tempérés des deux mondes. L’Angleterre eft le
pays de l’Europe où il y en a le plus, & on y
lait'quelque cas de cette-yenaifon. L’efpèce du
daim eft fujette à un très-grand nombre de
variétés. Outre les daims communs & les daims
blancs, l’on en connoît encore plufteurs autres ;
les -daims d’Elpagne , par exemple-, qui -font
prefque aufti grands que des cerfs, mais qui ont
le cou moins gros &. la couleur plus obfcure-,
avec la queue noirâtre, non blanche par-deflbus ,
& plus longue que celle des daims communs ; les
daims de Virginie, qui font [prefque aufti grands
que ceux d’Espagne , dt qui font remarquables
par la grandeur du membre génital & par la
grofleur des t-efticules ; d’autres qui ont le front
comprimé, applati entre les yeux, les oreilles &
la queue plus longues que le daim commun, &
qui font marqués -d’une tache blanche fur les
ongles de derrière ; d’autres qui font tachés ou
rayés de blanc , de noir & de fauve clair ; &
d’autres enfin qui font entièrement noirs.
Le daimy en latin dama, eft l’eurycjeros d’Op-
pien ; le platyceros de Pline ; dama yulgaris d’Al-
dro-vande ; cervus platyceros-de Ray ; dama çervus
de Klein.
D A IN E , la femelle du daim. L’ufage femble
js’être établi de prononcer dîne ; néanmoins cet
ufage eft vicieux, & fuivant l’analogie , le nom
de la femelle du daim doit s’écrire & fe prononcer
daine. Voyez D a im .
DAMA 3 de quelques anciens, paroît être le
même animal que le nanguer , efpèce de gazelle.
Voyez N a n g u e r .
DÀMAN-ISRAEL, { le ) qui veut dire agneau
d’ifraël, &. que les Arabes croient être en effet
l’efpèce d’animal avec lequel les Ifraélites firent
leur pâque , eft commun aux environs du Mont-
Liban , dans les montagnes de l’Arabie & de
l’Abyffinie. 11 eft de la grandeur & prefque de
la forme d’un lapin : il a de même les jambes
de dev.ant un peu plus courtes que celles de
derrière ; les oreilles font petites &. courtes,, couvertes
de poil en dedans Comme en dehors , tout
le deflous du corps eft blanc , & le deftus à-peu-
près de la couleur de -nos lapins fauvages ; il lui
fort fur le dos & fur tout le -deftus du corps ,
de longs poils ifolés .& d’un noir fort luifant. Il 5’a point de queue, & il a à chaque patte trois
doigts d’une forme ronde , d’une chair molle &
fans ongles. Par ces derniers cara&ères , il paroît
approcher du loris. Les damans^lfrdêl vivent dans
les cavernes des rochers.
D a m a n d u C a p . On trouve au cap de
Bonne-Efpérance une autre efpèce de daman qui
diffère de celui-ci -par plus de rondeur dans la
taille , & aufti parce qu’il n’a pas autant de poils
faillans ni.; aufti longs que ceux du daman-Ifraéi ;
il a de plus un grand Ongle courbe & creufé en
Routière au doigt intérieur du pied de derrière,
ce qui ne fe trouve pas dans le daman-Ifraël,
auquel du refte il refîemble aux autres égards.
Ce daman du Cap eft le même animal que les'
Naturaliftes Hollandois ont indiqué fous les dénominations
de marmotte du Gap, & de hlïppdaas
ou blaireau de roches , quoiqu’il ne fe creufe point
de. trous, en terre comme notre marmotte ou
notre blaireau. « Ces animaux, dit M. Allamand,
font très-preftes dans leurs mouvemens ; ils
fautent avec beaucoup d’agilité de haut en bas ,/
& tombent toujours fur leurs quatre pattes ; ils
aiment à être fur des endroits élevés ; ils ne
dorment point pendant le jour. Quand la nuit
arrive , ils fe retirent dans leur nid, où ils fe
fourrent au milieu du foin , dont ils fe couvrent
tout le corps. On dit qu’au Cap ils ont leur nid
dans les fentes des rochers, où ils fe font un lit
de moufle & de feuilles d’épines qui leur fervent
aufti de nourriture, de même que les autres feuilles
qui font peu charnues ».
