Tous les lapins fauvages font gris ; les clapiers ,
comme les autres animaux domeftiques , varient
pour la couleur ; il y en a de blancs ,. de noirs
& de gris ; cette dernière couleur eft cependant
encore la couleur dominante.
Ces animaux , originaires des pays chauds ,-ne
fe trouvoient autrefois en Europe, que dans la
Grèce & l’Efpagne. Ils fe font depuis naturaliles
dans des climats plus tempérés , comme en Italie ,
en France , en Allemagne ; mais dans les climats
froids du Nord, on ne peut les élever que dans
les maifons. Ils aiment, au contraire, le chaud
exeeffif, & ils fe trouvent dans toutes les parties
méridionales de l’Afie & ' de l’Afrique. On en
trouve aufli dans nos illes d’Amérique oii ils ont été
tranlportés d’Europe , & où ils ont très-bien réufli.
Le lapin a , comme le lièvre , la lèvre fupérieure
fendue jufqu’aux narines , les oreilles alongées,
les jambes de derrière plus longues que celles (dè'
devant, la queue courte, &c. ; le dos, les lombes,
le haut des côtés du corps & les flancs du lapin
fauvage, ont une couleur noire mêlée de fauve,
qui paroît grife lorfau’on ne le regarde pas de
près ; les poils les pms longs & les plus fermes
font en partie noirs & en partie de couleur
cendrée ; quelques-uns ont du fauve à la pointe ;
le duvet eft . aufli de couleur cendrée près de la
r a c in e& fauve à l’extrémité : on voit les mêmes
couleurs fur le fommet dé la fête. Les yeux font
environnés d’une bande blanchâtre , qui s’étend
fen arrière jufqu’à l’oreille , & en avant jufqu’à la
mbuftache ; les oreilles ont des teintes de jaune,
de brun, de grifâtre ; l’extrémité eft noirâtre ;
les lèvres du deflous de la mâchoire inférieure,
les' aiffelles , la partie fupérieure de la poitrine,
le ventre & la face intérieure des bras , des cuiffes
& des jambes font blancs, avec quelques teintes
de couleur cendrée. La face postérieure ou inférieure
de la queue eft blanche , l’autre eft noire ;
l’entre-deux des oreilles & la face fupérieure ou
antérieure du cou a une couleur fauve rouffâtre ;
la croupe & la face antérieure des cuiffes ont
une couleur grife mêlée de jaune ; le refte du
corps a des teintes de jaunâtre , de fauve , de
rouffâtre , de blanc &. de gris.
Le lapin domeftique eft, pour l’ordinaire, plus
grand que le fauvage.
Le lapin appelle riche 3 eft en partie blanc &
en partie de couleur d’ardoife plus ou moins
foncée, ou de couleur brune-noirâtre.
Les lapins d’Angora ont le' poil beaucoup plus
long que les .autres lapins ; il eft ondoyant &
frife comme de la laine ; dans le temps de la mue ,
il fe pelotonne , & il rend quelquefois l’animal
trçs-difforme. Les couleurs varient comme celles
’des autres lapins domeftiques.
Les lapins paffçnt la meilleure partie de la
tournée dans un état de demi-fommeil ; le foir,
£ls fortent pour aller aux gagnages, ( gazons ou
f&s qu’ils pâturent ) &. ils y employant une
partie de la nuit. Alors, ils s’écartent quelquefois
jufqu’à un demi-quart de lieue pour chercher la
nourriture qui leur convient. Ils fortent ordinairement
aufli une fois, le jour , fur-tout lorfque le
temps eft ferein , mais fans s’écarter beaucoup de
leur retraite. Pendant l’été ,les nuits étant courtes,
ils fortent plus d’une fois par jour , fur-tout les
lapereaux encore jeunes , les hazes pleines & celles
qui allaitent.
S’il doit arriver un orage pendant la nuit, il
eft preflenti par les lapins ; ils l’annoncent par
un empreffement prématuré de fortir & de paître ;
ils mangent alors avec une aéfivité qui les rend
diftraits ftir le danger, & on les approche très-
aifément. Si quelque chofe les oblige de rentrer
au terrier, ils refiortent prefqu’aufli-tôt. Ce pref-
fentiment a pour eux l’effet du befoin le plus vif.
Ordinairement les lapins ne fe laiflent pas fi
aifément approcher fùr le bord du terrier ; ils
éprouvent l’inquiétude qui eft une fuite naturelle
de la foiblelfe. Cette inquiétude eft toujours
accompagnée du foin de s’avertir réciproquement.
