
Comme il eft plufieurs èfpéces de Chenilles qui fe retirent dans la terre
après quelles ont mangé, foit pour dormir ou pour faire la digeftion (a)., on
aura auffi l’attention de mettre dans le fond de leur vafe de la terre fine, fans
grumeaux & un peu humectée ; cette précaution étant néceflaire pour leur
accroilfement : ç’eft pourquoi l’ufage des pots de terre pour renfermer les
Chenilles, me paroît préférable à celui des autres vafes ; d’ailleurs la nourriture
s’y conferve plus fraîche que dans le bois, le carton ou le verre. On conçoit
aifément que cette précaution eft abfolument inutile pour les Chenilles qui ne
fe retirent pas dans la terre.
Il faut nettoyer les vafes dans lefquels font les Chenilles, au moins tous
les trois jours, & même plus fouvent lorfqu’il y en a beaucoup enfemble.
Sans cela leurs excremens qui fe moififlent exhalent des vapeurs qui les fuflbquent,
& les-font périr. C’eft pourquoi l’on ne fçauroit trop confeiller la propreté.
Il faut prendre garde de ne point lailfer tomber de tabac fut ces petits Animaiix :
ils en feroient empoilbnnés.
Lorfqu’on nettoye les Chenilles, ou que l’on change leur nourriture, il y>
en a beaucoup, fur-tout quand elles font encore pétites, qui fe crçmponent
d’une maniéré fi tenace aux petites branches ou nervures des feuilles quelles
ont rongées, qu’il feroit difficile de les en retirer fans les déchirer ou les écrafer.
On fe fervira alors, comme nous l’avons d?jà dit, d’une barbe dé plume pour
les détacher. En les chatouillant avec, elles quittent ce qu elles tiennent, &
donnent la facilité d’introduire la plume fous leurs pattes. Mais il faut avoir
rarement recours à ce moyen, fur-tout pour les Chenilles Mes & à tubercules
parce que la goutte de liqueur quelles rendent par la bouche auflitôt qu’on
les touche, pourrait les épuifer fi cela arrivoit trop fouvent ; ce qui les empêcherait
de prendre l’accroiflement fuffifant pour produire leur Papillon. Àinfi, fi
elles ont befoin d’être nettoyées, il faut feulement mettre des feuilles fraîches
fur les anciennes ; la faim faura bien les leur faire trouver, & lorfqu’elles ÿ
feront attachées, on enlevera les vieilles feuilles fans les déranger.
Il eft des efpéces qui mettent beaucoup plus de temps à changer de peau
( a ) Reaamur, tome I , Mémoire I I , page 9 8 , &c. Cet Auteur a employé avec fuccès des cloches
de verre pour élever des lnfedes. Voyez Mémoire I , pages 4c & 4S.
que les autres, &. même qui après en avoir changé, relient immobiles pendant
un jour au moins; foit que cette opération, qui doit être très-laboriêufe pour
un fi petit Animal, les ait fatigué, foit que leurs mâchoires, qui fe font dépouillées
comme le relié du corps, foient trop tendres & trop fenfibles pour couper les
feuilles. Il faut alors les lailfer en repos, & fe contenter de mettre de la
nourriture fraîche à leur portée. Elles y- auront recours lorfqu’elles en auront
hefoin, & qu’elles fe feront allez fortifiées.
Auflitôt que les Chenilles ont acquis leur entier accroilfement, elles abandonnent.
la nourriture. Les unes parcourent l’enceinte de leur demeure pendant deux
ou trois jours de fuite, & quelquefois davantage, pour chercher un endroit
commode à leur métamorphofe. Il faut les lailfer faire fans les interrompre.
D autres après.avoir quitté les plantes, relient immobiles quelque temps, avant
de travailler à leur métamorphofe en Crifalide'. Il ne faut pas les remuer :
le moindre dérangement leur feroit nuifible, & pourroit les faire périr, fur-
tout celles qui doivent fe filer un cocon. Comme il en eft plufieurs efpéces
dont le cocon ne confilte que dans un tapis de foie fort léger & peü fourni ;
fi elles étoient troublées dans cette opération, la fatigue que cela leur occafion-
neroit les empêcheroit de recommencer : réduites à aller & venir, elles
perdraient leurs forces , & relieraient enfin étendues par terre où elles
expireraient avant de parvenir à l’état de Crifalide parfaite.
Comme l’on peut rencontrer beaucoup d’efpéces qui n’ont jamais été peintes
ni décrites par aucuns Auteursj fi l’on remarque quelles fe nourrilfent de
plantes tendres & qui s’élèvent peu fur la fuperficie de la terre , on doit
préfumer quelles fe retirent en terre. Pour lors on aura foin d’en entretenir
dans les pots, comme il a été dit plus haut; & dans l’incertitude", fi elles
doivent fe filer des cocons, ou de Amples tapis de foie, Comme font prefque
toutes celles qui donnent des Papillons de nuit qu’on appelle Phâlenes , on
aura la précaution de mettre dans les vafes où elles font renfermées, des petites
branches de bois, afin qu’elles trouvent à leur portée de quoi attacher leurs
fils & fe placer commodément pour fe métamorphofer en Crifalides.
Celles qu’on connoît pour appartenir aux Papillons de jour n’ont pas befoin
de ces petites branches ; elles leur feroient même incommodes. Lorfqu’elles