Cinquième famille : les quadrupèdes qui ont cinq
doigts conformés d’une manière extraordinaire ;
les doigts de ces animaux ne font pas féparés les
uns des autres. Premier genre de la loutre, fécond
genre du cajlor, troifième genre du rofmarus ou
odobenus , quatrième.genre duphoca ou veau marin,
cinquième genre du manatus ou manati.
M. BrifTon a diftribué les animaux quadrupèdes
en dix-huit ordres.
Ordre 1. Les quadrupèdes qui n’ont point de
dents. Seâion première , ceux qui ont le corps
couvert de poil. Premier genre le fourmillier. Section
2. Les quadrupèdes qui ont le corps couvert
d’écailles, fécond genre , le pkolidote.
Ordre II. Les quadrupèdes qui n’ont que des
dents molaires. SeCtion i. Ceux qui ont le corps
couvert de poil troifième genre du pareffeux.
SeCtion 2. Les quadrupèdes qui ont le corps couvert
d’un teft offeux, quatrième genre de Tarmadille,
Ordre 111. Les quadrupèdes qui n’ont point de
dents incifives, mais qui en ont des’-canines ou
des molaires , cinquième genre de l’éléphant ;
fxxième genre de la vache marine.
' Ordre IV. Les quadrupèdes qui n’ont point
de dents incifives à la mâchoire fupérieure , 8c qui
en ont hx à l’inférieure , feptième genre du chameau.
Ordre V. Les quadrupèdes qui n’ont point de
dents incifives à la mâchoire fupérieure , & qui
en ont huit à l’inférieure , 8c le pied fourchu.
Section i . Ceux qui ont des cernes fimples,
huitième genre de la giraffe ; neuvième genre du
houe ; dixième genre du belier ; onzième genre
des boeufs. Section 2. Les quadrupèdes qui ont
des cornes branchues, douzième genre des cerfs.
Section 3. Les quadrupèdes qui n’ont point de
cornes, treizième genre du chevrotain.
Ordre VI. Les quadrupèdes qui ont des dents
incifives aux deux mâchoires , & la corne du
pied d’une feule pièce, quatorzième genre du cheval.
Ordre Vil. Les quadrupèdes qui ont des dents
incifives aux deux mâchoires & le pied fourchu ,
quinzième genre du cochon.
Ordre VIII. Les quadrupèdes qui ont des dents
incifives aux deux mâchoires, & trois doigts onguiculés
à chaque pied, feizième genre du rhino- j
ceros.
Ordre IX. Les quadrupèdes qui ont deux dents
incifives à chaque mâchoire , quatre doigts onguiculés
aux pieds de devant, & trois à ceux de
derrière ; dix-feptième genre du cabiai.
Ordre X. Les quadrupèdes qui ont dix dents
incifives à chaque mâchoire , quatre doigts onguiculés
aux pieds de devant, & trois à ceux de derrière
; dix-huitième genre du tapir ou manipouri.
Ordre XI. Les quadrupèdes qui ont des dents
incifives aux deux mâchoires 9 & quatre doigts
onguiculés à chaque pied , dix-neuvième genre de
^hippopotame.
Ordre XII. L e s quadrupèdes q u i o n t de iîx dent«
in c if iv e s à c h a q u e m â c h o ire , Ôc les d oigts o n g u icu
lé s . SeCtion 1 . C e u x q u i n ’o n t p o in t d e d en ts
c a n in e s , & q u i o n t des p iq u an s fu r le c o r p s ,
v in g tièm e g e n re d u p o rc -é p ic . SeCtion 2 . L e s
quadrupèdes q u i n ’o n t n i d e n ts c an in e s n i p iq u an s
fu r le c o r p s , v in g t-u n ièm e g e n re du c a fto r ; v in g t-
d e u x ièm e g e n re a u liè v r e ; v in g t- tro if ièm e g e n re
d u l a p in ; v in g t - q u a tr ièm e g e n re d e l’é c u re u i l;
v in g t-c in q u ièm e g e n re du lo ir ; v in g t- f ix ièm e g e n re
d u ra t . SeCtion 3. xLes quadrupèdes q u i o n t des
d e n ts c a n in e s , & q u i n ’o n t p o in t d e p iq u an s fu r
le c o r p s , v in g t- fe p tièm e g e n re d e la m u fa raig n e .
S e é tio n 4 . L e s quadrupèdes q u i o n t des d e n ts
c a n in e s , 8c le c o rp s c o u v e r t d e p iq u a n s , v in g t-
h u itièm e g e n re d u hé riffon.
