
TAPIIER-ETE, ƒ r y 1 1 , . K
TAPIR ( le ) ou anta, eft un animal particulier
à l’Amérique & le plus grand de ceux qui font
propres à ce nouveau continent. Il eft de la gran e
d’une petite vache ou d’un zébu , mais fans cornes
& fans queue. Il a la tête groffe & longue ., avec
une efpèce de trompe formée par le prolongement
de la lèvre fupérieure, mais infiniment plus courte
& moins parfaite que celle de l’elephant ; il a
les yeux petits & le corps arque comme le cochon,
portant une livrée, dans la jeuneffe , comme
le cerf, & enfuite un pelage uniforme d un brun
foncé & d’un poil court ; les oreilles font arrondies
| de novembre 8c de décembre, & c’eft-la le feul
temps où l’on trouve deux de ces animaux
enfemble. Lorfque deux mâles fe rencontrent
auprès de* la même femelle, ils fe battent &. 4 1e blelfent cruellement ; mais le mâle quitte
fa femelle dès qu’elle eft pleine : elle porte dix
à onze mois , 6c pour mettre bas , elle choiftt
toujours un endroit élevé 6c un terrein fec ; elle
ne produit qu’un petit. « o u '
& relevées en avant à leur extrémité.
Il y a dix dents incifives & dix molaires a
chaque mâchoire, caradère qui fépare entièrement
le tapir du genre des animaux rutnmans ,. les
ïambes font courtes & les pieds de devant font
armés de quatre ongles , dont le plus petit e
extérieurement attaché aux trois autres ; es pie s
de derrière en ont-feulement trois, & dans tous,
l’ongle du milieu plus long que les autres.
. Quant à fa lèvre fupérieure ou a fon nez., que
nous avons dit être prolongé en forme de trompe ,
lorfqu’il ne l’emploie pas pour faiftr quelque
chofe, cette trompe ne s’étend guère au-dela _de
la lèvre inférieure, & alors elle eft toute ndee
circulairement ; mais il peut l’allonger de plus
d’un demi-pied, & même la tourner de cote Ci
d’autre pom faif.r , avec la partie inferieure du
prolongement, qui fe replie pour cet e et e
deffous. . \ or
Le corps eft couvert de poils très-courts &
très-rares fur les flancs & aux parties inferieures.
Des poils noirâtres , d’un pouce & demi de hauteur
. roides comme des foies de cochon , mais
moins rudes au toucher g & qui vont en diminuant
de longueur vers les extrémités , s etendent
en forme-.de crinière fur le front & fur le cou.,
dans le mâle les parties de la génération font
très-groffes ôc très-apparentes. | ,
Le tapir fait conftamment fou gîte fuJ les col-
Unes & dans les endroits fecs ; mais il fréquente
les lieux marécageux pour y chercher fa luhli-
tance : il fe nourrit de rejetions & de. pouffes
tendres, & fur-tout des fruits tombés,des arbres.
C ’eft plus de nuit que de jour qu il - cherche la
nourriture ; il aime la propreté & va tous les
matins & tous les foirs .traverfer quelque riv.ere
jpa fe laver dans quelque lac.
' Les femelles tapirs entrent en chaleur aux mois
Le tapir eft d’un naturel doux, timide ; 6c , hors
le temps de la chaleur, il fuit tout combat, tout
danger; avec fes jamhes courtes ôc fon corps
ramafle , il ne laiffe pas de courir affez vite ; il
nage encore mieux qu’il ne court ; quand il eft
pourfuivi par les chiens, il fe jette à le a u , ôcil
fe défend très-bien contre eux , fur tout lorfqu il
eft bleflé ; il les tue même affez fouvent, foit en
les mordant, foit en les foulant aux pieds. ^ ^
Son cuir eft d’un tiffu très-ferme & fi ferre ;
que fouvent il réfifte à la balle. Sa chair eft fade
& grolïière ; cependant les Indiens la mangent.
