La peau de Y âne fert à faire des cribles, des
tambours, des fouliers & le fagri, cuir préparé,
que nous appelions chagrin. Les anciens faifoient
des flûtes avec les os y oc les trouvoient plus fo-
nantes que toutes les autres.
U âne eft peut-être de tous les animaux celui
qui , relativement à fon volume, peut porter les
plus grands fardeaux. Comme il ne coûte prefque
rien a nourrir, & qu’il ne demande, pour ainfi
dire , aucun foin , il eft d’une grande utilité à
la campagne, au moulin-, & c . ; il peut aufli fervir
de monture : toutes fes allures font douces , &
il bronche-moins que le cheval; on le met fou-
vent à la charrue dans les pays ou le terrein eft
léger , & fon fumier eft un excellent engrais pour
les terres fortes & humides.
A ne r a y é , nom donné au çèbre. Voye^ ZÈBRE.
A n e fauvage. Voye%_ A ne &. O n a g r e .
A nesse , femelle de r<z/z£. .
A n o n , petit deYâne & de Yâneffe ƒ ° y eK. NE*
ANONYME, ( 1’ ) animal d’une efpèce très-
ftngulière , qui fe trouve dans la Lybie. Il a neuf
a di# pouces de long, avec les oreilles prefque
aufli longues que la moitié du corps , & larges
à proportion. Il a le mufeau conformé comme le
renard, les ongles courts rétra&ibles, le poil
trèsrdoux au toucher fa couleur eft d-u-ii-blanc
mêlé d’im peu de gris & de fauve clair ; le bout
du nez eft noir ; la queue , .qui eft allez lqngue ,
eft fauve & noire à Ion extrémité : il vit fur -les
palmiers & en mange le fruit.
La notice de cét animal, dont perfonne jufqu’ici
ne nous a appris le nom -, a été apporté d’A byf
finie, par un illuftre voyageur , ( M. le Chevalier
Bruce. ) qui l’a communiqué à M. de Buffon, telle
que npus la donnons ici.
ANT ou A N T A , au Bréfll, eft le même ann
jnal que le tapir , que l’on appelle aufli mdipouri,
V°yeî. T api R.
ANTAMBA , à Madagafcar , léopard. Voye£
LÉ O PARI),
ANTILOPE, nom appliqué génériquement par
quelques Auteurs à la famille des gazelles. Voyeç
G a zel les , & particulièrement à une ejfpèce' dé
cette famille. Voye^ l’article immédiatement fuivant.
ANTILOPE ( 1’ ) , efpèce de gazelle qui eft de
la taille de nos plus grands chevreuils. Elle reflemble
beaucoup à la gabelle commune & au kevel, mais elle
en diffère par un affez grand nombre de caractères,
pour qu’on doive la regarder comme un animal
d’une autre efpèce.- L'antilope a les larmiers plus
grands que la gazelle , fes cornes ont environ quatorze
pouces de longueur, elles fe touchent, pour
ainfi dire, à la b&fe., & font diftantesàla pointe
de quinze ou feize pouces ; elles font environnées d’anneaux & de demi-anneaux moins relevés que
ceux dç 1g gazelle ; elles ont une double flexion
fymétrique & très-remarquable ; en forte que ees
cornes prifes enfemble , repréfentent affez bien la
fqrme d’une lyre antique. Vantilope a la cloifon
des narines épaiffe & noire, les poils du menton
font également noirs, avec le tour de la bouche
brun ; les oreilles grandes , nues eh dedans ,
bordées de poils blancs, & couvertes en dehors
d’un poil de même couleur que celui de la tête ;
les jambes font longues & menues , le train de derrière
eft plus élevé que celui de devant, les fabots
font noirs, pointus, oc affez ferrés l’un contre l’autre;
la queue eft plate tk nue par deffous vers fon origine
; le poil eft très-fort & très-roide au-deffus du
cou & au commencement du dos, il eft fauve fur
ces parties & blanc fur le ventre , en dedans des
cuiffes & des jambes , 8c au bout de la queue.
Les antilopes vont en troupes, & quand elles
précipitent leur fuite, elles font des fauts & des
bonds étonnans. Le temps de la chaleur des femelles
n’eft pas fixe ; quelquefois elles font pleines de nouveau
deux mois après avoir mis bas ;. les mâles les
recherchent en toutes failbns, 8c ne s’en abftiennent
abfolument que quand elles font pleines. L’aççpu-
plement ne dure que très-peu de temps ; la femelle
porte près de neuf mois., &ne produit qu’un petit,
qu’elle allaite, fans refufer d’en allaiter d’autres ;
les petits relient couchés pendant huit jours après
leur naiffance j après quoi ils accompagent la troupe.
