
La pofition du Chafleur, Fig. 33 , qui eft fur le point de faifir un
Papillon, fait voir comment on doit s’y prendre, fur-tout pour la difpofition
de l’ombre c. du filet qui eft du côté du Chafleur ,• afin de ne pas effrayer le
Papillon. Cet Infeâe a la vue excellente, & l’ombre lui fait beaucoup
d’impreflion. Il faut par conféquent que le Chafleur évite de la lui laiffer
appercevoir, s’il ne veut pas manquer fa proie. Il faut aufli qu’il prenne le
Papillon par derrière, à moins que la difpofition de l’ombre ne l’en empêche
abfolument.
S’il arrivoit qu’on l’eût manqué, il faut relier immobile fans le pourfuivre.
Souvent après s’être élevé à une certaine hauteur, il revient fe pofer au
■ même endroit d’ôû il eft parti ; quelquesfois fur le filet ou même fur le
Chafleur, tels que le Vulcain, la Belle-Dame, le Mars , & c. ; mais li l’on
court après , il s’en apperçoit & prend la fuite. A l’égard des Papillons de
nuit, il faut s’appliquer à les faifir auflitôt qu’on les a apperçu. Si on les
manque, ils s’éloignent beaucoup, & vont fe cacher de maniéré qu’il eft
difficile de les. retrouver.
Quand le Papillon eft pofé fur une plante, ou fur quelqu’autre corps qui
empêcherait le filet Fig. 1 1. ou 23. de fe fermer exaâement, il faut
s’approcher de lui à une diftance convenable pour le prendre , c’eft-à-dire ,
environ à un pied, frapper légèrement la terre avec la tranche du filet tout
ouvert, & diriger fon rebond de maniéré à faifir le Papillon au moment oit
il s’envole. Ce mouvement doit être prefte, fans cela la proie échapperoit.
Quoique cette manoeuvre ne fait pas difficile en elle-même, elle exige
-cependant quelqu’ufage.
L e Papillon étant pris, on l’arrête dans le filet, en lui appuyant un
doigt fur le dos ou fur le ventre, fuivant fa pofition. Enfuite on lui donne
un coup léger fur la tê te , en prenant garde de ne la pas mutiler. S’il n’eft
pas affez étourdi, il faut avec la Bruxelle de fer Fig. 2. lui preffer le
corcelet & l’eftomach parle travers fans l’écrafer. Si on ne peut le tuer de
cette maniéré, on l’affoiblit au moins ; il ne peut plus fe débattre vivement,
& fecouer la pouffiere de fes ailes, ce qui altérerait fa fraîcheur & l’éclat
de fes. couleurs.
S il arrivoit qu’en fermant le filet on eût ramaffé quelques corps qui
1 empêchât de fermer exaûement, il faudrait, fans le changer de place , en
■ faifir les raquettes, étourdir le Papillon, & le piquer fur le champ. Des
Bruxelles de fer feroient fbuvent de reffource dans- cette oceafion, mais il
faudroit en avoir dont les lames fuffent affez étroites pour pouvoir en
introduire une entre les mailles du filet fous le corcelet du Papillon, & preffer
le deffus avec celle qui réitérait au-dehors, de façon à 1 étourdir fuffifamment
pour le piquer. Cet inftrument fera fur-tout néceffaire, lorfqu on aura
■ ■ recouvert un Papillon au filet fimple fur une terre molle ou fangeufe. L ’on
chercherait en vain alors à l’étourdir en lui donnant un coup fur la tête. On
ne ferait que le gâter en 1 enfonçant dans' la boue.
L ’aiguille doit être piquée de façon que traverfant le corcelet par fon
milieu , la pointe forte entre la jon&ion des pattes, quil faut bien prendio
garde de caffer. Enfuite on fort le Papillon du filet, & on le pique dans
une boîte, en obfervant, s’il y en a plufieurs, de les y difpofer de façon
qu’ils foient allez féparés les uns. des autres pour ne pas fe toucher ( 1).
Cette maniéré d’arranger les Papillons après quils font pris, eft indiquée,-
pour ceux qui font grands & forts ; mais les petits exigent d’autres moyens
pour les conferver frais. On ne pourrait les développer , s ils étoient
deffechés. Ainfi après les avoir étourdis par un coup léger fur la tê te, il ne
faut pas les attacher par le corcelet, mais par la partie poftérieure du corps,
qu’on nomme le ventre. Ils meurent plus-lentement, 1 humidité s entretient,
& leur foibleffe les empêchant de fe débattre, ils confervent leur luftre. Si
on les tuoit tout de fuite, ils fe deffécheroient trop, & perdraient de leur
flexibilité.
Si l’Amateur n’avoit pas le temps de les développer le même Jour, ou que
cette opération lui parût trop difficile à la lumière, il la différera, fans
inconvénient, au lendemain, en enveloppant la boîte avec un- linge humide ,
& la mettant à la cave. Alors ils fe confervent très-bien dans l’état propre à
les développer.
Quant aux petites Phalènes ou Papillons de nuit, elles font communément
tranquilles fous quelques feuilles d’arbres ou de fleurs-, ou collées contre
( 1 ) U y a des Chaffeurs qui'attachent leurs prifes à leur chapeau, mais le vent, la pluie les tourmentent
& les altèrent. D’ailleurs, S les épingles fe détachent ou que l’on s’attrappe à- quelques branches, o»
perd le fruit de fa chaffe.