« La tête de cet animal, continue M. Allamand,
eft petite à proportion de fon corps ; fes yeux
n’ont guère que la moitié de la grandeur de ceux
du lapin ; fa mâchoire inférieure eft un peu plus
courte que celle de deftiis ; quand il mâche , cette
mâchoire fe meut comme celle des animaux ru-
minans, quoiqu’il n’appartienne point à cette
dalle. Ses-oreilles font rondes & peu élevées;
elles font bordées de poils très-fins , mais qui deviennent
plus longs à mefure qu’ils approchent
de ceux de la tête ; fon cou eft plus haut que
large , & il en eft de même de tout le corps ;
fes pieds de devant font fans poil en deflous 8ç
partagés en lobes ; en deftus, ils font couverts
de poil jufqu’à la racine des ongles. »
« Les pieds n’ont que trois doigts, dont deux
font toujours appliqués contre terre.; mais Le troi-
fième ou l’intérieur eft plus court & féparé des
deux autres : quelque mouvement que l’animal
fafle-, il le tient toujours élevé ; ce doigt eft armé
d’un ongle qui forme une gouttière dont les bords
font fort minces ; ils fe rapprochent à leur origine
, .& s’éloignent en avançant au devant, puis
ils fe recourbent en deflous , &. ils fe réunifient
en fe terminant en une petite pointe qui s’étend
dans la cavité de -la gouttière , preique jufqu’à
fon milieu. Ces ongles font fitués de façon que
la cavité de celui du pied droit eft en partie
tournée vers celle du pied gauche , & en partie
vers le bas ; ils font placés au bout du doigt que
l’animal tient toujours élevé, & ne touchent jamais
le fol fur lequel il marche. L’animal s’en fert pour
fe gratter le c o r p s & fe délivrer des infeftes ou
des ordures qui fe trouvent fur lui ; on voit fiir
le corps quelques poils noirs parfemés un peu plus
longs que les autres. Sa longueur , depuis, le mu-
feau jufqu’à l’anus eft d’environ un pied.... Les
femelles de ces animaux n’ont que quatre mamelles,
deux de chaque côté. »
« Les Hottentots eftiment beaucoup une forte
de remède que les Hollandois nomment piffat de
blaireau ; c’eft- une fubflance noirâtre sèche , &
d’aflez mauvaife o d e u r , qu’on trouve dans les
fentes des rochers- & dans des cavernes. O n prétend
que c’eft: à l’urine de ces bêtes qu’elle doit
fon origine ; ces animaux , dit-on , ont la coutume
de piller toujours dans le même en d ro it, &
leur urine dépofe cette fubftance , q u i , féchée
avec le tem p s , prend de la conliftance ».
DANOIS , (grand) grande & belle race de
.chiens, qui femble réunir la légéreté du lévrier
■a la force du dogue. Voyez l’article C h ie n .
D a n o i s , ( p e t i t ) Voyez Tarticlé du C h ie n .
DANT ou D AN T A , nom du tapir au Bréfil.
Voyez T a p i r ,
DAUPHIN ( le ) eft un cétacé moins grand
que Yourque & plus grand que le marfouin ; tous
trois forment le grouppe des petits cétacés, qui,
pour toutes les dimenfions, font infiniment au-
,deflous des baleines & des cachalots.
Le dauphin a communément neuf ou dix pieds
de longueur , & deux d’épaifleur à l’endroit le
plus ^gros du corps ; fa queue eft à-peu-près de
la meme largeur ; il a.deux nageoires ou palmes
latérales , longues d’environ lèize pouces , &
larges de dix , & une autre d’un pied & demi
de hauteur , élevée en manière de gouvernail fur
le milieu du dos. La forme du corps eft ronde,
oblongue , renflée à la partie antérieure , & fe
terminant en pointe ; la peau qui le recouvre eft
très-lifle , blanche fous le. ventre , noire fur le
dos. Le mufeau eft cylindrique , très-alongé en
manière de bec , d’où vient le futnom de bec
d oie , que l’on a donné au dauphin. Ce long bec
ou mufeau eft profondément fendu, & les deux
mâchoires font garnies fur plus d’un pied de longueur,
de petites dents pointues, rangées en
peigne, ôe* dont l’atteinte paffe pour être véni-
meufe. .
Sur. la tête paroît l’évent ou l’ouverture de la
trachée par laquelle il afpire l’air & rejette l’eau.