On le trouve communément au Bréfil, au Para-
guai, à la Guiane , aux Amazones ôc dans toute
l’étendue de l’Amérique , depuis Textrernite du
Chili jufqu’à la Nouvelle-Eipagne. Lorfqu’il eft
élevé en domefticité, il femble etre fufceptible
d’attachement.- ,
MM. de la Borde 6c Bajon, le premier, Médecin
, ôc le fécond Chirurgien du Roi à Cayenne ,
ont donné tous deux , fur le tapir , des' details
curieux qui nous- paroiffent mériter de trouver
place ici. • -
Ces animaux, félon M. de la Borde , fuient
le voifinage des lieux habités, & demeurent aux
environs des marécages ôc des rivières , quils
traverient fouvent pendant le jour & même pendant
4a nuit. La femelle fe fait fuivre par fon
petit, ôc l’accoutume de bonne heure à entrer
dans l’eau , où il plonge ôc joue devant fa mere ,
qui femble lui dpnner -des leçons pour cet exercice
; le père n’a point de part a 1 éducation ,
car l’on trouve les-mâles toujours feuls, à l’exception
du temps où les femelles font en chaleur.
L’efpèce en eft affez nombreufe dans l’interieur
des terres de la Guiane, Ôc il en vient de temps
en temps dans les bois qui font à quelque diftance
de Cayenne. Quand on les chaffe, ils 4e rém-
gient dans l’eau-, où il eft aifé de les tirer ; mais,
quoiqu’ils, foient d’un-naturel tranquille & doux,
ils deviennent dangereux lorfqu ils lont bielles ;
on en a vu fe jetter fur le canot d’ou le coup
étoit parti, pour tâcher de fe venger en le ren-*
verfant. . 11 faut aùffi fe garantir de leur rencontre-dans
les forêts 5-ils y font des ■ fentiers ou plutôt d’affez
larges chemins battus par leurs fréquentes alléesôc
venues, car ils ont l’habitude de pafferÔC repalier
toujours par les mêmes lieux, & il eft à craindre
de fe trouver fur .ces chemins, dont ils ne fe de^
tournent jamais, parce que leur allure -eft brufque ,
& que , fans chercher à offenler , Ils heurtent
rudement tout ce qui fe rencontre devant eux.
Les terres voifines du haut des rivières de la
Guiane font habitées par un affez grand nombre
de tapirs, & les bords des eaux font coupés par
les fèntiers qu’ils y pratiquent ; ces chemins font
ft frayés, que les'lieux les plus déferts femblent,
au premier coup-d’oe il, être peuplés ôc fréquentés,;
par les hommes. Au refte, on dreffe des chiens
pour chaffer ces animaux fur terre & pour les
lüivre dans l’eau ; mais , comme ils ont la peau
très-ferme ôc très-épaiffe, il eft rare qu’on les tue
du premier coup de fuftl.
Les tapirs n’ont pas d’autre cri qu’une efpècè
de fifflet vif ôc aigu, que les chaffeurs ÖC les fauvages
imitent affez parfaitement /pour les faire approcher
ôc les tirer de près : on ne les voit guère
s’écarter des' cantons qu’ils ont adoptés , Ôc ils
courent lourdement ôc lentement dans les routes
qu’ils fe font frayées au milieu des forêts.
) La mère tapir pàroît avoir grand foin de fon
petit; non-feulement elle-lui'apprend à nager ,
jouer Ôc plonger dans,l’eau, mais , lorsqu’elle eft
à terre , elle s’en fait‘conftamment accompagner
ou fuivre , & fi le petit refte ‘ en arrière , elle
retourne de temps en temps fa trompe , dans
laquelle eft placé forgané de l’odorat, pour fentir
s’il fuit ou s’il eft trop, éloigfié, & dans ce cas,
elle l'appelle ôc l’attend pour 1e remettre en marche.
On en élève quelques-uns à Cayenne , en domefticité
: ils vont par-tout fans faire de mal ;
ils mangent du pain, de la caftàve, des fruits ;
ils aiment qu’on lés carreffe , & font groflièfement
familiers, car ils ont un air pëfant Ôc lourd , à
peu près comme le cochon. Quelquefois ils vont
pendant le jour dans les bois ôc reviennent le foir
à'la maifon ; néanmoins , il arrive fouvent ,-lorf-
qu’on leur laiffe cette liberté , qu’ils en abufent
& ne reviennent plus.
Leur chair fe mange, mais n’eft pas d’un bon
goût : elle eft pefante , femblàble, pour la couleur
ôc l’odeur , à celle du cerf ; les fe uls-mo r ce aux
affez bons font les pieds & le deffùs du cou.