Ordre XIII. L e s quadrupèdes q u i o n t q u a tre
d e n ts in cif iv e s à c h a q u e m â c h o i re ’, & les d o ig ts
o n g u icu lé s . SeCrion 1 . C e u x d o n t to u s les d o ig ts
, fo n t fép a ré s les u n s des a u t r e s , v in g t - n e u v ièm e
g e n re d u lin g e ; c e g e n re eft fo u s -d iv ifé e n c in q
ra c e s . SeCtion 2 . L e s quadrupèdes d o n t les d o ig ts
des p ied s d e d e v a n t fo n t jo in t s en fem b le p a r u n e
m em b ra n e é te n d u e e n a i l e , t re n t ièm e g e n re d e la
ro u ffe tte .
Ordre XIV. L e s quadrupèdes q u i o n t quatre?
d e n ts in cif iv e s à la m â c h o ire fu p é r ie u re , 8c fix
à l’in fé r ie u re , 6c les d o ig ts o n g u icu lé s . S e é tio n 1 .
C e u x d o n t to u s les d o ig ts fo n t fép a ré s les u n s
! d e s a u t r e s , tre n te -u n ièm e g e n re d u m a k i. S e é tio n 2 .
L e s quadrupèdes d o n t les d o ig ts d e s p ie d s d e d e v a n t
fo n t jo in ts en fem b le p a r u n e m em b ra n e é te n d u e
e n a ile s , t r e n te -d e u x ièm e g e n re de la c h au v e- fo u ris .
Ordre XV. L e s quadrupèdes q u i o n t fix d e n ts
in cif iv e s à la m â c h o ire fu p é r ie u re , 6c q u a tre à
l ’in fé r ie u re , 6c les d o ig ts o n g u icu lé s , t r e n te - tro i -
f ièm e g e n re d u phoeds.
Ordre XVI. L e s quadrupèdes q u i o n t fix d e n ts
in c if iv e s à c h a q u e m â c h o i r e , 6c les d o ig ts o n g u icu
lé s . Section 1. C e u x .d o n t les doigts, fo n t fép a ré s
les u n s des au tre s , t r e n t e - q u a tr ièm e g e n re d e
l ’h y è n e ; t re n te -c in q u ièm e g e n re d u ch ie n ; t r e n te -
f ix ième g e n re de la b e le t te ; tre n te - fe p tièm e g e n re
d u b la ire a u ; tre n te - h u itièm e g e n re d e l’ou rs ,
t re n te -n e u v ièm e g e n re d u c h a t. SeCtion 2 . L e s
quadrupèdes d o n t le s d o ig ts fo n t jo in ts e n lem b le
p a r des m em b ra n e s , quarantième g e n re d e l a
lo u tr e .
Ordre XVII. L e s quadrupèdes q u i o n t f ix dents ,
in cifiv e s - à la m â c h o ire fu p é r ieu re 6c h u it à l ’infé
r ieu re , 6c les d o ig ts o n g u icu lé s ., q o a ra n te -u n ièm e
g e n re d e la ta u p e .
Ordre XVIII. L e s quadrupèdes q u i o n t d ix d ents,
in c if iv e s à la m â c h o ire fu p é r ie u re , h u it à l’infé
r ie u re 6c les d o ig ts o n g u ic u lé s , quarante-deuxième:
g e n re d u philandre.
N o u s n ’in fifte ro n s p a s fu r l’e x am e n p a r t ic u l ie r
d e c h a c u n e d e c e s m é th o d e s ; elles p a r t ic ip e n t
plus ou moins, <3ans leur principe , du défaut
de vouloir claffer les animaux, par le rapport de
quelques-unes de leurs parties , plutôt que par la
reffemblance totale , 6c l’analogie complette de
leur organifation , de leur ftruéture ôc de leur
naturel : par exempte, on ne s’attend pas à trouver
dans le même ordre , ( BrifTon ) le porc-épic ôc
le caftor , le maki Ôc la chauve-fouris , le finge
6c la rouffette , 6c dans le même genre , le lion 6c
le chat ; ou de rencontrer ( Klein ) , l’agouti avec
le tatou , le chameau avec l’a ï, parce qu’en effet
ces animaux ne fe rencontrent guère dans la
nature.
Un autre défaut commun à prefque toutes les
méthodes , eft de multiplier les phrafes 6c les
noms, d’en créer de nouveaux , en mettant à
l’écart les noms connus ôc en ufage : fauffe ri-
cheffe, vain luxe, fous lequel la fcience eft accablée.
Le vrai travail d’un Nomenclateur ne doit point
confifter à faire des recherches pour alonger fa
lifte, mais des comparaifons raifonnées pour la
raccourcir. Rien n’eft plus aifé que de prendre
dans tous les Auteurs qui ont écrit fur les animaux ,
les noms 6c les phrafes pour en faire une table ,
qui deviendra d’autant plus longue 9 qu’on examinera
moins : rien , au contraire , n’eft plus difficile
que de les comparer avec affez de difeernement
pour réduire cette table à fa jufte dimenfion.
