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Oignard dans quelques-unes de nos Provinces ;
. Oigne en baffe Picardie ;
Pen.ru en baffe Bretagne ;
Ce canard doit le furnom de Jiffieur à Ton cri
qui eft un lifïlement aigu ; il le lait entendre en
volant & fe décèle , par ce cri qu’il pouffe plus
fréquemment la nuit que le jour ; c eft auffi
fur-tout de nuit qu'il vole 8c qu’il voyage.
Il eft plus petit que le canard domefiique ; fa
longueur eft de dix-huit pouces, fon vol de deux
pieds 8c demi", & fes ailes pliées s’étendent à- peu-près à l’extrémité de la queue ; il a le fommet
de la tête d’un fauve-clair , le refte de la tête 8c
le haut du derrière du cou tachetés de noirâtre
fur fond marron ; le haut des côtés du cou de la
même couleur, mais fans taches ; la gorge 8c le
haut du devant du cou de couleur de fuie ; le bas
du devant du cou d’un gris-marron ; le bas des
cotés & du derrière du cou , le dos & le croupion
rayés tranfverfalement en zigzags , de traits
blanchâtres 8c de traits noirâtres ; les plumes fca-
pulaires rayées de ces mêmes couleurs ; les plumes
du milieu de celles qui recouvrent la queue,
noires, bordées de blanc du côté intérieur, 8cles
latérales d’un noir changeant en verd-doré ; la
poitrine 8c le ventre d’un beau blanc ; les côtés
rayés en zigzags de gris 8c de blanc ; les couvertures
du deffous de la queue d’un noir foncé ; les
moyennes couvertures du deffus des ailes blanches,
les petites variées de cendré-brun 8c d§ blanchâtre,
fos grandes d’un gris - brun ; les pennes de l’aile
d’un cendré-brun , 8c le plus grand nombre marquées
du côté extérieur d’une plaque d’un noir
de velours, 8c d’une autre plaque d’un verd-doré ;
çe qui forme deux larges bandes de ces couleurs
fur chaque aile ; les deux pennes du milieu
de la queue d’un cendré - brim , ôc les latérales
grifes , bordées de. blanchâtre ; les deux du milieu
le terminent çn pointe aigue, 8c excèdent de cinq
lignes celles qui les fuivent de chaque côté ; le
demi-rbec. fupérieur eft d’un cendré-bleu , 8c l’onglet
eft noir ; l’inférieur eft noir excepté à fon
origine qui eft de la même couleur que ia partie
fupérieure ; la partie nue ,des jambes, les pieds,
fes doigts, leurs membranes font de couleur de
plomb, 8c les ongles noirâtres.
La femelle a la tête, la gorge 8ç le haut du
cou tachetés de points noirâtres fur fond rouffeâtre ;
la poitrine 8c le ventre blancs ; le gris eft la couleur
du refte du plumage , de façon cependant que
les plumes font plus ou moins bordées de rouf-
féâtre ; les plaques noires 8c d’un verdrdoré qui
trayerfent l’aile ? font beaucoup moins larges 8c
moins vivement colorées que dans le mâle.
Les jeunes mâles font revêtus d’un plumage
qui diffère très - peu de celui des femelles, 8c les
mâles adultes même prennent au mois de juillet
un plumage analogue, oh dont le gris eft Ja couleur
dominante ; ils perdent alors leur voix , ainfi
que les femelles ; c’eft dans cet état qu’ils arrivent
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des contrées du nord dans nos Provinces vers le
mois de novembre ; mais quand ils repartent au
mois de mars tous les mâles ont pris leurs belles
couleurs.
Les canards Jiffieurs volent 8c nagent en bandes j
ils fréquentent toutes nos provinces , mais plus
particulièrement celles qui font voifrnes de la mer ;
ils fe nourriffent des mêmes fubftances que les
cafards fauvages, 8c comme eux ils font en mou- • vement la nuit; ils partent en mars par un „vent
de fud, 8c il n’en refte point dans nos contrées ÿ
ils s’accoutument aifément à la domefticitéon
en voit affez fouvent fur les baffins dans les lieux
oh on a ce genre de curiofrté, mais il ne paroît
pas qu’ils multiplient ; leur chair eft un affez bon
gibier.