La figure de cet animal, dit M. Bajon, approche
en général' de celle du cochon ; il eft cependant
de la hauteur d’un petit millet ayant le corps
extrêmement épais, porté fur des jambes' très-
courtes ; il eft couvert de poils plus fins ôc plus
courts que les foies du cochon & beaucoup moins
épais.’Il a une crinière dont les crins. , toujours-
droits, ne font qu’un peu plùs longs que les poils
du refte du corps ; elle s’étend depuis le fommet
de la tête jufqu’au commencement des épaules ;
la 'tête eft groffe & un peu alongée ; les yeux
font petits ôc très-noirs, lès oreilles courtes , ayant
pour la forme quelques rapports avec celles du
cochon. *
Sa trompé a environ un pied dé long ; les.
mouvemens en font très-fouples., ôc dans cette
trompe réfide l'organe de l’odératjil s’en fert pour
. ffijioire Naturelle* Tom,. /.
ramaffer des fruits , qui font une partie de fa nourriture
; les deux ouvertures des narrines parte tir
de l'extrémité de la trompe ; la queue eft très-
petite , n’ayant que deux pouces de long ; elle
eft prefque fans poils.
Le poil du corps eft d’un brun légèrement foncé ;
les jambes font courtes ôc groffes ; les pieds font
fort larges 6c un peu arrondis ; ceux de devant*
ont quatre doigts, 8ç. ceux de derrière n’en ont
que trois ; tous'ces doigts font enveloppés d’une
corne dure 6c épaiffe.
La tête , quoique fort groffe , contient un très-
petit cerveau ; les mâchoires font fort alongées 6c garnies de dents , dont le nombre ordinaire ,
eft de quarante ; cependant il y en a quelquefois
plus 6c quelquefois moins ; les dents incifives font
tranchantes, 6c c’eft dans celles-ci qu’on obferve de
la variété dans le nombre ; après les incifives on
trouve une dent canine de chaque côté , tant fiipé-
rieurement qu’inférieurement, laquelle a beaucoup
de rapport aux défenfes du fanglier. On trouve en-
fuite un petit efpace dégarni de dents, 6c les
molaires fuivent après , - qui font très-groffes ÔC
ont des furfaces fort étendues.
Lè tapir ou maïpouri mâle eft conftamment plus
grand 6c plus fort que la femelle ; les poils de
la crinière font aufli plus longs 6c plus épais. Le cri
de l’un 6c de l’autre eft précifément celui d’un
gros fifflet ; le cri du mâle, eft plus aigu , plus
fort 6c plus perçant que celui de la femelle.
Les parties de la génération du mâle ont un
très-grand rapport avec celle du cheval ou de
l’âne ; elles font fituées de la même façon, 6c on
obferve fur le fourreau, comme dans le cheval , 1
à peu de diftance des tefticules , deux petits mamelons
très-peu apparens, qui indiquent l’endroit
des mamelles* Les tefticules font très-gros, ainli
que la verge-, qui n’a qu’un corps caverneux. Dans-
fon état ordinaire , elle eft renfermée dans une
poche confidérable , formée par le fourreau ; mais ,
en ére&ion, elle fort toute entière comme celle
du cheval.
L’hiver , pendant lequel il pleut prefque tous
les jours à Cayenne, eft la faifon la plus favorable
pour chaffer ces animaux avec fuccès. Un
chaffeur Indien , continue M. Bajon , alloit fg>
pofter au milieu des bois; il donnqit cinq à fix
coups d’un fifflet fait exprès, 6c qui imitoit très-,
bien leur cri ; s?il s’en trouvôit quelqu’un aux environs,
il répoiïdoit aufti-tôt, 6c alors le chaffeur
s’acheminoit doucement vers' l’endroit de la ré*»
ponfe , ayant foin de la faire répéter de temps
' en temps, 6c jufqu’à ce qu’il fe trouvât à portée
., derirer ; pendant la féchereffe de l’été, au contraire,
que l’animal refte tout le jour couché , l’Indiem
alloit alors fur les petites hauteurs 6c tâchoit d’en-
déebuvrir quelqu’un 6c de le tuer au gîte ; mais'
cette chaffe étoit bien moins favorable que la
première?
On fe fert de lingots ou de très-groffes balles
P p