
toujours les, deux pattes poftérieures. Cette variété a engagé plufieurs Auteurs
à faire deux claffes des Chenilles à 14 pattes.
Celles de la troifiéme claffe, après les pattes écailleufes fur les trois premiers
anneaux, ont les 4 , y , 6 & 7e. anneaux, nuds fit fans pattes : les 8 & 9e. anneaux
portent les 4 pattes intermédiaires: les 10 & n e. font nuds, & les pattes
poftérieures font au dernier anneau. Le grand efpace qui fe trouve entre les
.pattes écailleufes & les pattes intermédiaires, oblige cette clafle de Chenilles
à marcher d’une maniéré particuliere, & toute différente de celles à 16 & 14
pattes, qui marchent en attirant leurs anneaux'fuccellivement les uns après les
autres ; ce qui forme un mouvement: progreffif, qu’on appelle vermiculaire. Les
Chenilles à 12 pattes, au contraire, après avoir cramponné les fix pattes écailleufes,
attirent auprès d’elles tout le corps, avec toutes les pattes intermédiaires &
poftérieures. Les premières pattes intermédiaires, pofées contre les dernieres
pattes écailleufes, obligent les anneaux fans pattes à fe plier, & à former en
deffus une efpéce de boucle relevée : alors la partie poftérieure étant cramponnée
contre les pattes écailleufes, les Chenilles dégagent celles-ci, déployent leurs
corps, l’allongent & portent la tête en avant aulfl loin qu’elles peuvent atteindre :
en répétant toujours la même mançeuyre, elles marchent avéc beaucoup plus
de viteffe que lés précédentes. Cette maniéré de marcher leur a fait donner le
nom de Géomètres ou Arpenteufes, en ce qu’elles paroiffent mefurér le chemin
qu’elles parcourent.
Ces Arpenteufes à 12 pattes font communément affez groffes : mais il en efi
de plus petites qu’on nomme auffi Arpenteufes, qui n’ont que 10 pattes. D ’abord
les fix pattes écailleufes fiir les trois premiers anneaux ; les 4 , y , 6 , 7 ôc
8e. anneaux font fans pattes : le 10e. feulement porte deux pattes intermédiaires,
le 11e. n’en a pas,. & le 12e. enfin a les deux pattes poftérieures. Ces Chenilles
conftituent la 4e. clafle ; elles marchent comme celles de la 3e., excepté que leurs
pas font plus allongés, n’ayant que deux pattes interrpédiaires. Ces petites
Arpenteufes ont une fingularité affez remarquable : la partie de’ leur corps
dégarnie de pattes eft cylindrique, & à peu près de couleur de bois. Elles
ont affez de force pour tenir leur corps droit, roide & en l’air, foutenu par
leurs pattes poftérieures, qu’elles cramponnent à l’arbre : elles relient fouyent
immobiles dans cette fituation, pendant un temps confidérable, enforte qu’on
les prendrait pour des petites branches ; ce qui les rend très-difficiles à diflinguer,
quoiqu’on les ait fous les yeux. Il en eft même qui, quoique mortes, relient
dans cet état.
Enfin celles de la cinquième claffe font encore des Arpenteufes qui n’ont que
8 pattes : les 6 écailleufes fur les trois premiers anneaux, & les deux poftérieures
fur le dernier. Tous les autres anneaux n’en ont point. Ces Chenilles font les
plus petites de toutes. Elles appartiennent communément aux Teignes. Comme
elles fe logent ordinairement dans des foureaux qu’elles fabriquent, elles n’ont
pas befoin de pattes intermédiaires pour avancer ou reculer. ILne leur faut que
les pattes antérieures & poftérieures, pofées aux extrémités de leur fourreau ;
les intermédiaires les gêneraient.
Ces cinq claffes différentes peuvent affurément contribuer à faire diflinguer
les genres & les efpéces des Chenilles : mais il s’en faut de beaucoup qu’il en
réfulte une uniformité, qui fourniffe des Infeûes parfaits du même genre. Des
Papillons de la même famille, & qui paroiffent avoir les mêmes caraûères,
doivent quelquefois leur origine à des Chenilles, qui varient par le nombre &
la pofition des pattes. Il n’eft donc pas polfible de déterminer le genre d’Infefle
parfait que produira une Chenille. ■ Ainfi toutes les généralités & les claffes
méthodiques , dont beaucoup d’Auteurs paroiffent fi jaloux , fouffrent des
exceptions confidérables, fit ne font point une régie dont on ne puiffe s’écarter
fans inconvénient. C ’eft pourquoi, fans prétendre les blâmer, ■ puifque c’ell à
leurs travaux que nous devons les principales connoiffances, que nous avons des
Infeftes, nous ne fuivrons point ces méthodes à la lettre : elles nous feraient
des entraves continuelles, & rendraient cet Ouvrage moins intéreffant.
Lorfque les Chenilles font éclofes , elles fe nourriffent de la plante fur laquelle
elles fé trouvent. L ’on croit communément que chaque femelle de Papillon ne
dépofe jamais fes oeufs, que fur une plante particulière qui convient à fon elpéce,
& jamais fur une autre : cependant, à l’exception de deux ou trois efpéces de
Chenilles, qu’on ne trouve jamais ailleurs que fur l’ortie, le mûrier, & peut-être
quelques autres plantes en petit nombre ; toutes les autres font moins difficiles
fur le choix des alimens, puifqu’on en trouve prefque de tous les genres fur