obligé de la tenir enchaînée. Les vieilles cherchent
toujours à mordre , & refufent toute autre
nourriture que la chair crue.
Les fouines 3 dit on, portent autant de temps
que les chats. On trouve des petits depuis le
printemps jufqu’en automne, ce qui doit faire
préfumer qu’elles produifent plus d’une fois par
an. Les plus jeunes ne font que trois ou quatre
petits ; les plus âgées en font jufqu’à fept. Elles
les mettent bas dans un magafin à foin , ou
dans un trou de muraille, oh elles pouffent de la
paille ôc des herbes ; quelquefois dans une fente,
de rocher ou dans un tronc d’arbre oh elles portent
de la moufle , ôc lorfqu’on les inquiète, elles
déménagent Ôc tranfportent ailleurs leurs petits,
qui grandiffent affez vite , ôc à un an ont pris
à-peu-près tout leur accroiffement.
La fouine a une odeur de faux mufc, qui n’eft
pas abfolument délàgréabje : les martes ôc les
fouines ont, comme beaucoup d’autres animaux,
des véficules intérieures qui contiennent une
matière odorante, femblable à celle que fournit
la civette. Leur chair a un peu de cette odeur ;
cependant celle de la marte n’eft pas mauvaife à
manger ; celle de la fouine eft plus défagréable
ôc la peau eft auffi beaucoup moins eftimée.
L’efpèce en eft généralement répandue & en
grand nombre dans tous les climats.tempérés, ôc
même dans les pays chauds, mais elle ne fç
trouve point dans le Nord.
La fouine diffère de la marte en ce qu’elle eft
plus b ru n eq u ’elle a la queue plus grande &
plus noire , ÔC la gorge blanche.
On trouve à la Guiane une fouine plus grande
que celle d’Europe , mais qui a la queue beau-*
coup plus courte à proportion du corps, & le
mufeau un peu plus alongé ôc tout noir ; ce noir
s’étend au-deffus des yeux , paffe fous les oreilles ,
le long du cou , ÔC le perd dans le poil brun des
épaules. Il y a une grande tache blanche au-
deffus des yeux, qui s’étend fur tout le front,
enveloppe les oreilles , ôc forme le long du cou
une bande blanch.e ôc étroite qui fe perd au-delà
du cou vers les épaules. Les oreilles font tout-à-
fait femblables à celles de nos fouines, le deffus
de la tête paroît gris & mêlé de poils blancs ; le
cou eft brun, mêlé de gris cendre, ôc le corps eft
couvert de poils mêlés comme celui du lapin
qu’on appelle riche, c’eft-à-dire de poil blanc ôc
de-poil noirâtre. Les jambes & les pieds font couverts
d’un poil luifant d’un noir roufsâtre , ôc les
doigts des pieds reffemblent plus à ceux des écureuils
& des rats qu’à ceux de la fouine.
On trouve auffi dans-le même pays une autre
fouine qui ne diffère de la nôtre que par les oreilles
s& parce qu’elle eft couverte d’un poil laineux.
Dans les dénominations latines données par les
Naturaliftes , la fouine eft défignée par celles de
jnqrtes domejlica 3 foyna, gàinus, fçhifmus.
F o u l é e s , en terme de çhaffe, font les impreffions
du pied de la bête fur la mouffe ou fur
l’herbe, bien faciles à diftinguer ôc à connoîtré
dans les jours d’automne oh il y a de la gelée
blanche.
FOURMILLER , ( le ) quadrupède mangeur
de fourmis , dont il exifte dans l’Amérique méridionale
trois efpèces bien remarquables par les
Angularités de leur conformation ôc de leur manière
de vivre. Les fourmiliers ont un long mufeau,
la gueule étroite 6c fans aucune dents, la langue
ronde ôc longue , qu’ils infinuent dans les fourmilières
, ôc qu’ils retirent pour avaler les fourmis
, dont ils font leur principale nourriture.