Le premier qui apperçoit frappe la terre & fait
avec les pieds de derrière un bruit dont les terriers
retentiffent au loin. Alors , tout rentre précipitamment.
Les vieilles femelles reftent les dernières
fur le trou , & frappent du pied fans relâche ,
jufqu’à ce que toute la famille foit rentrée.
La chafle du lapin fe fait à l’affût ou à la battue ,
comme celle du lièvre , excepté que le lapin ne
fe fait pas courir comme le lièvre 3 mais rentre
au plus vite dans fon terrier ; on emploie , pour
l’y forcer, ou les ballets qui y pénètrent , ou
mieux encore le furet, qui eft fpéeialement deftfoé
& dreffé à cette chafle. Voyeç Furet.
Le lapin, en latin, cuniculus, eft le lepus ou lepuf-
culus hifpanicus de Gefner ; &. dans M. Linneus,'
lepus caudâ brevijjimâ , pupillis rubris ; phrafe
fautive , attendu- qu’il n’y a que le lapin blanc
domeftique qui ait les yeux rouges.
L a p in à longue queue. Voye% T o l a i .
LA TA IA CÂ , dans quelques provinces voilines
de la Pologne , eft le polatouche. Voyei P o l a -
t o u c h e .
LÊCHE-PATTE , nom donné à l’u n au , efpèce
de pareffeux. Voyeç U n a u .
LEEM , lemnus, léming ; efpèce de rat de
Norwège. Voye^ L é m in g .
LÉMING ( le ) a la figure d’une fouris , mais
la queue plus cdurte , le corps long d’environ
cinq pouces , le poil fin & taché-de diverfes couleurs
; la partie antérieure de la tête, noire de
meme que le cou & les. épaules , & là partie
fupérieure jaunâtre, le refte du corps rouflatre,
marqué de quelques petites taches, noires 'de différentes
figures jufqu’à la queue qui n’a qu’un
demi-pouce de longueur , & qui eft couverte de
poils jaunes- noirâtres j l’prdre des taches , non
plus que leur figure & leur grandeur , ne font
pas les mêmes dans tous les individus.
Il y a autour de la gueule plufieurs poils roîdes
en forme de mouftaches dont il y en a fix de
chaque côté beaucoup plus longs & plus roides
que les autres.; l’ouverture de la gueule e ft petite ;
la lèvre fupérieure eft fendue comme dans les
écureuils ; il fort de la mâchoire fupérieure deux
longues dents in c ifiv e s , aigues , un. peu courbes ,
dont les racines pénètrent jufqu’à l’orbite des y eu x ,
& il y a deux dents femblables d?.ns la mâchoire
inférieure , qui correfpondent a.wqlles du deffus.
Les y e u x font petits & n o ir s , lesV eilles couchées
fur le d o s , les jambes de d e v a n t très-courtes ,
les pieds armés de cinq ongles aigus & cou rbés,
dont celui du milieu eft très-long , & dont le
cinquième eft cçmme un petit p o u ce 'o u ergot
fitué quelquefois affez haut dans la jambe ; le
ventre eft blanchâtre tirant un peu fur le jaune.
Il paroît que cet animal eft du nombre des
ruminans. Malgré l’épàiffeur de fon corps & la
petiteffe de fes jambes, il ne laifle pas de courir
affez vite ; il habite ordinairement les montagnes
de Norwège & de Lapponnie, mais il en defcend
quelquefois en fi grand nombre dans de certaines .
années & dans de certaines faifons , qu’on regarde
leur arrivée comme un fléau terrible, Ils font un
dégât affreux dans les campagnes, dévaftent les
jardins ruinent les champs , & ne laiflent rien
que ce qui eft ferré dans les maifons où ils
n’entrent jamais. Ils aboient à-peu-près comme
des petits chiens ; lorfqu’on les frappe avec un
bâton-, ils fe jettent deffus. & le tiennent fi fort
avec les dents , qu’ils fe laiflent enlever & tranf-
porter à quelque diftance fans vouloir ï-e quitter.
Ils fe creufent des. trous fous terre & mangent
des racines ; ils s’affemblent dans de certains
temps & meurent , pour ainfi dire , tous en-
femble ; ils font très-courageux & fe défendent
contre les autres animaux.