On retrouve l’efpèce du canard Jiffieur en Amérique
; j’ai cru du moins la reconnoître dans un
canard de la Louifiane qu’on y nomme canard gris ;
un peu plus grand que notre canard Jiffieur, il a le
long du cou de chaque côté une raie verdâtre ; d’ailleurs
le plumage eft le même à quelques traits, quelques
nuances près qui peuvent varier d’individus à
individus, mais la couleur du bec , celle des pieds ,
la forme de la queue ; l’habitude de tout le corps, 8c la beaucoup plus grande partie du plumage,
décèlent la même efpèce dans le canard gris de la
Louifiane 8c dans notre canard Jiffieur.
M. le comte de Buffon croit que c’eft à. cette
efpèce qu’on doit rapporter le vingeon des habitans
de Saint-Domingue 8c de Cayenne ; mais ilcon-
ferve cependant fur l’identité de l’efpèce de ces
oifeaux quelques doutes qui l’empêchent de pra-
noncer affirmativement. Canard siffleur a bec n o ir .
Canard siffleur de Saint - Domingue, PU
enl. 814.
Canard siffleur de la Jamaïque. Br.i$s.
ton. VI, pag. 403. Genre Cyîp.
Il n’eft pas tout - à - fait fi gros que le canard
doxneftique ; il a le fommet de la tête revêtu de
plumes noirâtres qui forment une huppe peu
apparente ; le refte de la tête rouffeâtre ; le derrière
du cou brun ; les fcapulaires 8c les plumes
du dos brunes, bordées de rouffeâtre ; le croupion
8c les couvertures du deffus de la queue noirâtres
; les joues 8c la gorge blanches, le devant
du cou tacheté de noir fur fond blanc ; la poitrine
rpuffeâtre , tachetée de noir ; le ventre, lçs côtés ,
le haut des jambes 8c les couvertures dif deffous
de la queue d’un blanc parfemé de taches noifes ;
les couvertures du deffus des ailes rouffeâtres mara
quées chacune d’une tache noire dans leur milieu ;
les grandes pennes des ailes noirâtres ; les moyennes
brunes bordées de rouffeâtre ; les pennes de
la queue noirâtres ; lé bec de cette même couleur
; la partie nue des jambes , les pieds , les
dpigts, l.eurs membranes de couleur de plomb ;
les ongles noirs.
Ç)n trouve ce canard en Amérique, oh il paffç
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alternativement des contrées méridionales à celles
du nord.
C anard s if f leu r a b e c rou g e et n a rines
jaun es.
Canard .siffleur de Cayenne. PL enl. 826.
. C an ard s if f leu r d’Amérique. Br is s . tom.
VU pag. 400. pi. XXXV 111) fig. /. Genre CVlle.
11 n’eft pas tout- à -fait fi gros que. le canard
doineftique ; il a le deffus . de la tête 8c le cou
d’un marron-clair ; le derrière de la tête noirâtre ;
les joues 8c la gorge d’un gris-clair ; le haut du
dos 8c les plumes fcapulaires de couleur marron ;
le bas du dos, le croupion 8c les couvertures du
deffus 'de la queue noirâtres, ainfi que le ventre 8c les côtés ; les couvertures du deffous de la
queue blanchâtres tachetées de noirâtre ; les petites
couvertures du deffiis des ailes noirâtres ; les 1
moyennes d’un fauve - rouffeâtre ; les grandes
blanchâtres , 8c quelques-unes tout-à-fait blanches ;
les pennes des ailes noirâtres , la plupart en partie,
bordées de gris du côté extérieur , 8c les cinq plus,
proches du corps colorées comme le font les plumes
fcapulaires ; les pennes de la queue noirâtres ;
le bec rouge 8c fon onglet noir ; la partie nue
des jambes ,ftes pieds , les doigts 8c leurs membranes
de couleur de chair ; les ongles noirâtres.
M. Briffon dit qu’on trouve ce canard dans 3’Amérique .feptentrionale , 8c M. le comte de
Buffon nous apprend qu’il a été envoyé de
Cayenne au cabinet du roi ; les migrations qui
font ordinaires aux canards , concilient aifément
ces deux faits.
C an a rd s if f l eu r d’Amérique. B riss. ton.
VI, pag. 400. Voye^ C anard siff leur a bec
ROUGE E T NARINES JAUNES.
C an a r d siff leur de Cayenne. Pl. enl. 826.
Voÿë£ C a n a r d * s if f l e u r a bf.c rou g e et
NARINES JAUNES.
C an ard siffleur de la Jamaïque. B riss.
tom. VI, pag. 403. Voye£ C an a rd s iff leur a
BEC N O IR .