Ces animaux .çroiJTent pendant trois ans, & ç.e n’eft
guere qu’à cet âge que les mâles font en état d’engendrer
; les femelles font plus précoces, & peuyent
produire à deux ans d’âge. Dans les ftx premières
années , il y a peu de différence entre les mâles &
les femelles, mais enfuite les femelles fe diftinguent
aifément par une bande blanche fur les flancs près
du dos , '& parcequ’il ne leur pouffe pas' de cornes ;
tandis que dans le mâle on peut en appçrçevoir les
rudimens dès le feptième mois, & cés'cornes , à
l’âge de trois ans 3 forment deux tours de vis avec
dix ou douze rides ; c’eft alors aufli que les bandes
blanches du dos de la tête commencent à s’évanouir
; la copieur des épaules noircit, & le deffus
du cou devjent jaung : ces mêmes couleurs prennent
une teinte plus foncée à mêliire que ranimai ayance
gn âge.
On trouve ces apimaux en Afrique 8c aux Indes,
ils peuvent fiibfifter & multiplier dans nos climats.
On les nourrifcomme les autres animaux ruminans.
Ils ont, fur-tout après leur mort, une légère odeur
qui n’eft pas défagréable, & qui eft. femblable à
celle que les cerfs & les daims exhalent de meme
lorfqu’on les a tués.
Il y a variété dans cette efpèce pour la grandeur.
Les grandes antilopes , que l’on défigne fous le nom
de lidmées, font beaucoup plus communes en Afrique
qu’aux Indes ; elles font plus fortes 8c plus farouches
que les autres gazelles, defquelles il eft aifé de les distinguer
? tant par la double flexion de leurs cornes,
que'parle défaut de bande noire pu brune au bas
des flancs. Les antilopes moyennes font de grandeur
8c de la couleur du daim ; elles ont lés cornés fort
noires, le ventre très-blanc 3 les jambes de devant
plus courtes quç celles de derrière. Qn les trouve
en grand nombre dans les contrées du Tremeçen,
du Duguelà, du Tell & du^Zaara; elles ont un
inffinéî dé propreté, & ne fe couchent que dans
des endroits fecs & nefs ; elles font auffi très-légères
à la courfé, très-attentives au danger , & malgré,
leur timidité naturelle, lorfqu’elles font furpriles,.
elles s’arrêtent tout court, & font face à ceux qui
les attaqüent.
U antilope des Indes eft la plus petite ; elle a les
Cornes pointues & longues d’un pied & demi. Les
prêtres Geutoux portent ces cornes comme une
marqué d’honhéur ou de dignité.
AOUARÉ, à la Guianne eft le farigue. Voyeç
S a r ig u e .
APAR , tatou à trois bandes. Voye£ T a to u s .
APÉRÉA ( 1’ ) , autrement appellé cori , animal
’du Bréfifqui paroît tenir du lapin 8c du rat. Il a environ
un pied de longueur fur fept pouces de circonférence
; le poil de la même couleur que nos
lièvres, 8c blanc fous le ventre. Il a aufli la lèvre
fendue comme le lièvre, les grandes dents inciflves
de même, ainfi que la mouftache ;" niais la tête un.^
peu plus allongée que celle du lièvre. Ses oreilles
foni arrondies comme celles du rat, 8c elles font fl
courtes, qu’elles n’ont pas un travers de doigt de
hauteur. Les jambes de devant n’ont que trois
pouces de hauteur, celles de derrière font un peu
plus longues ; les pieds de devant ont quatre doigts
couverts d’une peau noire & munis de petits ongles
courts : les pieds de derrière n’ont que trois doigts,
dont celui du milieu eft plus long que les deux
autres. La chair de Yapéréa eft comme celle ' du
lapin, auquel il reflemble par la manière de vivre.
Il fe retire de même dans des trous, néanmoins
fans creufer la terre ; c’eft plutôt dans des fentes de j rochers & entre des pierres qu’il cherche fon afyle ;
aufli eft-ilbien aifé à prendre dans cette retraite. On
le chalfe comme un très-bon gibier. A plufieurs de
ces traits , Yapéréa, qui n’eft pas encore bien connu,
paroît fe rapprocher beaucoup de l’agouti.