Les yeux font aflez grands, & beaucoup plus , à
proportion du corps , que dans les plus grands
cétacés.
L’anatomie du dauphin, un peu mieux connue
que celle des baleines & cachalots , nous fournit
la preuve de ce que nous avons avancé, que la
charpente ofleufle des cétacés offroit tout le trait
de celle des animaux terreftres. Belon k compare
avec celle de l’homme, prenant pour type de
toutes les efpèces terreftres le fquelète humain ,
comme le plus parfait. Mais laiflbns parler notre
vieux Naturalifte dans fon langage, « Le fquelette
du daulphin , ôté qu’on n’y trouve point les ofle-
mens des jambes, eft femblable à celui de l’homme,
" , y peut-on difeerner vingt-quatre grofles vertèbres
, dont celles qui defeendent jufques bien
près du pertuis.de l’excrément, font percées pour
la moëlle de l’épine du dos ; mais les autres vertèbres
qui defeendent jufqu’à l’extrémité de la
queue , font feulement comme petites rouelles
rondes, attachées les unes aux autres fans être
percées ».
> “ Aufti la queue eft non-feulement compofée
d’une matière nerveufe fans autres oflemens : mais
les aelles ou bras des deux coftés du daulphin , encore
cp’ils' foient courts, fi eft-ce qu’ils ont tous
les mêmes oflemens de l’homme.... J’ai dit par
ci-devant combien il a de coftes ; j’adjouterai qu’il
a les os du fternon plus approehans de l’humain
que les animaux à quatre pieds. Au furplus, il a
les omoplates, aufti a les clavicules qui fe peuvent
bien recognoiftre d’avec les autres oflemens. »
« L’os du coude y eft trouvé feul, comme en
nous , & en après le radius & ulna conjoints en-
femble , dont l’un eft plus grand, & l’autre plus
petit., tout ainft comme il eft à hommes. Il a aufti
une main eslargie en cinq doigts, & efquels doiets.
on trouve les articulations : &. commençant au
poulce, l’on y trouve deux os ; au fécond d’après,,
trois; au maiftre doigt:, qui eft le plus long,, y
en a quatre, & à l’autre d’après , trois , & au
petit , un. Semblablement on lui trouve les os
des poignets in carpo , au dedans de la main. »
Etr. poiff. fol. 4 5 6* 46.
Le dauphin paroît être le plus v i f , le plus léger
& le plus intelligent des cétacés ; il nage &
s élancé dans . 1 eau avec une telle vîtefle , qu’il
devance les navires à la voile ; il eft , dit Pline -,
plus vite qu’un oifeau , plus rapide qu’un trait :
ocyor volucre, ocyor telo ; & fuivant la remarque
du même Naturaliftes, aucun poiflon ne pourroit
échapper à fa pourfuite, ni éviter de devenir fa
proie , fi l’ouverture de fa bouche n’étoit coupée
de maniéré qu’il eft obligé de fo renverfer fur le
M l pour faifir , ce qui laiffe au poiflon un
inftant pour échapper. Cependant les nageoires-
. àa dauphin font aflez petites , & la rapidité de
fes mouvemens tient plus à l’élancement & à la -
force mufculaire de fon corps qu’à l’impulfion.
de fes rames.
Les dauphins vont ordinairement en troupes
& livrent de fréquens combats aux bonites, aux
albicores, &c. Dans ces attaques , ils s’élancent
& bondiflent à la furface de la mer ; lorqu’on les'
voit s’y jouer en temps calme , on craint une
tempete prochaine , quoique Belon penfe que cet
augure n’eft rien, moins que certain.
Il paroît que les dauphins fe rencontrent dans-
toutes les mers du monde, dans la Méditerranée
comme dans l’Océan , & même jufqu’au fond du
Pont-Euxin. Belon apprit des Grecs .de la Pro-
pontide , que Jes dauphins ont des migrations, réglées,
venant de la Méditerranée dans l’Hellef-
pont, & après avoir pénétré dans l’Euxin, repaffant
en troupes pour retourner dans la Méditerranée.
On pêche les dauphins en les harponnant comme'
les autres cétacés-; néanmoins, dans les mers de
Grèce, ils confervent une franehife fondée apparemment
fur la tradition des hifloires que con-,
toit l’ancienne Grèce de leur amitié pour les