Le premier de ces mangeurs de fourmis eft celui
que les Braftliens appellent tamand.ua giiacu ;
c’eft-à-aire , grand tamandua 3 ôc auquel les François
ont donné ie nom de tamanoir. Le fécond
s’appelle fimplement tamandua , & le troifième
eft celui que les naturels de la Guiane appellent
ouatiri ouaou. Nous lui donnons le nom de fourmiller
pour le diftinguer des deux autres ; c’eft
le plus petit ; il n’a que fix ou fept pouces de
longueur depuis l’extrémité du mufeau jufqu’à
l’origine de la queue ; il a la tête longue de deux
pouces, le mufeau proportionnellement beaucoup
moins alongé que celüi du tamanoir on du tamandua
; fa queue, longue de fept pouces, eft recourbée
en deffous par l’extrémité, qui eft dégarnie
de poils; fa langue eft étroite ? un peu
applatie ôc affez longue ; le cou eft prefque nul ;
la tête eft affez grofle à proportion du corps ; les
yeux font placés bas ôç peu éloignés des coins
de la gueule ; les oreilles font petites Ôc cachée?
dans le poil ; les jambes n’ont que trois pouces
de hauteur ; les pieds de devant n’ont que deux
ongles , dont l’externe eft bien plus gros & bien
plus long que l’interne ; les pieds de derrière en
ont quatre ; le poil du corps eft doux au toucher
& d’une couleur brillante d’un roux mêlé de
jaune v if; les. pieds n e‘font pas faits pour marcher
, mais pour grimper ôc pour faifir : il monte
fur les arbres, ôc fe fufpend aux branches par
l’extrêmké de fa queue.
Au refte, ces trois animaux ont à-peu-près les
memes habitudes naturelles ; tous trois Té nour-
riffent de fourmis, ÔC plongent auffi leur langue
dans le miel & dans les autres fubftançes liquides
ou vifqueufes. Ils ramaffent affez promptement
les miettes de pain ôc les petits morceaux de
viande hachée ; on les apprivoife ôc on les élève
aifémenf. Ils foutiennent long-temps la privation
de toute nourriture ; ils n’avalent pas toute la liqueur
qu’ils prennent en buvant, mais il en
retombe une partie qui paffe par les narines ; ils
dorment ordinairement pendant le jour, &
changent de lieu pendant la nuit ; ils marchent
ft mal, qu’un homme peut les atteindre facilement
à la cpurfe dans un lieu découvert. Les
Sauvages mangent leur chair, qui cependant eft
d’un très-mauvais goût : ils ne font qu’un petit.
Ces animaux font naturels aux climats les plus
chauds de l’Amérique , ôc on ne les trouve point
dans les- contrées- froides du même continent.
Voye^ T a m a n o i r ôc T a m a n d u a .
. Le fourmiller eft le tamandua minor flavefcens
de Barrère ; le myrmecoph&ga. manibus didadlylis
de Linné ; le petit fourmiller d’Edwards ôc de
Briffon. ■
F o u r m i l l e r , (grand) Voye£ T a m a n o i r .
F o u r m i l l e r - T a m a n o i r . Foye^ T a m a n
o ir .
F o u r m i l l e r - T a m a n d u a . Voye^ T a m a n d
u a .
Frugivore , nom formé de fruges , des fruits,
ôc de vorare, manger. Ce nom s’applique aux
animaux qui vivent non feulement des fruits des
arbres ôc des graines des plantes , mais de végétaux
en général ; ainft le cheval , 1e cerf, qui
paiffent l’herbe, font, comme les ftnges, qui
vivent de fruits , comme l’éléphant, qui vit de
fruits & d’herbe , dans la grande claffe des animaux
frugivores , oppofée- à celle dés animaux
carnafliers, qui ne peuvent vivre .que de chair,
ou qui en vivent de préférence. Autant l’inftinâ:
de ceux-ci eft farouche ôc fanguinaire , autant le
naturel des .premiers eft doux , paifible & modéré.
Les animaux carnafliers , fans ceffe occupés
à pourchaffer une proie qui les fuit toujours ,
preffés par le befoin, retenus par le danger,
fans provifions , fans moyens que dans leur in-
duftrie, fans aucune reffource que leur àâivité ,
ont à peine le temps de fe pourvoir , ôc n’ont
guère celui d’aimer : chacun eft tout entier à
loi, nul n’a de biens ni de fentimens à partager*
Les animaux frugivores, au contraire, font naturellement
difpofés à entrer en fociété ; l’abondance
eft la bafe de l’inftinâ focial , de cette
douceur de moeurs & de cette vie paifible qui
n’appartient qu’à ceux qui n’ont aucun motif
de fe rien difputer ; ils jouiffent fans trouble du
riche fonds de fubfiftance qui les environne ; ôc
dans ce grand banquet de la nature , l’abondance
du lendemain eft égale à la profuffon de la veille.