Appuyer, v . a. Appuyer les chiens, terme de
. chafle , qui veut dire, les aflurer 8c les encourager
de la voix ou du cor, à la pourfuite de la bête qu’ils
chafle nt.
ARAB A T A , dans les terres de l’Orenoque ;
alouate , grand fapajou rouge. Voye£ A l o u a t e .
ARCTOP1THÉCUS de Gefner , eft l’aï ou
grand pareffeux. Voye£ Aï.
ARC ALI , en Sibérie & chez les Tartares
Mongous, eft le mouflon. Voyeç M o u f l o n .
ARMADILLE ou ARMADILLO , eft le nom
que les Efpagnols donnent aux tatous en général.
| Voye{ T a t o u s .
AROUGHEUN , animal, qui , dit l’ancienne
Encyclopédie , « eft tout femblable au caftor , à
l’exception qu’il vit fur les arbres, comme les
3> écureuils ». 11 eft difficile de raffembler plus de
difparates en deux lignes. Un animal tout femblable
au pefant caftor, habitant de l’eau, fe traînant à
peine fur terre , & qui, comme le léger écureuil vit
Hijtoire Naturelle. Tom. 1.
en l’air au haut des arbres, en fautant agilement lur
leurs branches ! Ne mettons point de pareilles incohérences
fur le compte de la nature; elles appartiennent
toutes entières à l’ignorance, a l’inadver-
ténce & au défaut de jugement du naturalifte.
AROU-HARISI, dans quelques provinces des
Indes; rhinocéros. Voye^ R h in o c é r o s .
Arriéres , terme de chafle ; faire ou prendre
les arriérés , eft dans un défaut, rechercher avec les
chiens la voie de l’animal du côté par où il èft venu.
ARUCO , dans quelques endroits des Indes
Efpagtjoles J cachicame 3 efpèce de tatou. Voyeç
T a t o u s .
ASSAPANICK, dans quelques parties du. nord
de l’oueft de l’Amérique, eft le polatouche ou
écureuil volant. Voye^ P o l a t o u c h e .
ATTARSO A K , nom Groenlandois d’une efpèce
de phoque, remarquable par une tache blanche
fur la peau en forme de croiflant... Voye^ Ph o q u e
a c r o i s s a n t .
AUCH A , dans quelques v o y a g e u r s , eft le farigue.
Voye£ S a r ig u e .
AUROCHUS. Ce nom a un rapport fenftble avec
le mot latin urüs, & l’un & l’autre défigne l’efpèce
du taureau fauvage qui autrefois rempliffoit les
forêts de la Germanie , & que l’on connoit encore
aujourd’hui en Mofcovie fous ce même nom & aurochs.
Ce que les anciens nous difent de la grande
taille 3 de la férocité &. de la force indomptable de
Yurus, convient parfaitement à Y aurochs ou taureau
fauvage ; car dans l’état de liberté, tous les animaux
font plus fiers , plus courageux, & plus robuftes ;
& en effet les aurochs qui fe trouvent encore dans
lès forêts du nord, font extrêmement farouches,
& leur chafle eft aufli dangereule que l’etoit celle
de l’urus, telle que la décrivent les anciens ; néanmoins
les jeunes aurochs enlevés a leur mere , fe
privent jufqu’à un certain point, & produifent avec
les vaches domeftiques ; ce qui, joint a l’entiere
reffemblance dans la conformation , ne peut laiffer
douter qu’ils ne foient de la même efpèce. Voyeç
l’article du B oe u f .
AUSQUOI des Hurons, eft le caribou ou renne.
Voyè^ R e n n e . '
AXIS ( 1’ ) , autrement appellé cerf du Gänge ;
femblè faire une efpèce intermédiaire entre le cerf
& le daim. Il a la taille, la forme & la légèreté du
daim ; il a le bois du cerf ; mais ce qui diftingue
l’axis de l’un & de l’autre de ces animaux, c’eft
que tout fon corps eft marqueté de taches blanches
élégamment difpo’fées & nettement feparées les unes
des autres, & que d’ailleurs il habite les climats
chauds , au lieu que le cerf & le daim ont généralement
le pélage d’une couleur uniforme , & fe
trouvent en plus grand nombre dans les pays froids
& tempérés que dans les régions qui approchent de
la zone torride. Néanmoins , nous ne pouvons
aflurer pofitivement qu’ils—foient d efpèce differente
, & peut-être Y axis ji’eft-il qu’une variété
de l’une ou de l’autre de ces deux efpèçes, dépen-
B