C an a rd siff leur de Saint-Domingue. PL
enl. 814. Voye{ C an a rd siff leur a bec n o ir .
C an ard s if f leu r huppé. Briss. tom. VL, pag. 398. Genre CVIIe.
Il seft un peu plus gros que le canard fauvâge ;
des plumes douces comme de la foie, longues,
effilées , d’un roux - clair couvrent le deffus de la
tête 8c fe relèvent en huppe élégante ; le refte de
la tête 8c la gorge font de la même couleur , mais
plus foncée ; le coü, la poitrine , le ventre 8c le
haut des jambes font noirs j le dos eft d’une couleur
vineufe;. le croupion 8c les couvertures du
deffus de la queue.font noirs; celles du deffous
de la queue 8c les côtés font, d’un blanc teint
d’une nuance vineufe ; les petites couvertures des
ailes font blanches, les .autres font cendrées; les
quatre premières pennes des ailes font noires en
dehors & à leur bout; les quinze frayantes font
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d’une couleur vineufe, 8c les fix pins proches du
corps font cendrées1; la queue eft de cette dernière
couleur ; l’iris eft d’un rouge-vif ; le bec eft
d’un beau rouge, ainfi que ia partie nue des jambes
, les' pieds 8c -les doigts ; les membranes
font noirës. • ; .
Ce beau canard) fe trouve quelquefois, mais
très-rarement fur nos étangs, an fort de 1 hiver ;
il eft probable qu’il nous vient du nord ; fon histoire
n’eft pas encore connue. Je m? le fins
procuré, l’ayant trouvé en vente au marché à Paris.
CANARDIËRE (chaffe).
Lieu couvert 8c prépare dans un étang ou un
marais pour prendre les canards fauvages.
V oiei la dpfcription d’une canardureJ, avec .fon-
réfervoir ou fon baffin , canaux , cages a appri-
! yoifer les canards, filets 8c allées d’arbres, confi-
; truite par feu M. Guillaume Ockers, fituée fur une
: efpèce de petite île , environnée,-d’un côté , des
; dunes, 8c de l’autre côté, fortifiée d’une digue,
! faifant un ovale dans la mer, occupant environ
fept arpens de- ter rein fur Quelder-Duyn , proche
le Helder 8c le Teffel en Hollande. ■
Le baffin ou réfervoir où les canards fe. jettent
ou tombent, repréfente un hexagone contenant
trois • cens trente-cinq toifes d’eau , oh font habituellement
environ fix cens de ces oifeaux,; fça-
voir, deux cens à qui on a tiré les groffes plumes
d’une aile , afin qu’ils ne puiffent plus voler ,
mais refter toujours dans le réiervoir ; aux autres
quatre cens , on a feulement coupé les plumes
volantes , dont il fera parlé ci-deffous , après qu’ils
font apprivoifés 8c inftruits fur un petit bois flottant
, à faire leur devoir pour féduire les fauvages.
Il y a auffi fix canaux courbés en corne de bouc ,
longs de douze toifes du côté rond 8c extérieur ,
avec une barrière derofeaux, qui forme un petit talus
au-dedans du canal, d’un bout à l’autre , 8c du côté
intérieur , qui eft courbe, avec dix petites barrières
d’environ une toife de longueur , qui paf-
fent lune devant l’autre; 8c à chaque barrière ,
une autre petite barrière , oh les chiens doivent
fauter, pour conduire les oifeaux fauvages., Les
fix bords unis du baffin, qu’on nomme place du
repos ) deftinés pour donner à manger aux oifeaux
apprivoifés , 8c à les faire repofer, font un. croif-
fant de lune ; fon milieu eft large de vingt-fept
pieds : il y a des petites digues, par-deffous ces
digues , dés barrières de rofeaux d’un bout, à
l’autre, 8c au milieu un trou , avec une planche
qui s’ouvre 8c fe ferme , oh les petits chiens
peuvent venir fur la place du repos. Les fufdits
canaux font hauts 8c larges de dix-fept pieds 8c fe
courbent en arrière, ouïe filet eft pofé à .quatre pieds
en hauteur, 8c il y a un arc couvert de petites lattes
de quatre en quatre pieds, large de dix-fept pieds
à l’embouchure, 8c élevé au-deffus de l'eau de
dix-fept pieds au milieu, 8c ainfi en diminuant
jufqu’au derrière à la hauteur de quatre pieds,
oh eft étendu, d’un côté à l’autre, un filet gpu