On ne fait pas trop d’où ils viennent.; le peuple
croit qu’ils tombent avec la pluie. Le mâle eft
ordinairement plus grand que la femelle & a aufli
les taches noires plus grandes ; ils meurent en grand
nombre au r.enoiwellement des herbes; ils vont
aufli en troupes nombreufes fur l’eau dans le beau
temps , mais s’il vient un coup de vent, ils font
tous fubmergés la multitude de ces animaux eft
fi prodigieufë, que quand ils meurent , l’air en
eft infeâé, & cela ocCafionne beaucoup de maladies
; il femble même qu’ils empoifonnent les plantes
qu’ils ont rongées , car le pâturage fait- alors
mourir le bétail. La chair des lemings n’eft pas
bonne à manger , & leur peau , quoique d’un
beau poil, ne peut fervir à faire des fourrures,
parce qu’elle a trop peu de confiftance.
La principale demeure de ces rats lemings eft, '
dit-on , ( ancienne Encyclopédie ) dans les montagnes
de la Lapponnie ;ces montagnes font toutes
criblées des trous qu’ils y font pour fe loger.
Chî içun a le fien, & quoiqu’ils ne vivent pas en'
communauté , ce n’eft pas pourtant qu’ils foient
farouches ; au contraire , ce font des rats de
fociété & d’ailleurs' très-réfolus, qui fe défendent
en mordant & aboyant «.
« Ce qu’il y a, continue-t-on , de plus remarquable
dans ces animaux , ce font leurs émigrations
; car en certains temps , ordinairement
en dix ou vingt ans une fois , ils s’en vont en
troupes nombreufes, & marchant par bandes de
plufieurs milliers, ils creufent des fentiers de la
profondeur de deux doigts fur un demi-quart ou
un quart d’aune de largeur. On voit même
plufieurs de çes fentiers parallèles les uns aux
autres, & dirigés en droite ligne, mais toujours
à diftance de plufieurs aunes. Chemin faifant,
ils màngent les herbes '& les* racines qui fortent
de terre, &> font des petits en route , dont ils en
portent un dans la gueule , un autre fur le dos,
& abandonnent le furplus, s’il y en a. Ils prennent
en defcendant des montagnes , le chemin du golfe
de Bothnie ; mais ordinairement ils font difperfés
& périffent avant d’y arriver ».
u Une autre Angularité dans la manière dont ils
font ce voyage ,' c’eft que rien ne peut les obliger
à fe détourner de leur route qu’ils fui vent toujours
en droite ligne. Qu’ils rencontrent, par exemple ,
un homme , ils tâchent de lui paffer entre les
jambes , plutôt qiie de fe déranger de leur chemin ,
ou ils fe mettent fur les pieds de derrière &.
mordent la canne qu’on leur oppofe. S’ils rencontrent
une meule de foin, ils fe font un chemin
au travers à force de manger & de creufer, plutôt
que d’en faire le tour ».
« Le peuple qui ne connoît point la demeure' de
ces animaux, s’eft imaginé qu’ils tomboient des
nues. Wormius a fait un ouvrage pour l’expliquer
par des raifons probables- ; mais avant que d’examiner
comment il peut tomber des rats du ciel,
il eût été bon de s’affurer s’il en tomboit effe&ivement.
On ne croit plus préfentement aux pluies de rats ni de
grenouilles ; mais comme il y a des temps où les grenouilles
paroiffent en nombre dans différens pays ,
de même il y a des temps en Lapponnie, où les rats
de Norwège defcendent des montagnes, pour ainfi
dire, par colonies ».
« Néanmoins , s’ils font dommage dans les
champs & les prairies , leur préfence ne laifle
pas d’indemnifer les habitans ; car , quand ils
commencent à défiler dans les provinces fepten-
trionales de la Suède, les habitans font ample
capture d’ours , de renards, de martres, de gotflus-
& d’hermines , parce que tous les animaux qui
fuivent nos rats pour en faire leur proie , s’expofent
par-là eux-mêmes à devenir.eelle des hommes ».
« On a remarqué, dit Scheffer , que les lemmers
( lemings ) ne paroiffent pas tous les ans, mais en
certains temps à l’improvifte & en fr grande
quantité qu’ils fe répandent par-tout & couvrent
toute la terre. Ces petites bêtes ,. bien loin d’avoir
peur & de s’enfuir quand elles entendent marcher
les paffans, font, au contraire, hardies & cou