Il n’y a guère que deux cent quarante efpèces
d’animaux quadrupèdes ; il ne s’agit donc que de
leur affigner à chacun leur nom, ôc il ne faudra,
pour pofféder parfaitement cette nomenclature ,
qu’un très-médiocre ufage de fa mémoire , puif-
qu’il ne s’agira que de retenir deux cent quarante
noms. A quoi fert-il donc d’avoir fait pour les
quadrupèdes des claffes , des genres ? des méthodes,
en un mot , qui ne font que des échaffaudages
imaginés d’abord pour aider la mémoire dans la
connoiffance des plantes dont les fortes font en
effet trop nombreufes , les différences trop petites,
les efpèces trop peu confiantes, 6c le détail trop
minutieux 6c trop indifférent pour ne pas les con-
fidérer par blocs ôc en faire des tas ou des genres,
en mettant enfemble celles qui paroiffent fe ref-
fembler le plus.
Car, comme dans toutes les productions de
î*efprit, ce qui eft abfolument inutile eft toujours
mal imaginé 6c devient fouvent nuifible , il eft
arrivé qu’au lieu d’une lifte de deux ou trois cent
noms, à quoi fe réduit toute la nomenclature des
quadrupèdes, on a fait des dictionnaires d’un ft
grand nombre de termes 8c de phrafes , qu’il faut
plus de travail pour les débrouiller, qu’il n’en a
fallu pour les compofer. Pourquoi faire des phrafes
6c du -jargon , lorfqu’on peut parler clair , en
ne prononçant qu’un nom fimple ? Pourquoi changer
foutes les acceptions des termes, fous le prétexte de
iaire des claflès 6c des genres ? Pourquoi, lorfque
l’on fait un genre d’une douzaine d’animaux , par
exemple , lous le nom de genre du lapin, le
lapin même ne s’y trouve-t-il pas » 6c faut-il lader
chercher dans le genre du lièvre ?
On reproche aux anciens de n’avoir pas fait
de méthodes , 6c les modernes fe croient fort
au-deffus d’eux, parce qu’ils ont fait un grand
nombre de ces arrangemens méthodiques , de
ces -dictionnaires où l’ordre des mots eft fort bien
obfervé , mais bien peu, comme on v o it, celui
des chofes ; ils fe font perfuadés que cela feul
fuffit pour prouver que les anciens n’avoient pas,
à beaucoup près , autant de connoiffances en
Hiftoire Naturelle , que nous en avons. Cependant
c’eft tout le contraire, ôc il eft facile de fe convaincre
que les anciens étoient beaucoup plus
avancés que nous ne le fommes, je ne dis pas
en phyfique , mais dans THiftoire Naturelle des
animaux ôc des minéraux, 6c que les faits de
cette hiftoire leur étoient bien plus familiers qu’a
nous qui aurions dû profiter de leurs remarques.
Les animaux les plus rares, certaines efpèces
d’oifeaux ou de poiffoni» ou de minéraux qu on
ne rencontre que très-difficilement, très-rarement,
ont des noms 6c des noms conftans dans la langue
grecque : preuve évidente que ces objets de
l’Hiftoire Naturelle étoient connus , ÔC que les
Grecs , non-feulement les connoiffoient , mais
même qu’ils en avoient une idée précife qu’ils
ne pouvoient avoir acquife que par une étude
de ces mêmes objets, étude qui fuppofe nécefi
fairement des obfervations Ôc des remarques ; ils
ont même des noms pour les variétés , Ôc ce que
nous ne pouvons repréfenter que par une phrafe ,
fe nomme dans cette langue par un feûl fubf»
tantif.
Cette abondance de mots , cette richeffe d’ex-
preffions nettes 8c précifes , ne fuppofent elles pas
la même abondance d’idées 6c de connoiffances ?
Ne voit-on pas que des gens qui avoient nommé
beaucoup plus de chofes que nous , en connoiffoient
par conféquent beaucoup plus ? 6c cependant
ils n’avoient pas tait, comme nous , des
méthodes ÔC des arrangemens arbitraires ; ils
penfoient que la vraie feienèe eft la connoiffance
des faits ; que pour l’acquérir il falloit fe fami-
| liarifer avec les productions de la Nature , donner
des noms à toutes , afin de les faire connoître ,
de pouvoir s’en entretenir, de fe repréfenter plus
fouvent les idées des chofes rares 6c fingulières ,
6c de multiplier ainfi des connoiffances qui fans
cela fe feroient peut-être évanouies , rien n’étant
plus fujet à l’oubli que ce qui n’a point de nom.
Tout ce qui n’eft point d’un ufage commun, ne
fe foutient que par le fecours des repréfentations.
L’hiftoire des animaux en particulier leur étoit
mieux connue que celle des plantes. Alexandre
donna des ordres 6c fit des dépenfes très-confi-
dérables pour raffembler des animaux 6c en faire
venir de tous les pays , 6c il mit Ariftote en
Gg ' j