
ment n’offre aux yeux qu’une attitude forcée, & non le vrai port d’aile de
ces Individus lorfqu’ils font tranquilles : que ce port d’aile eft effentiel pour
pouvoir les claffer & établir entr’eux un certain ordre. On convient que
plufieurs n’ont pas cette attitude lorfqu’ils font en repos, mais ils la prennent
en volant, & cette raifon ajoutée aux avantages que nous venons de dire,
doit fuffire pour autorifer notre méthode. D ’ailleurs ceux qui délireront les
préfenter fous d’autres attitudes, pourront par les mêmes moyens que nous
avons indiqués, leur donner celles qu’ils aimeront le mieux.
■ Quelque foit -la forme qu on leur ait fait prendre , trois jours fuffifent
ordinairement pour les y fixer. On les ôte enlùite de deffus la planchette.
L ’aiguille qui les y attachoit ayant été graiffée, on l’en retire aifément en
en pofant la pointe fur'quelque chofe de folide, ôc appuyant fur le corps du
Papillon un compas ou des cifeaux entrouverts, avec lefquels on le fait
gliffer jufqu’en bas.
; Pour tranfporter les Papillons, quelques perfonnes les mettent chacun
féparément dans un papier ployé en deux plus grand que l’Individu, collent
les côtés du papier lùr lés bords, les arrangent les uns fur les autres dans
des boîtes, -& les font ainfi voyager fans aucun rifqüe ; fur-tout fi ces boîtes
font remplies avec de l’étoupe ou du coton, de manière que n’y ayant point
de vuide les Papillons ne«ballotent point. D ’autres les envoyent fixés à des
épingles ou aiguilles piqués bien folidement au fond & au couvercle de la
boîte. Ce moyen à la vérité plus volumineux, réufïit très-bien , & nous le
préférons.
Ceux qui forment des Colle£Hons de Papillons, ont des maniérés différentes
dé les arranger dans'leurs cabinets ; les uns en font de grands tableaux dans
lefquels ils réunifient beaucoup d’efpéces , dont l’affemblage forme un tout
agréable à la vue. D ’autres ' féparent chaque efpéce dans autant'de petits
cadres, dont la profondeur & la longueur font proportionnées à la groffeur
du corps & à l’étendue des ailes de l’Individu, mais dont la hauteur eft
égale, afin que rapprochés lés uns des autres fur des petites tablettes difpofées
le long des murs, ils ne forment qu’un tout. Cette réunion forme l’enfemble
le plus agréable ; il plaît aux Amateurs comme à ceux qui ne le font pas, ôc
l ’on ne peut fè défendre d’un moment de furprife au premier coup d’oeil
qu’offre cettç diveriité de couleurs ôc de deffeins. Cet arrangement a été
adopté dans le Cabinet du Roi à Paris .; il eft fuivi dans celui de S. A. S.
Monfeigneur le Prince de Condé à Chantilly. C ’eft aufli celui de l’Amateur,
dans la Colleûion duquel nous avons puifé beaucoup de nos modèles, St
trouvé une grande partie des efpéces rares, dont les portraits font raffemblés
dans cet Ouvrage.
Pour mettre les Curieux à portée de choifir entre les grands St les petits
cadres pour conferver leurs Papillons, nous allons détailler la meilleure
conftruftiqn des uns ôc des autres, avec leurs avantages. & leurs inconvéniens.
Les grands doivent être faits en formé de boîtes de i j à 1 8 pouces de
long fur 12 à 1 5 de large ôc i 2 à x j lignes de profondeur. On en recouvre
le fond d’une planche de liège de deux, trois ou quatre lignes d’épaiffeur que
l ’on y affujettit. Si l ’on ne pouvoit pas aifément fe procurer du liège , on fô
contenterait de faire ce fond en tilleul. Les aiguilles y entreront facilement,
pourvu que l’on évite d’employer le coeur du bois. On ferme ces boîtes
avec un verre, dont on fait entrer le cadre dans une rainure pratiquée dans
l ’épaiffeur du bois fur les côtés les plus longs,. lefquels pour cet effet doivent
être un peu épais. Cette maniéré de les fermer à couliffes procure le double
avantage de laiffer peu de paffage à l’air ôc de pouvoir aifément ouvrir la
boîte, foit pour la nettoyer des Infeâes deftruâeurs qui s’y feraient Introduits
ou y feraient éclos.d’oeufs dépofés fuf les Papillons, comme cela arrive
quelquefois ; foit pour changer ou renouveller des elpéces qui fe feraient
altérées. Les petits cadres ne donnent pas la même facilité, mais. ils ont
d’autres avantages qui furpaffent celui-là.
Nous, avons déjà dit que leur épaiflëur ôc leur longueur dépendoient de là
grandeur des Individus que l'on y renfermoit. Quant à leur hauteur, trois
pouces fuffifent pour les plus grands Papillons d’Europe. Ces cadres fe font
à deux verres pour laiffer voir le Papillon des deux côtés. Les chaffis en font
formés avec des tringles de bois de deux à trois lignes d’épaiffeur, que l’on
joint avec de la colle forte ou que l’on affemble à queue d’aronde pour plus
de folidité. On y pratique des feuilleures pour recevoir les verres. Celui de
deffous eft maftiqué três-exa£tement. Celui de deffus peut l’être aufli, mais il
fiiffit qu’il foit collé de deux papiers l ’un fur l’autre que l’on enduit de vernis,
ainfi que le tour du cadre , pour conferver le bois.
Quelques perfonnes ferment ces chaffis avec du carton, mais les-Mittes