
s io I N S T R U C T I O N SUR LA CHÂS SE
y pénétrent plus aifément ; & s’ils viennent à prendre quelqu’humidité, ils
fe déforment.
Si l’on s’apperçoit que l’on ait enfermé dans un petit cadre quelqu’Infeâe
deftruâeur, il faut expofer le cadre devant le feu ou fur un poêle qui, fans
être très-chaud, le foit affez pour échauffer le verre & faire mourir l’Infeâe.
Le principal avantage des petits cadres fur les grands, c’eft qu’étant plus
hermétiquement fermés , ils ont moins à craindre des Infeâes deftruâeurs,
& que quand même il s’en .trouverait un dans un cadre , il ne détruirait que
l’efpéce qui y feroit renfermée ; au lieu que s’il s’en glifTe dans ,un grand
cadrç , ,& que l’on ne s’en apperçoive pas, il détruit en peu de temps des
richeffes fouvent amaffées avec peine.
Dans les grands cadres, on fixe les Papillons par l’aiguille qui les
traverfe ; mais dans les petits, comme le fond eft de verre , il faut les
attacher avec de la gomme arabique mélangée avec égale quantité de coton
réduit en pouffiere. Ce moyen empêche que la gomme ne s’écaille,' & ce
corps étranger qui y eft mêlé, fuffit pour que le Papillon ne fe détache pas
dans les temps humides qui pénétrent la gomme. Si on vouloit les détacher t
il faudrait expofer le cadre ouvert à la vapeur de l’eau chaude.
On réunit autant qu’on le peut dans les petits cadres le deflus & le deffous
de chaque efpéce ; on fépare les mMes, les femelles & leurs variétés. Cet
arrangement donne la facilité de les placer dans leur ordre. On écrit fur la
bordure le nom du Papillon, & fi l’on veut y ajouter le numéro fous lequel
il eft compris dans notre Ouvrage, ( le feul qui raffemble tous les Papillons
d’Europe connus ) on pourra lorfqu’on voudra lire fa defcription, la trouver
fur le champ au renvoi du numéro, & cet ordre difpenfera de faire un
Catalogue. L’ouvrage même en fervira.
Plufieurs Papillons perdent de leur éclat & de leur beauté quand ils font
frappés du foleil : ils s’altèrent même à un trop grand jour. Ceux qui ont des
couleurs rougçs ou vertes , font particulièrement dans ce cas. Audi en
Allemagne & en Hollande les Amateurs ont leurs Colleâions bien fermées
dans des tiroirs, & s’ils les expofent contre les murs de leurs Cabinets, c’eft
toujours avec la précaution d’un rideau qui les couvre & les préferve.
Il y a beaucoup d’Amateurs, fur-tout à Francfort fur le Mein, qui. pour
garantir leurs Papillon? des ïnfe'âes deftruâeurs , en endujfent Je corps
d’arfenic,
d’arfenic. Ce moyen lés préferve effeâivement, mais il eft trop fujet à des
.conféquences pour ofer le confeiller.-
Il eft à defirer qu’on en puiffe trouver de moins dangereux pour aflurèr la'
'confervation de tous les Animaux- que les Curieux raflemblent dans leurs-
Cabinets. Plufieurs perfonnes ont prétendu en avoir découvert ; mais M. M.
'd’Aubenton, occupés avec tant de zèle de l’Hiftoire naturelle & de tout ce
qui peut intérefler le Cabinet du Roi , conviennent qu’aucun dès' procédés
qui leur avoient été annoncés comme certains, n’ont pu réflfter à leurs-
expériences.
Ce que nous venons de dire au fujet des’Papillon?, peut en très-grande
partie fervir pour tous les Infeâes, & faciliter aux Curieux les moyens de‘
raffembler dans leurs Cabinets différentes efpéces de colleâions également
intéreffantes.
Nous fouhaitons que tous ces- détails fuffifent pour mettre les Àmâteurs:
'en état de fuivre leur goût, d’enrichir leurs colleâions , & d’y ajouter un
nouvel agrément. Plufieurs-, faute de connoître des procédés ttès-fimples
.voyent fe détruire les Individus qu’ils ont amaffés , ou ne jouiffent que d’une
partie de leur beauté. En s’exerçant' fuivant les méthodes que nous venons-
d’indiquer, ils en découvriront peut-être encore de meilleures, & perfeâion--
ïieront nos inftrudions. Nous fommes les premiers qui ayent écrit fur cette
matière, & nous efperons que l’on nous fçanra gré de- notre, zèle.