Voye^ de plus les articles carnivore & quadrupèdes.
Fumées , dans le langage des chaffeurs, font
les fientes des diverfes bêtes de chaffe, ôc particulièrement
des cerfs & des biches. Ils diftinguent
les fumées en boufes, que les cerfs jettent au mois
d’avril ; les fumées en plateaux , qui font de la
fin du mois de mai Ôc de juin ; les fumées en
troches, liées enfemble par un filet glaireux qui
annonce la venaifon, 6c telles que les vieux cerfs
les jettent dès.la mi-juin; les fumées dorées qui
viennent enfuite , & ne tiennent prefque plus
enfemble : elles font de couleur jaune ; les fumées
formées , ou entièrement féparées les unes
des. au'tres , dans le mois de juillet & d’août ; enfin
les fumées martelées, qui tiennent plus de la forme
quarré’e que de la ronde. Voye^ la chaffe du cerf
à l’article de cet animal.
Hijloire Naturelle. Tom» 1,
FURET (le ) exhale , tomme le putois, une
odeur défagréable , qui devient bien plus forte
lorfqu’il eft échauffé ou irrité ; ordinairement auffi
il' reffemble au putois par la couleur ; néanmoins
on ne doit pas les confidérer comme ne
formant qu’une feule 6c même efpèce, mais comme
des- animaux abfolument différens ; car le putois,
naturel aux climats tempérés , eft un animal fau-
vage comme la fouine , 6c 1 e furet originaire des
climats chauds, ne peut fubfifter dans le nôtre
que comme animal domeftique. Le furet 6c le
putois ne fe mêlent pas enfemble ; le furet a le
corps plus alongé 8c plus mince , la tête plus
courte, le mufeau plus pointu que le putois ; il
a les yeux vifs , le regard enflammé, tous les
mouvemens très-fouples , ôc il eft en même-temps
fi vigoureux, qu’il vient aiféinent à bout d’un
lapin . qui eft au moins quatre fois plus gros que
lui ; mais il n’a pas le même inftinéi que le putois
pour trouver fa fubfiftance ; il faut en avoir foin,
le nourrir à la maifon , du moins dans, ces climats
, &l il ne va pas s’établir à la campagne ni dans
le? bois.
La femelle eft, dans cette efpèce, fenfible-
ment plus petite que le mâle ; lorfqu’elle eft en
chaleur, elle le recherche ardemment , 6c l’on
affure qu’elle meurt fi elle ne trouve pas à fe
fàtisfaire ; auffi a-t-on foin de ne les pas féparer.
Gn les élève dans des tonneaux ou dans des
caiffes , oh on leur fait un lit d’étoupes ; ils
dorment prefque continuellement, 6c dès qu’ils
s’éveillent, ils cherchent à manger. On les nourrit
de ion, de pain, de lait, ôcc. Ils produifent
deux fois par an ; les femelles portent fix fe-
maines ; quelques-unes dévorent leurs petits pref-
qu’aufîitôt qu’elles ont mis bas, ôc alors, elles deviennent
de nouveau en chaleur, 6c font trois
portées , lefquelles font ordinairement de cinq
ou fix, ôc quelquefois de fept, huit, ôc même
neuf petits.
Cet animal eft naturellement ennemi mortel
du lapin ; lorfqu’on préfente un lapin, même
mort, à un jeune furet qui n’en a jamais vu , il
fe jette deffus ôc le mor.d avec fureur : s’il eft
vivant , il le prend par le cou , par le nez , ôc
lui fuce le fang. Lorfqu’on le lâche dans les trous
des lapins , on le musèle afin qu’il ne les tue
pas dans le fond du terrier , mais qu’il les oblige
feulement à fortir Ôc à fe jetter dans le filet dont
on couvre l’entrée. Si on laiffe aller le furet fans
mufelière, on court rifque de le perdre ; tparce
qu’après avoir fucé le fang du lapin , il s’endort,
ôc la fumée qu’on fait dans le terrier n’eft pas
toujours un moyen sûr pour le ramener , parce
» que fouvent il y a plufieurs iffues , ôc qu’un
terrier communique à d’autres dans lefquels le
furet s’engage à mefure que la fumée le gagne. Les
enfans fe fervent auffi du furet pour dénicher les
oifeaux ; il entre aifément dans les trous des arbres
Ôc des murailles, ôc apporte fa proie au dehors.